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Le bien-être des animaux au Salon International de l’Agriculture
Nous vous proposons deux interviews afin de mettre en lumière la façon dont le Salon International de l’Agriculture (SIA) prend en compte le bien-être des animaux : une de Paul Perie, vétérinaire référent du SIA, une autre de François Gary, un des associés gérant de la société de conseil Phylum, qui accompagne et conseille le SIA en matière de bien-être animal.
Interview de Paul Perie, vétérinaire référent du SIA
Pour prendre soin des animaux présents au Salon International de l’Agriculture (SIA), une équipe d’une quinzaine de vétérinaires s’est relayée au quotidien. Nous avons eu l’occasion d’interviewer Paul Perie, vétérinaire référent au SIA, qui évoque avec nous les mesures prises pour préserver le bien-être des animaux ainsi que les axes d’amélioration possibles. Nous avons également eu l’occasion de suivre le vétérinaire Vincent Bertrand sur deux interventions sur des bovins.
Au programme :
- 0:16 : Pouvez-vous vous présenter ?
- 0:40 : Sur quels animaux intervenez-vous ?
- 1:05 : Quelles sont vos missions au sein du Salon International de l’Agriculture ?
- 1:38 : Pourquoi un contrôle particulier pour les concours laitiers ?
- 2:32 : Qu’a mis en place le Salon pour le bien-être des animaux ?
- 3:19 : Le Salon est-il un moment stressant pour les animaux ?
- 4:54 : Quelques interventions de vétérinaire : un peu de fièvre…
- 5:36 : Quelques interventions de vétérinaire : un pis bien rempli
Interview de François Gary, un des associé gérant de Phylum

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre organisme ?
Je suis François Gary, un des associés gérant de Phylum. C’est une société de conseil en stratégie et organisation dans les filières animales. Le développement des politiques de gestion du Bien-Etre Animal (BEA) est un des axes importants de l’entreprise.
Quel est le rôle de Phylum dans le cadre du Salon International de l’Agriculture ?
Depuis l’arrêté du 16 février 2021, toute ferme doit avoir un référent bien-être animal. C’est un peu ce rôle que l’on joue. Il commence dès la fin du salon précédent pour préparer la prochaine session, adapter la charte de bonnes pratiques du BEA, proposer les évolutions organisationnelles et les investissements opportuns qui pourraient améliorer le BEA. Mais, le BEA est l’affaire de tous les acteurs du SIA. C’est pour cela que je travaille avec un comité d’éthique et de BEA composé de la direction du SIA, du commissaire général du Concours Général Agricole et du représentant de Races de France qui représente les éleveurs. Bien évidemment, je travaille aussi avec tous les commissaires en charge des différentes espèces, les éleveurs référents de race et les vétérinaires praticiens qui prodiguent les soins pendant le salon. Je suis un facilitateur et coordonnateur, un peu comme un responsable qualité dans une entreprise.
Pouvez-vous nous dire qu’elles ont été les mesures mises en place pour l’amélioration du bien-être animal ces dernières années ?
Il y en a beaucoup et ce ne sont pas forcément les plus visibles qui ont le plus d’effet. La principale évolution est sans doute la prise de conscience de l’importance du BEA par tous les acteurs avec une attention au quotidien des détails qui assurent le bien-être des animaux. C’est une dimension intégrée tous les jours dans les décisions à prendre pour respecter au mieux le bien-être des animaux. A titre d’exemple, d’importants progrès ont été réalisés dans l’organisation de la rotation des animaux au milieu du salon (250 animaux partent et rentrent à ce moment-là) pour diminuer le stress des animaux, et des éleveurs, à leur arrivée par une meilleure organisation des circuits de circulation. Cette année, la signalétique a été améliorée pour que le public soit aussi informé de l’importance de respecter le bien-être des animaux, lors de leurs visites.
Cette année, qu’a proposé Phylum pour améliorer le bien-être des animaux au moment du Salon ?
Nous sommes dans un processus d’amélioration continu. Nous aurons une réunion en avril après avoir exploité tous les indicateurs de BEA pour tirer les leçons du SIA 2023 et proposer les possibles améliorations pour 2024. Il faudra ensuite en discuter avec les différents acteurs dont les éleveurs pour prioriser les mesures qui seront introduites en 2024.
Quelles sont les points qui pourraient encore être améliorés ?
Vous me permettrez de laisser la primeur de mes recommandations, qui ne sont pas encore finalisées, à la direction et aux acteurs clés du salon.
Des protocoles sont-ils mis en place pour évaluer le bien-être des animaux au moment du Salon ?
Effectivement, nous suivons différents indicateurs de bien-être animal, qu’il s’agisse de paramètres d’ambiance : température, humidité, bruit, luminosité, que des indicateurs sur les animaux pour vérifier que le bien-être des animaux est bien assuré. Nous exploitons en fin de salon les données du registre de soins pour faire un bilan des pathologies. Combinés aux facteurs d’ambiance, cela peut nous donner des renseignements clés pour mieux gérer le bâtiment. Enfin, nous attachons une grande importance à toutes les insuffisances en matière de BEA qui sont signalées et enregistrées pendant tout le salon. On s’inscrit bien dans un système de management du BEA comme le décrit la norme ISO TS 34700.
Décryptage de la proposition de loi visant à interdire les colliers électriques et étrangleurs

Le 16 janvier 2023, les députés ont adopté à la quasi-unanimité (111 voix pour, 5 contre, 6 abstentions) une proposition de loi visant à interdire les colliers électriques et les colliers étrangleurs. Pour cette proposition de loi, la procédure de législation en commission a été engagée. Cela signifie que le droit d’amendement (c’est-à-dire le droit de modifier le texte) ne peut s’exercer qu’en commission. La séance plénière (avec tous les députés) est alors réservée au vote du texte dans son ensemble sans possibilité de le modifier dans les détails. Cela permet entre autres d’accélérer la procédure.
Après l’adoption de la proposition par l’Assemblée nationale, le Sénat doit encore se prononcer pour qu’elle soit définitivement adoptée. Nous vous proposons cependant d’ores-et-déjà un décryptage du texte. En bonus, vous pourrez également lire une interview de la Fondation Brigitte Bardot qui a largement appuyé cette proposition et qui mène une campagne pour son adoption définitive.
Cette proposition de loi vient s’inscrire dans la continuité d’avis scientifiques qui ont entériné l’impact potentiellement négatif des colliers électriques et étrangleurs sur le bien-être des chiens[1]. Alors, si vous souhaitez savoir ce que sont précisément les colliers électriques et étrangleurs, mais aussi connaître les raisons pour lesquelles ils sont utilisés ainsi que leurs impacts négatifs potentiels, n’hésitez pas à consulter notre article sur le sujet :
Que dit le texte de la proposition de loi ?
Le texte adopté par l’Assemblée nationale prévoit :
- L’interdiction de l’utilisation sur un chien ou un chat de « tout dispositif à décharge électrique, étrangleur sans boucle d’arrêt ou dont les pointes sont tournées vers le corps de l’animal ». Tout manquement sera passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 750 euros pour les personnes physiques et 3750 euros en cas de récidive ou pour les personnes morales (professionnels, associations, etc.).
- L’interdiction de la vente et de la cession gratuite de tels colliers, ainsi que de toute annonce ou publicité portant sur l’un de ces dispositifs. Cela signifie qu’un éducateur, un vétérinaire, une association de protection animale ou tout autre professionnel ne pourra plus en faire la promotion auprès des propriétaires d’animaux. Tout manquement sera passible d’une amende de 3000 euros pour les personnes physiques et 15 000 euros pour les personnes morales.
Le texte prévoit toutefois des dérogations. Ainsi ces interdictions ne s’appliqueront pas :
- Aux services et unités des armées utilisateurs de chiens,
- Aux opérations de capture d’animaux dangereux et errants.
Pour résumer :

Où en était la législation française sur la question des colliers électriques et étrangleurs ?
Si jusqu’ici la législation française n’interdisait pas spécifiquement l’usage de colliers électriques ou étrangleurs, elle comportait déjà plusieurs dispositions relatives à l’éducation des animaux de compagnie.
Tout d’abord, la France est signataire de la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie qu’elle a ratifiée en 2003. Ainsi, le décret du 11 mai 2004 portant publication de cette convention, dispose dans son article 7 qu’« aucun animal de compagnie ne doit être dressé d’une façon qui porte préjudice à sa santé et à son bien‑être, notamment en le forçant à dépasser ses capacités ou sa force naturelles ou en utilisant des moyens artificiels qui provoquent des blessures ou d’inutiles douleurs, souffrances ou angoisses ».
Par ailleurs, l’article R214-17 du Code rural interdit « d’utiliser, sauf en cas de nécessité absolue, des dispositifs d’attache ou de contention ainsi que de clôtures de nature à provoquer sur l’animal des blessures ou des souffrancesv».
Enfin, l’annexe 2 de l’arrêté du 3 avril 2014 repris par l’article R214-24 du Code rural dispose que « l’exercice des activités d’éducation et de dressage d’un animal de compagnie dans des conditions de nature à lui infliger des blessures ou des souffrances inutiles est interdit. ».
Aujourd’hui, la loi tend donc déjà à interdire les dispositifs d’attache, de clôture ou plus globalement d’éducation à l’origine de blessures, souffrances, voire d’angoisses pour l’animal de compagnie sauf en cas de nécessité absolue (article R214-17 du Code rural), voire d’utilité (décret du 11 mai 2004 et article R214-24). Si on peut se demander ce qui est entendu par « nécessité absolue » et « utilité », la question de la souffrance potentielle induite par les colliers électriques et étrangleurs sur les chiens est également à soulever (et on vous renvoie une nouvelle fois vers notre article dédié pour en savoir plus). On peut en tout cas souligner que, jusqu’ici, les colliers électriques et étrangleurs ne semblaient pas être considérés, du point de vue légal et dans une utilisation régulière, comme des dispositifs susceptibles d’occasionner des blessures, souffrances ou angoisses inutiles. On comprend ainsi l’intérêt de la présente proposition d’interdiction qui clarifie aux yeux de la loi la portée maltraitante de ces dispositifs.
Interview de Lorène Jacquet de la Fondation Brigitte Bardot (FBB)

Pour compléter notre décryptage, nous avons interviewé Lorène Jacquet, chargée de campagnes et plaidoyer à la Fondation Brigitte Bardot qui milite pour l’adoption définitive de cette proposition
La FBB a largement appuyé cette proposition de loi : est-ce un combat qu’elle mène de longue date ?
La FBB a toujours milité contre les outils maltraitants utilisés pour l’éducation des animaux de compagnie mais n’avait jusqu’à présent pas lancé de campagne publique pour en demander l’interdiction formelle. Lorsque le groupe Agrobiothers a annoncé sa décision de cesser de commercialiser ces colliers en septembre dernier, nous étions convaincus que le contexte était propice au lancement d’une campagne pour sensibiliser le public et demander l’interdiction formelle de ces colliers en France. En effet, les conditions étaient réunies pour avancer sur cette question et il nous semblait qu’un texte en ce sens pourrait faire consensus, surtout après l’adoption de la loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale[2]. Le regard que la société porte sur les animaux a considérablement changé ces dernières décennies, ce qui a notamment provoqué une évolution positive et révélatrice des pratiques d’éducation canine, et permet aujourd’hui de proposer des alternatives fiables pour l’éducation et la rééducation de chiens, sans violence.
Êtes-vous satisfaits du texte dans sa présente rédaction ?
Oui, nous sommes satisfaits du texte, malgré les deux exceptions qui y ont été ajoutées, mais surtout de l’accueil extrêmement favorable qu’il a reçu au sein de l’Hémicycle. Tous les groupes parlementaires (sauf le Rassemblement National dont 5 membres ont voté contre) ont exprimé leur soutien et ont reconnu la nécessité de mettre un terme à la cession et à l’utilisation de ces outils. Cela montre une véritable prise de conscience concernant les méthodes d’éducation et laisse percevoir la perspective d’une nouvelle ère dans ce domaine. Le texte prévoit des sanctions importantes en cas de violation des interdictions, avec différents niveaux selon l’auteur des faits, ce qui est pertinent et nous semble suffisamment dissuasif pour permettre une bonne application de la loi. Les deux exceptions prévues – capture des animaux divagants et dangereux et chiens de l’armée – nous semblent relativement légitimes, même si nous espérons que cette loi fasse également évoluer de façon généralisée la formation des agents de capture afin d’aboutir à une utilisation restreinte de la perche de capture, sauf véritables cas de nécessité. Enfin, si nous pouvons comprendre que la défense nationale puisse prévaloir sur la protection animale, nous aimerions, dans un souci de transparence, avoir davantage de précisions sur l’utilisation de ces outils par l’armée qui explique cette dérogation spécifique.
Auriez-vous souhaité une interdiction étendue aux colliers à spray et à citronnelle (qui envoient un spray soit neutre à base de citronnelle au chien) ?
Nous privilégions l’adoption du texte sur son exhaustivité donc cet ajout ne nous semble pas opportun à l’heure actuelle. En effet, il nous semble que les conséquences physiques et psychiques des colliers à spray et à citronnelle ne sont pas encore suffisamment établies pour que leur interdiction obtienne le même soutien au Parlement que celle des colliers électriques, étrangleurs et à pointes pour lesquels les études scientifiques sont unanimes et nombreuses. Rien n’empêche cependant, et nous l’avons suggéré à Madame la députée Corinne Vignon, de demander au Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de mener une étude plus approfondie sur tous les outils d’éducation actuellement commercialisés, afin d’en connaître les risques et envisager une évolution réglementaire à ce sujet.
D’autres pratiques que vous souhaiteriez supprimer à l’avenir ?
Nous souhaiterons évidemment que l’ensemble des pratiques d’éducation causant des souffrances aux animaux de compagnie soient bannies, dans la mesure où il est démontré que la violence ne résout aucun trouble du comportement et que l’éducation positive permet d’obtenir des résultats durables plus intéressants que la coercition. Nous souhaiterions également que la réglementation concernant la détention des animaux soit révisée, afin de voir interdites certaines pratiques encore trop répandues, telles que par exemple le fait de maintenir un chien à l’attache, le faire vivre en permanence dans le jardin/en extérieur ou en chenil…
Pensez-vous que le texte sera adopté par le Sénat ?
Compte tenu des nombreuses études sur l’impact de ces colliers et du consensus scientifique au sujet de leur interdiction, nous pensons effectivement que cette proposition de loi sera accueillie favorablement par le Sénat, d’autant qu’elle vient s’inscrire dans la suite logique de la loi adoptée en 2021 pour lutter contre la maltraitance animale. La responsabilisation des détenteurs d’animaux est au cœur des discussions ainsi que la sensibilisation aux difficultés qu’ils peuvent rencontrer lors de l’accueil d’un animal. Notamment l’effort d’éducation canine et de prise en compte des besoins qui en découlent, sont des enjeux importants en matière de protection animale. Nous ne doutons pas que les sénateurs sauront apprécier le travail réalisé par Madame la députée Corinne Vignon lors de la première lecture du texte à l’Assemblée nationale et prendre en compte l’avis favorable des parties prenantes et des ministères concernés lors de l’examen du texte au Sénat.
[1] Par exemple l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC) a émis un avis motivé en novembre 2022 sur l’impact physique et psychique de l’utilisation des colliers dits de « dressage »
[2] Pour retrouver notre infographie de décryptage de la loi
La proportion de personnes adoptant des régimes sans viande est de plus en plus importante, VRAI ou FAUX ?
Faux, cette proportion évolue peu et reste peu importante dans la population française, ainsi que dans les autres pays. On observe toutefois une diminution constante de la consommation moyenne de viande en France.


Quels sont les différents régimes alimentaires ?
Avant de donner les différentes proportions, il convient de bien définir de ce dont on parle.
On distingue différents types de régimes alimentaires :
- Le régime omnivore qui définit des personnes qui mangent indifféremment des produits d’origine animale et des produits d’origine végétale.
- Le régime végétarien qui définit des personnes qui ne mangent pas de chair d’origine animale (viande, poisson) mais qui mangent du lait ou des œufs.
- Le régime pescétarien qui définit des personnes qui ne mangent pas de viande mais qui mangent du poisson ou des fruits de mer.
- Le régime végétalien qui définit des personnes qui ne mangent que des produits d’origine végétale. Ils ne mangent donc pas de viande, de poisson ou de fruits de mer mais également pas de produits laitiers, pas d’œufs, pas de miel.
- Le régime flexitarien qui définit des personnes ayant un régime omnivore mais qui tendent à limiter leur consommation de produits d’origine animale.
💡A savoir
Il n’existe pas de définition officielle du flexitarisme et le fait de se déclarer flexitarien est subjectif. Les personnes se déclarant flexitariennes peuvent avoir des régimes alimentaires différents, en mangeant régulièrement ou très occasionnellement de la viande.

Le choix du régime alimentaire est bien évidemment individuel et chacun est libre de choisir le régime qui lui convient en fonction de ses capacités financières, de ses convictions, de ses envies, etc. Pour autant, une meilleure prise en compte du bien-être des animaux d’élevage et la nécessité de lutter contre la crise climatique, impliquent une réduction des produits d’origine animal, tout en privilégiant des produits plus respectueux et produits localement. En effet, le dernier rapport du GIEC[1] rappelle qu’une alimentation faible en protéines animales est associée à moins de gaz à effet de serre.
Pour résumer :

Quelle est la proportion des différents types de régimes alimentaires dans la population française ?
Les données présentées ci-dessous proviennent de l’enquête IFOP réalisée pour FranceAgriMer du 30 septembre au 08 novembre 2020 auprès de 15000 personnes âgées de 15 à 70 ans et représentatives de la population française[2]. D’après cette étude :
- La proportion d’omnivores est la plus importante avec 74% des personnes interrogées, ce qui représente environ 33 millions de personnes si on ramène cette proportion à l’ensemble de la population française âgée de 15 à 70 ans (44.5 millions selon INSEE 2020).
- La proportion de flexitariens déclarés est de 24% des personnes interrogées, soit un peu plus de 10 millions de personnes.
- La proportion des personnes déclarant un régime alimentaire sans viande est relativement faible (2.2%), et la proportion de personnes ayant un régime végétalien l’est encore plus (0.3%). Ce qui correspond respectivement à un peu moins de 1 million de personnes et un peu plus de 100 000 personnes.

Une autre étude, réalisée par Statista en 2022, donne des proportions légèrement plus élevées avec 3% de végétariens et 3% de végans.
Il est intéressant de noter que la notion de flexitarisme est relative et permet vraisemblablement plus de mesurer une volonté de diminuer qu’une quantité réellement consommée.
En effet, d’après une enquête Ipsos réalisée pour Interbev en avril 2021[3] auprès de 1008 personnes de 18 ans et plus, 59% des personnes qui déclaraient connaitre la définition du flexitarisme définissaient un flexitarien comme « une personne qui mange de tout, y compris de la viande et du poisson en quantité raisonnable et en se souciant de leur mode de production » alors que 41% le définissaient comme « une personne qui suit un régime végétarien, mais s’autorise à manger de la viande et du poisson à certaines occasions (restaurants, repas de fête…) ».
Ainsi, 29% des flexitariens déclarent manger de la viande tous les jours alors que 11% des omnivores déclarent limiter leur consommation de viande et en consommer moins d’une fois par jour, donc moins que certains flexitariens[4].
💡Pour résumer
La proportion de Français déclarant un régime alimentaire sans viande reste minoritaire dans la population. Il est compris entre 2 et 6% selon les différentes études.
Et dans les autres pays ?
Les différentes études montrent que dans d’autres pays européens (Allemagne, Espagne, Royaume-Uni), la proportion de personnes déclarant un régime sans viande est également relativement faible.
Ainsi, une enquête du CREDOC (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) réalisée en 2018 pour FranceAgriMer et l’OCHA (Observatoire CNIEL des Habitudes Alimentaires)[5] indique que la proportion de personnes se déclarant végétariennes ou végétaliennes est de 5.6% pour l’Allemagne, 2.8% pour l’Espagne et 8% pour le Royaume-Uni.

Cette étude montre également une différence entre le pourcentage de personnes se déclarant végétariennes ou végétaliennes et la proportion de personnes déclarant ne jamais consommer de produits carnés, qui est plus faible. Cette différence de pourcentage entre la déclaration du régime alimentaire et l’acte de ne jamais manger de viande indique que les définitions ne sont peut-être pas toujours claires pour tous, ou alors que certaines personnes se déclarent « globalement » végétariennes ou végétaliennes, mais s’autorisent parfois quelques écarts à leur régime alimentaire.
A l’échelle mondiale, les proportions de végétaliens et de végétariens restent à peu près identiques entre les différents pays (entre 3 et 10%), sauf en Inde où 14% des personnes se déclarent végétaliens et 26% végétariens[6].

Quelle est l’évolution des régimes alimentaires et de la consommation de produits carnés ?
En 2016, 10% des Français déclaraient envisager de devenir végétariens, chiffre encore plus important en 2021 avec 32% qui se déclaraient (certainement ou probablement) prêt à arrêter de consommer de la viande[7]. Cependant, selon des sondages OpinionWay / Terra eco[8], le nombre de végétariens reste constant en France depuis 2012.
Pour autant, même si le nombre de végétariens n’augmente pas, on constate en France une diminution constante de la consommation globale de viande entre 1992 et 2018[9]. Ainsi, chaque Français mangeait en moyenne 105 Kgec[10]de viande par an en 1992 contre en moyenne 88 Kgec de viande par an en 2018, soit une diminution de 15% en un peu plus de 25 ans. Il faut toutefois noter que la consommation de viande de volaille est, aujourd’hui encore, en constante augmentation.

Une autre étude du CREDOC[11] confirme cette évolution avec une diminution de la quantité moyenne de produits carnés consommés par jour de 153 g à 135 g entre 2007 et 2016, et également une baisse du nombre de fois où de la viande est consommée avec une fréquence de 11.8 repas avec viande par semaine en 2007 et 10.1 en 2016. Cette évolution est plus marquée chez les ouvriers et chez les cadres que dans le reste de la population, mais vraisemblablement pour des raisons différentes.

Enfin, cette étude montre que les 18-24 ans sont les plus grands consommateurs de produits carnés avec 148 g en moyenne par jour[12], alors que dans le même temps, c’est dans cette tranche d’âge que l’on trouve la proportion de végétariens et de végétaliens la plus importante, avec 4 et 6% de déclarés en France[13].
Quelles sont les raisons d’un changement de régime alimentaire ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer un changement de régime alimentaire vers une moindre consommation de viande : économiques, éthiques, de santé, ou encore de goût.
Les végétariens et les végans ont adopté un régime sans viande principalement pour des raisons éthiques, et notamment relatives au bien-être des animaux.
Les flexitariens, quant à eux, ont diminué leur consommation de viande d’abord pour des raisons de santé, puis pour des raisons éthiques (bien-être animal et préservation de l’environnement). Le coût n’est pas une raison prioritaire de diminution de la consommation de viande pour ces deux populations, mais elle peut l’être pour certains omnivores[14].

Quelles perspectives pour les prochaines années ?
Difficile de répondre à la question des évolutions pour les années futures, mais il est probable que la consommation de viande continue de baisser, et ce quelles que soient les raisons invoquées (santé, finances, environnement, bien-être animal, etc.).
Le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a fait réaliser en 2017 une étude prospective sur les comportements alimentaires à horizon 2025[15] et a produit 16 fiches « tendances et impacts ». La fiche consacrée à la consommation de protéines animales[16] anticipe que la consommation de protéines animales va continuer de diminuer en France, avec une augmentation du flexitarisme et une augmentation de la consommation de protéines végétales (légumineuses, céréales). Elle indique qu’a priori, la consommation d’insectes devrait rester anecdotique en France pour l’alimentation humaine[17]. Enfin, si la consommation de viande de synthèse est relativement médiatisée, elle n’est pour le moment pas autorisée en France et la production n’est pas encore industrialisée.
La tendance au flexitarisme se confirme dans des sondages plus récents. Selon une étude IFOP et Just Eat[18]réalisée en 2021, 65% des sondés songeaient à adopter un régime flexitarien. Cette tendance pourrait expliquer le développement récent d’une offre de produits végétariens ou végans, ce qui peut donner l’impression d’un nombre important de végétariens et végans stricts alors qu’ils sont au final peu nombreux au sein de la population. En effet, l’institut d’études économiques Xerfi estimait ainsi que le flexitarisme serait l’un des principaux moteurs du marché végétarien et végan avec un potentiel économique à 600 millions d’euros en 2025[19].
Pour résumer

[1] https://report.ipcc.ch/ar6/wg2/IPCC_AR6_WGII_FullReport.pdf
[2] https://www.franceagrimer.fr/Actualite/Etablissement/2021/VEGETARIENS-ET-FLEXITARIENS-EN-FRANCE-EN-2020
[3] https://www.interbev-pdl.fr/_medias/PDLO/documents/cpinterbevcampagnecomcollectivesaison2.pdf
[4] https://www.franceagrimer.fr/Actualite/Etablissement/2021/VEGETARIENS-ET-FLEXITARIENS-EN-FRANCE-EN-2020
[5]https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/62309/document/11_Synth%C3%A8se%20Panorama%20v%C3%A9g%C3%A9tarisme%20en%20Europe.pdf?version=1
[6] https://fr.statista.com/infographie/28645/pourcentage-de-personnes-qui-suivent-un-regime-vegan-ou-vegetarien-par-pays/
[7] http://harris-interactive.fr/wp-content/uploads/sites/6/2021/09/Rapport_Harris_-_Animaux_et_societe_Cetelem.pdf
[8] https://www.terraeco.net/Sondage-qui-sont-les-vegetariens,64594.html
[9] https://www.agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/Pri2004/Primeur%202020-4%20ConsoViande.pdf
[10] Kilogramme équivalent carcasse
[11] https://www.credoc.fr/publications/les-nouvelles-generations-transforment-la-consommation-de-viande
[12] https://www.credoc.fr/publications/les-nouvelles-generations-transforment-la-consommation-de-viande
[13] https://www.statista.com/forecasts/768475/vegetarianism-and-veganism-among-young-adults-in-selected-european-countries
[14] https://www.franceagrimer.fr/Actualite/Etablissement/2021/VEGETARIENS-ET-FLEXITARIENS-EN-FRANCE-EN-2020
[15] https://agriculture.gouv.fr/comportements-alimentaires-la-france-en-2025
[16] https://agriculture.gouv.fr/telecharger/84019
[17] Les insectes sont considérés comme des aliments depuis janvier 2018 dans la réglementation européenne. La France n’a toutefois pas encore autorisé la mise sur le marché des insectes comme aliments destinés à l’alimentation humaine.
[18] https://d200r6uh7skyrf.cloudfront.net/articles/57026/cp-datalicious-just-eat-2021-ok.pdf
[19] https://www.xerfi.com/blog/L-alimentation-vegetarienne-et-vegane-un-marche-en-voie-de-democratisation-_910