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Comment évaluer le bien-être animal ?

De nombreux acteurs ont la volonté d’améliorer le bien-être des animaux, que ce soit dans les élevages ou pour les animaux de compagnie. De plus en plus de consommateurs veulent également être informés sur le niveau de bien-être des animaux à l’origine des produits alimentaires qu’ils consomment.

Pour ce faire, une évaluation du bien-être d’un animal ou d’un ensemble d’animaux est un préalable nécessaire.

Mais comment évaluer le bien-être animal ? On vous en dit plus sur les modalités d’évaluation du bien-être animal.

à retenir

De nombreux acteurs ont la volonté d’améliorer le bien-être des animaux, que ce soit dans les élevages ou pour les animaux de compagnie. De plus en plus de consommateurs veulent être informés sur le niveau de bien-être des animaux à l’origine des produits alimentaires qu’ils consomment.

Pour ce faire, une évaluation du bien-être d’un animal ou d’un ensemble d’animaux est un préalable nécessaire.

Mais comment évaluer le bien-être animal ? On vous en dit plus sur les modalités d’évaluation du bien-être animal ? On vous en dit plus sur les modalités d’évaluation du bien-être animal.

Les différents contextes d’évaluation du bien-être des animaux

Cette évaluation peut se dérouler dans différents contextes :

  • Un éleveur qui souhaite un état des lieux du bien-être de ses animaux pour ensuite amorcer une démarche d’amélioration. Cet état des lieux peut être réalisé par l’éleveur lui-même dans le cadre d’un autodiagnostic ou par l’intermédiaire d’un intervenant en élevage ou de son vétérinaire pour avoir un regard extérieur. Cette évaluation est la première étape de ce qu’on appelle la boucle d’amélioration, c’est-à-dire l’amélioration continue et progressive du bien-être dans les élevages.
  • Un éleveur qui souhaite intégrer une démarche qualité, pour obtenir un signe officiel de qualité comme par exemple un label, ou pour satisfaire à différentes initiatives qui existent, comme par exemple l’étiquette bien-être animal. L’évaluation doit alors permettre de garantir que l’élevage satisfait à certains critères au regard du bien-être des animaux.
  • Un contrôle officiel, réalisé par les services de l’État, pour s’assurer que l’élevage respecte la réglementation en vigueur. 

Cette vidéo résume bien ce que nous venons d’aborder :

En résumé !

Quel que soit le contexte, l’évaluation doit être basée sur des critères et des indicateurs objectifs et validés scientifiquement et qui reflètent réellement le bien-être des animaux.

📌 Pour aller plus loin, vous pouvez encore consulter : 

  • Cette vidéo sur les exigences des labels en matière de bien-être animal
  • Cette vidéo sur la boucle d’amélioration
  • Cette interview de Jean-Philippe Piot, auditeur d’Ecocert, qui labellise les élevages Bio
  • Ce guide réalisé par Danone à destination des producteurs laitiers
  • Ce guide réalisé par Danone à destination des vétérinaires

Les indicateurs du bien-être animal

Pour rappel, le bien-être des animaux est multicritère et l’ensemble des critères sont donc à évaluer. Selon les définitions ou protocoles, on peut se baser sur les cinq libertés ou sur le protocole Welfare Quality® par exemple.

L’évaluation de chaque critère est basée sur un ou plusieurs indicateurs.

Appliqué au bien-être animal, un indicateur permet d’attribuer une valeur quantifiée à un critère de bien-être évalué dans l’élevage. Parfois un seul indicateur suffit pour évaluer un critère, parfois plusieurs indicateurs sont nécessaires. Par exemple, l’indicateur « note d’état corporel » est suffisant pour évaluer le critère « absence de faim » chez les bovins laitiers, alors que deux indicateurs sont utilisés pour évaluer le critère « expression d’autres comportements » chez la truie : le nombre de stéréotypies et le comportement exploratoire

Lorsque plusieurs indicateurs sont utilisés pour un même critère, il est nécessaire de combiner le résultat de ces indicateurs pour obtenir le résultat du critère en question. De la même manière, les résultats des différents critères seront nécessaires pour obtenir un résultat global du bien-être des animaux.

En résumé !

▪︎ Il n’existe pas un indicateur unique valable pour tous les critères du bien-être animal. Plusieurs indicateurs doivent être utilisés.

▪︎ Il est intéressant de noter que la majorité des indicateurs utilisés sont principalement des indicateurs de dégradation du bien-être (présence de blessures, propreté non satisfaisante, présence de maladies, difficulté à se lever, etc) et plus rarement des indicateurs qui permettent d’évaluer l’état positif de bien-être des animaux. 

Les deux grandes catégories d’indicateurs

En terme d’évaluation du bien-être, deux grandes catégories sont classiquement utilisées :

  • Les indicateurs basés sur l’environnement (appelés aussi indicateurs basés sur les ressources), qui mesurent les conditions de vie fournies à l’animal et qui servent à apprécier si l’environnement donné permet a priori le respect du bien-être et satisfait à la bientraitance. Les indicateurs basés sur l’environnement sont surtout utiles pour évaluer les facteurs de risque qui peuvent être à l’origine d’une dégradation du bien-être. 
  • Les indicateurs basés sur les animaux qui reposent sur l’observation directe (comportement, état sanitaire, etc.) ou indirecte (production, longévité, etc.) des animaux et qui permettent de s’assurer que le bien-être de l’animal est satisfaisant dans les conditions qui lui sont fournies.
Les deux grandes catégories d’indicateurs appliqués au confort de couchage chez les bovins laitiers

Cette vidéo résume ce que nous venons d’aborder :

En résumé !

▪︎ Indicateur basé sur l’environnement ➡︎ évaluation de la bientraitance ➡︎ obligation de moyens

▪︎ Indicateur basé sur les animaux ➡︎ évaluation du bien-être ➡︎ obligation de résultats

Les grands types d’indicateurs basés sur les animaux

Lorsque les conditions de vie des animaux sont perçues comme des contraintes par l’animal, ce dernier réagit et tente de s’adapter. Les réponses adaptatives de l’animal peuvent être d’ordre comportemental ou physiologique et avoir des conséquences sur la production ou la santé des animaux. Ce sont ces modifications que l’observateur va utiliser pour apprécier la dégradation du bien-être des animaux. 

En fonction de l’intensité et de l’origine de la contrainte, un ou plusieurs de ces types d’indicateurs vont être modifiés. Et certains sont généralement plus sensibles que d’autres. On estime habituellement que  les indicateurs comportementaux sont les indicateurs visibles le plus précocement, puis les indicateurs physiologiques. Les indicateurs sanitaires et de production sont, dans la majorité des cas, des indicateurs moins sensibles et moins rapidement ou facilement modifiés face à une contrainte.

Ce sont les indicateurs généralement les plus sensibles, c’est-à-dire qu’ils vont être modifiés précocement en cas de dégradation du bien-être : ils doivent donc absolument être utilisés par un évaluateur… et chaque personne doit apprendre à observer le comportement des animaux pour être en mesure d’évaluer leur bien-être !

On recense principalement deux grands types d’indicateurs comportementaux : les modifications de l’activité de l’animal et les modifications de sa réactivité.

  • Modification de l’activité de l’animal : il peut s’agir de la modification de la fréquence d’un comportement normal. Par exemple, une vache doit passer 10 à 14h par jour couchée… si elle ne passe que 6 heures couchée, on peut suspecter un problème sur le critère « confort de couchage ». Il peut également s’agir de l’apparition d’un comportement anormal. C’est le cas par exemple de ce qu’on appelle les stéréotypies[1] et qui sont des comportements que l’on ne doit pas observer si le bien-être de l’animal est satisfaisant.
  • Modification de la réactivité de l’animal : l’animal va réagir exagérément ou alors va rester prostré et moins réagir.

Pour aller plus loin  :

En résumé !

L’observation du comportement des animaux est essentielle à l’évaluation de leur bien-être.

Ce sont les indicateurs qui ont trait à la physiologie des animaux, et particulièrement aux réponses de stress.

Ce sont les indicateurs de stress, tels que par exemple l’augmentation de la concentration en cortisol dans le sang. Dans la mesure où ils nécessitent d’intervenir sur l’animal (prise de sang par exemple), ils sont assez peu utilisés dans la pratique courante et sont plutôt réservés lors de recherches sur le bien-être.

Il s’agit ici d’analyser les variations de production des animaux pour évaluer leur bien-être.

Les réactions de stress sont généralement consommatrices d’énergie. De plus, face à une contrainte, l’animal va souvent moins manger. Ces deux paramètres combinés font qu’on peut observer une diminution de la production face à une contrainte. Parmi les principaux indicateurs de production figurent la production de lait, d’œufs, la croissance des animaux ou encore les paramètres de reproduction. 

Il est plus utile d’observer la chute de production que véritablement la production en elle-même car celle-ci dépend de très nombreux facteurs qui ne sont pas forcément reliés au bien-être (génétique de l’animal ou type de production par exemple). Par contre, si une production se met à diminuer, on peut suspecter un problème sur le bien-être de l’animal.

En résumé !

Production et bien-être sont étroitement liés. En améliorant le bien-être des animaux, on améliore bien souvent la production.

Ils concernent l’état de santé de l’animal, c’est-à-dire l’apparition de maladies, de lésions, de boiteries, etc.

Les indicateurs sanitaires sont peu sensibles et sont donc modifiés tardivement face à une contrainte. Ils sont pour autant particulièrement importants à surveiller car lorsqu’ils apparaissent, ils aggravent généralement la situation de l’animal et le placent dans un cercle vicieux de diminution du bien-être. Un animal qui boite aura par exemple plus de difficultés à se lever ou à se coucher, ce qui risque d’augmenter sa boiterie.

La mesure de ces indicateurs

En fonction de l’indicateur utilisé, différents résultats peuvent être obtenus. Ce peut être un nombre (nombre de comportements observés durant une heure par exemple), un score sur une échelle de notation (une boiterie de 3 sur une échelle de 5 par exemple) ou encore la constatation d’une présence/absence (présence d’une maladie par exemple). 

Le résultat obtenu sera associé à un niveau de bien-être pour le critère évalué.

La façon de mesurer chacun des indicateurs dépend de l’indicateur et du protocole utilisé. Il est important de bien les connaitre avant de les utiliser.

La validation des indicateurs

Sans rentrer dans le détail ici, les indicateurs utilisés dans les protocoles d’évaluation doivent répondre à certaines caractéristiques pour être validés (faisabilité, répétabilité, etc.). Lorsqu’on utilise un protocole ou que l’on souhaite s’informer sur le niveau de bien-être des animaux à l’origine d’un produit alimentaire, il est donc important de s’assurer que les indicateurs utilisés sont scientifiquement validés. Par exemple, les indicateurs du protocole Welfare Quality® ont fait l’objet d’une telle validation par les scientifiques.

Le processus d’intégration

Le processus d’intégration correspond au passage d’un indicateur mesuré sur un animal pour un critère donné à un score global pour l’ensemble des animaux du troupeau. 

L’intégration pour obtenir un résultat représentatif du troupeau

L’enjeu est ici de passer d’un score mesuré individuellement à un score représentatif du niveau de bien-être de l’ensemble du troupeau.

La plupart des indicateurs sont mesurés à l’échelle individuelle. On va par exemple évaluer la note d’état corporel[2] pour chaque animal.

D’autres indicateurs sont mesurés une seule fois pour l’ensemble des animaux. C’est par exemple le cas de l’évaluation qualitative du comportement qui consiste à décrire globalement comment se comporte le troupeau.

Dans le premier cas, il faut combiner le résultat obtenu pour chaque animal évalué afin d’obtenir un score de troupeau. Différents processus existent pour ce faire. Pour que l’évaluation soit la plus précise et juste possible, il faut soit observer l’ensemble des animaux du troupeau, soit observer un nombre suffisant d’animaux diversifiés pour être représentatif de l’ensemble des animaux.. 

Les indicateurs d’évaluation du bien-être peuvent être mesurés à l’échelle de l’individu ou à l’échelle du troupeau. S’ils sont mesurés à l’échelle de l’individu, ils doivent être combinés pour n’obtenir qu’une valeur pour le troupeau.

Cette vidéo résume ce que nous venons d’aborder : 

L’intégration des différents critères pour obtenir un score de bien-être

Le bien-être étant multicritère, les scores obtenus pour chaque critère doivent être combinés, intégrés, pour obtenir une note globale. En fonction de la finalité de l’évaluation et du protocole utilisé, le processus d’intégration peut avoir différentes formes.

Nous ne présenterons ici que l’intégration proposée par le protocole Welfare Quality® et permettant d’aboutir à une évaluation globale du bien-être. Ce protocole est basé sur 4 principes, déclinés des cinq libertés :

  • Bonne alimentation
  • Bon logement
  • Bonne santé
  • Comportement approprié (il rassemble les libertés « liberté d’exprimer les comportements propres à l’espèce » et « absence de peur et d’anxiété »).

Afin de pouvoir être évalués concrètement sur le terrain, ces principes ont été déclinés en 12 critères. Chaque principe comprend 2 à 4 critères indépendants les uns des autres. Enfin, des indicateurs ont été sélectionnés pour évaluer chaque critère.

PrincipesCritères
Bonne alimentationAbsence de faim prolongée
Absence de soif prolongée
Bon logementConfort de couchage
Confort thermique
Facilité de mouvement
Bonne santéAbsence de blessures
Absence de maladies
Absences de douleurs dues à des pratiques d’élevage
Comportement appropriéExpression du comportement sociale
Expression des autres comportements
Bonne relation humain-animal
Etat émotionnel positif
Les 4 principes et les 12 critères de Welfare Quality®

Une fois que tous les indicateurs ont été mesurés sur les animaux, une note unique pour l’élevage est calculée pour chaque indicateur à partir des résultats obtenus sur chaque animal. Les scores des indicateurs participant à un même critère sont alors combinés pour obtenir un score de critère. Ensuite les scores des critères participant à un même principe sont combinés pour obtenir un score de principe. Le score global est déterminé en fonction des scores des 4 principes. Le score global est divisé en 4 catégories : « excellent », « amélioré », « acceptable » et « non classé ». 

📌 Important : 

Dans l’intérêt de l’animal et dans la mesure où le bien-être est multicritère et où tous les critères sont importants, il est préférable qu’aucune compensation ne soit acceptée, et qu’aucun critère ou principe ne soit totalement délaissé au profit d’un autre. Une certaine pondération est toutefois possible si on estime que certains critères sont « plus importants » au regard du bien-être de l’animal.

Cette vidéo résume ce que nous venons d’aborder :

Vous avez tout compris et vous souhaitez aller encore plus loin ?

1. N’hésitez pas à télécharger le fascicule Évaluer le bien-être animal paru aux éditions Quae.

2. Pour mettre en pratique vos connaissances, vous pouvez réaliser ce jeu sérieux qui vous fera évaluer le bien-être des vaches laitières dans un élevage virtuel!

[1] Une stéréotypie se définit comme un comportement « répétitif, invariant et qui n’a aucun but ou fonction apparents » (Mason, 1991).

[2] L’état d’engraissement en quelque sorte.

à retenir

CHIFFRE CLÉ

2

grandes catégories d’indicateurs utilisés pour évaluer le bien-être des animaux (basés sur les animaux et sur l’environnement)

Quel que soit le contexte, l’évaluation doit être basée sur des critères et des indicateurs objectifs et validés scientifiquement et qui reflètent réellement le bien-être des animaux