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Interview – L’association Bien-être Animal LIT Ouesterel cherche à réconcilier élevage et société

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RAPHAEL GUATTEO

professeur en médecine bovine et gestion de la santé des bovins à Oniris

Ses activités de recherche portent sur l’évaluation des méthodes de diagnostic et l’élaboration et l’évaluation de mesures de maitrise des maladies de production chez les bovins. Il représente Oniris au sein de l’Association LIT Ouesterel. 

à retenir

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Il s’agit de réconcilier élevage et société en essayant d’emmener un maximum d’éleveurs et d’acteurs des filières dans une démarche d’amélioration du bien-être animal 

RAPHAEL GUATTEO

Naissance du LIT Ouesterel

Quand est née l’association LIT Ouesterel et quels étaient les objectifs ?

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L’association en tant que telle est née début 2020 mais les prémisses remontent à 2017 avec la construction d’un consortium qui in fine a fini par se constituer en association en vue de répondre à un appel d’offre dans le cadre du PIA 3 sur l’appel à projet Territoires d’Innovations, le troisième appel des fonds d’investissement d’avenir. Donc la genèse date de 2017 mais l’association en tant que telle date de 2020. Quant à son objectif, il s’agit de réconcilier élevage et société en essayant d’emmener un maximum d’éleveurs et d’acteurs des filières dans une démarche d’amélioration du bien-être animal, sachant que pour l’instant les trois filières ciblées sont porcs, volailles et bovins laitiers. Très rapidement nous allons toutefois nous diriger vers le bovin viande, la filière œuf, etc. Il s’agit à la fois de travailler à l’élaboration de référentiels bien-être en co-construction avec l’AEBEA (Association Etiquette Bien-être Animal), d’aller vers l’identification d’innovationsfavorables au bien-être animal, en les repérant si elles existent déjà, ou éventuellement en les construisant ensemble puis en les évaluant dans un réseau de fermes-pilotes. L’objectif est aussi de ne pas perdre de vue l’aspect marketing et financier en s’assurant du consentement à payer du consommateur ou à défaut de mettre en œuvre les démarches nécessaires pour que les éleveurs soient payés en retour de leurs efforts.

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L’idée était plutôt de former un bouillon de culture et d’idées en mettant autour de la table toutes les parties prenantes 

RAPHAEL GUATTEO

Présentation de l'association

Est-ce une association ou un laboratoire (puisque l’on parle d’un Laboratoire d’Innovation Territoriale ) ? Quels sont les différents partenaires impliqués dans le projet ?

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Il s’agit vraiment d’une association loi 1901. L’expression Laboratoire d’Innovation Territoriale a été utilisée pour coller aux mots-clés de l’appel à projet PIA 3, qui étaient « territoire d’innovation ». Ainsi les mots « territoire » et « innovation » étaient importants, tout autant que de travailler en mode « living lab », en laboratoire vivant. C’est vrai que l’expression « laboratoire vivant » peut prêter à confusion car les gens s’imaginent certainement quelqu’un en train de faire de la recherche sur une paillasse. L’idée était plutôt de former un bouillon de culture et d’idées en mettant autour de la table toutes les parties prenantes, c’est-à-dire les éleveurs, les consommateurs, les ONG welfaristes, les instituts techniques, les transformateurs, les partenaires privés du secteur. Nous sommes également bien une association territoriale dans la mesure où notre association a pour l’instant trois territoires pilotes qui sont un peu les locomotives et qui se situent dans trois régions : Bretagne(Communauté de communes du Kreiz Breizh), Pays de la Loire (Communauté de communes du Pays d’Ancenis) et Normandie (Pays d’Argentan, d’Auge et d’Ouche). Chaque territoire s’est donné un objectif. Celui de Bretagne est centré sur les porcs, celui de Normandie plutôt sur les bovins laitiers et le pâturage et celui des pays de la Loire sur les volailles. Aujourd’hui, l’association se compose de 56 partenaires et chacun se répartit en fonction de son objet d’intérêt entre les territoires pilotes chargés d’initier des projets en lien avec leur domaine de prédilection. 

Quel est votre rôle au sein de l’association ?

Quel est votre rôle au sein de l’association ?

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Je représente Oniris (L’École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation de Nantes-Atlantique) au sein de l’association, Oniris qui par ailleurs héberge cette association. L’association est également organisée avec différents organes de direction dont un conseil d’administration qui permet de représenter l’ensemble des partenaires qui sont répartis entre 9 collèges. A ce titre, je représente le collège de l’enseignement supérieur et de la recherche dont font partie l’INRAE, l’Institut Agro, Oniris, l’ESA d’Anger et l’Anses. Plus particulièrement, au sein de l’association, je suis en charge de suivre les actions de formation.

le LIT Ouesterel rencontre-t-il le soutien des scientifiques et des éleveurs ?

De façon générale, le LIT Ouesterel rencontre-t-il le soutien des scientifiques et des éleveurs ?

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L’association commence à être connue grâce aux scientifiques, le porteur du projet au départ étant l’INRAE. Le CNR BEA (Centre National de Référence pour le Bien-Être Animal) est également invité aux réunions du LIT, permettant de renforcer cet encrage scientifique. Pour ce qui est des éleveurs, nous avons, parmi les partenaires, de grandes coopératives, des associations d’éleveurs, les instituts techniques. Les éleveurs qui sont en poste de responsabilité et de représentation sont bien au courant de notre existence. Pour ce qui est de l’éleveur lambda, je ne pense pas qu’il ait forcément entendu parler de notre association. Je pense toutefois que nous commençons doucement à nous faire connaître notamment grâce à notre « traque aux innovations ». Par exemple, en Normandie, des laiteries, des coopératives sont sollicitées pour essayer d’identifier chez les éleveurs des choses qui seraient plutôt vertueuses. Cela permet de nous mettre en lien avec eux et de faire connaître un peu le LIT Ouesterel. 

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Il faut trouver le compromis entre quelque chose qui soit vraiment informatif pour le consommateur, bénéfique pour l’animal  tout en permettant d’amener un maximum de professionnels dans une démarche d’amélioration

RAPHAEL GUATTEO

Etiquetage bien-être animal

Dans les ambitions revendiquées sur le site de l’association, il est fait mention d’une volonté de créer un étiquetage ou un label. Est-ce déjà en réflexion ? Si oui, quelle forme est susceptible de prendre cette labellisation ?

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Au tout départ, avant même la création de l’association, il existait la volonté d’aller sur un référentiel valorisable au travers d’un étiquetage. Il se trouve que dans le courant du montage du projet et juste avant la création de l’association en tant que telle, un premier étiquetage bien-être animal sur les volailles a vu le jour sous l’impulsion de l’AEBEA. Nous nous sommes dits que ce n’était pas la peine de multiplier les initiatives. Donc désormais, le LIT travaille de concert avec l’AEBEA. Au moment où nous nous sommes rapprochés, nous avions pratiquement fini de travailler sur le référentiel volailles et donc il y a eu une sorte d’hybridation de leur référentiel et du nôtre, avec une mise en commun des travaux. Actuellement, nous menons un travail conjoint pour le référentiel et l’étiquetage en porc, sachant qu’il s’agit bien de l’AEBEA qui porte cet étiquetage. Le LIT est partenaire de la réflexion. Cela est d’autant plus important qu’il existe une crainte du côté des éleveurs d’être stigmatisé ou d’être pour la plupart associés à une catégorie jugée pas suffisamment protectrice du bien-être animal. Il faut trouver le compromis entre quelque chose qui soit vraiment informatif pour le consommateur, bénéfique pour l’animal tout en permettant d’amener un maximum de professionnels dans une démarche d’amélioration. 

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Il peut en effet parfois exister de petits changements en termes de pratiques d’élevage qui ne sont pas forcément très coûteux et qui peuvent avoir un grand effet sur le comportement des animaux, sur leur bien-être 

RAPHAEL GUATTEO

Soutien à l'élevage français

Une autre ambition affichée est celle de permettre à l’élevage français de reconquérir des parts de marché et d’augmenter la rémunération des éleveurs. Comment le LIT Ouesterel compte-t-il s’y prendre ?

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En associant des partenaires comme Carrefour, Système U, qui sont très actifs au sein de l’association, nous allons essayer de mener des initiatives locales pour tester de nouveaux systèmes et voir si cela est susceptible d’attirer les consommateurs et de correspondre à leurs attentes. Nous allons d’abord tester l’étiquetage bien-être animal et voir s’il est parlant et compréhensible. Nous essayons aussi de travailler avec les producteurs pour identifier les marges de gain possibles en essayant de démontrer que les hauts niveaux de bien-être ne sont pas toujours associés à des coûts d’investissement très élevés. En dehors des bâtiments et installations – qui peuvent effectivement vite chiffrer – il peut en effet parfois exister de petits changements en termes de pratiques d’élevage qui ne sont pas forcément très coûteux et qui peuvent avoir un grand effet sur le comportement des animaux, sur leur bien-être. Enfin communiquer activement sur nos résultats doit servir à cette ambition.

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Nous espérons à terme que le grand public s’empare du projet et vienne directement formuler ses besoins, l’objectif final étant bien de réconcilier élevage

RAPHAEL GUATTEO

Actions à destination du grand public

Quelles sont les actions à destination du grand public que l’association envisage de mettre en place ?

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Les actions à destination du grand public ont déjà commencé avec une initiative qui s’appelle « Animagine »qui est déclinée dans les 3 territoires et qui est déjà bien en marche. L’objectif est d’essayer de réfléchir à l’élevage de porc et de bovin de demain ainsi que de tester via les PAT l’acceptabilité de telles démarches. Un concours a d’ailleurs été ouvert à tous invitant à dessiner l’élevage de porcs de demain. Dans une optique de co-construction, on invite aussi les gens à venir discuter, à poser leurs questions avec des intervenants qui peuvent être de différents horizons. J’ai participé en juin à une soirée « Élevage et bien-être, on en parle ? ». Il y avait des éleveurs, des citoyens, des gens de la distribution, des scientifiques. Ce sont des moments de rencontre et d’échange. L’idée est d’intensifier ces événements à destination du grand public pour faire mieux connaître le projet et ses réalisations. Si pour le moment nous menons la barque, nous espérons à terme que le grand public s’empare du projet et vienne directement formuler ses besoins, l’objectif final étant bien de réconcilier élevage et société.

Pour en savoir plus

à retenir

CHIFFRE CLÉ

1901

le LIT est une association de loi 1901

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Il faut trouver le compromis entre quelque chose qui soit vraiment informatif pour le consommateur, bénéfique pour l’animal  tout en permettant d’amener un maximum de professionnels dans une démarche d’amélioration

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RAPHAEL GUATTEO