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Le bien-être des animaux au Salon International de l’Agriculture

Nous vous proposons deux interviews afin de mettre en lumière la façon dont le Salon International de l’Agriculture (SIA) prend en compte le bien-être des animaux : une de Paul Perie, vétérinaire référent du SIA, une autre de François Gary, un des associés gérant de la société de conseil Phylum, qui accompagne et conseille le SIA en matière de bien-être animal.

Interview de Paul Perie, vétérinaire référent du SIA

Pour prendre soin des animaux présents au Salon International de l’Agriculture (SIA), une équipe d’une quinzaine de vétérinaires s’est relayée au quotidien. Nous avons eu l’occasion d’interviewer Paul Perie, vétérinaire référent au SIA, qui évoque avec nous les mesures prises pour préserver le bien-être des animaux ainsi que les axes d’amélioration possibles. Nous avons également eu l’occasion de suivre le vétérinaire Vincent Bertrand sur deux interventions sur des bovins.

Au programme :

  • 0:16 : Pouvez-vous vous présenter ?
  • 0:40 : Sur quels animaux intervenez-vous ?
  • 1:05 : Quelles sont vos missions au sein du Salon International de l’Agriculture ?
  • 1:38 : Pourquoi un contrôle particulier pour les concours laitiers ?
  • 2:32 : Qu’a mis en place le Salon pour le bien-être des animaux ?
  • 3:19 : Le Salon est-il un moment stressant pour les animaux ?
  • 4:54 : Quelques interventions de vétérinaire : un peu de fièvre…
  • 5:36 : Quelques interventions de vétérinaire : un pis bien rempli

Interview de François Gary, un des associé gérant de Phylum

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre organisme ?

Je suis François Gary, un des associés gérant de Phylum. C’est une société de conseil en stratégie et organisation dans les filières animales. Le développement des politiques de gestion du Bien-Etre Animal (BEA) est un des axes importants de l’entreprise.

Quel est le rôle de Phylum dans le cadre du Salon International de l’Agriculture ? 

Depuis l’arrêté du 16 février 2021, toute ferme doit avoir un référent bien-être animal. C’est un peu ce rôle que l’on joue. Il commence dès la fin du salon précédent pour préparer la prochaine session, adapter la charte de bonnes pratiques du BEA, proposer les évolutions organisationnelles et les investissements opportuns qui pourraient améliorer le BEA. Mais, le BEA est l’affaire de tous les acteurs du SIA. C’est pour cela que je travaille avec un comité d’éthique et de BEA composé de la direction du SIA, du commissaire général du Concours Général Agricole et du représentant de Races de France qui représente les éleveurs. Bien évidemment, je travaille aussi avec tous les commissaires en charge des différentes espèces, les éleveurs référents de race et les vétérinaires praticiens qui prodiguent les soins pendant le salon. Je suis un facilitateur et coordonnateur, un peu comme un responsable qualité dans une entreprise.

Pouvez-vous nous dire qu’elles ont été les mesures mises en place pour l’amélioration du bien-être animal ces dernières années ? 

Il y en a beaucoup et ce ne sont pas forcément les plus visibles qui ont le plus d’effet. La principale évolution est sans doute la prise de conscience de l’importance du BEA par tous les acteurs avec une attention au quotidien des détails qui assurent le bien-être des animaux. C’est une dimension intégrée tous les jours dans les décisions à prendre pour respecter au mieux le bien-être des animaux. A titre d’exemple, d’importants progrès ont été réalisés dans l’organisation de la rotation des animaux au milieu du salon (250 animaux partent et rentrent à ce moment-là) pour diminuer le stress des animaux, et des éleveurs, à leur arrivée par une meilleure organisation des circuits de circulation. Cette année, la signalétique a été améliorée pour que le public soit aussi informé de l’importance de respecter le bien-être des animaux, lors de leurs visites.

Cette année, qu’a proposé Phylum pour améliorer le bien-être des animaux au moment du Salon ? 

Nous sommes dans un processus d’amélioration continu. Nous aurons une réunion en avril après avoir exploité tous les indicateurs de BEA pour tirer les leçons du SIA 2023 et proposer les possibles améliorations pour 2024. Il faudra ensuite en discuter avec les différents acteurs dont les éleveurs pour prioriser les mesures qui seront introduites en 2024.

Quelles sont les points qui pourraient encore être améliorés ? 

Vous me permettrez de laisser la primeur de mes recommandations, qui ne sont pas encore finalisées, à la direction et aux acteurs clés du salon.

Des protocoles sont-ils mis en place pour évaluer le bien-être des animaux au moment du Salon ?

Effectivement, nous suivons différents indicateurs de bien-être animal, qu’il s’agisse de paramètres d’ambiance : température, humidité, bruit, luminosité, que des indicateurs sur les animaux pour vérifier que le bien-être des animaux est bien assuré. Nous exploitons en fin de salon les données du registre de soins pour faire un bilan des pathologies. Combinés aux facteurs d’ambiance, cela peut nous donner des renseignements clés pour mieux gérer le bâtiment. Enfin, nous attachons une grande importance à toutes les insuffisances en matière de BEA qui sont signalées et enregistrées pendant tout le salon. On s’inscrit bien dans un système de management du BEA comme le décrit la norme ISO TS 34700

Quel est le lien entre maltraitance animale et humaine et quel est le rôle du vétérinaire ?

Dominique Autier-Derian, vétérinaire comportementaliste, nous parle aujourd’hui du lien qu’il existe entre maltraitance animale et humaine. En effet, de plus en plus d’études, notamment conduites dans les pays anglo-saxons, montrent que maltraitance animale et humaine sont souvent concomitantes. La présence de violence avérée sur un animal peut être le marqueur d’une violence élargie à l’encontre de l’ensemble des membres du foyer. Il est également établi qu’il existe un lien entre la violence de l’adulte et l’exposition durant l’enfance à des actes de violence, y compris à l’encontre d’un animal. D’ailleurs la loi de lutte contre la maltraitance de novembre 2021 a entériné ce dernier risque puisque elle prévoit qu’en cas de sévices graves, actes de cruauté ou atteinte sexuelle à l’encontre d’un animal, la présence d’un mineur constitue une circonstance aggravante. Elle établit également qu’en cas de maltraitance avérée perpétrée par un mineur à l’encontre d’un animal, le service d’aide sociale à l’enfance devra veiller au repérage et à l’orientation dudit mineur.

Nous abordons également avec Dominique Autier-Derian le rôle de sentinelle du vétérinaire dans le signalement des maltraitances à l’encontre des animaux, mais aussi des humains. Ce rôle a été réaffirmé à l’occasion de l’adoption de la loi de lutte contre la maltraitance animale en 2021 (pour retrouver notre décryptage) qui autorise le vétérinaire à lever le  secret professionnel en cas d’actes de cruauté, de sévices graves ou à caractère sexuel perpétrés à l’encontre d’un animal, là où auparavant seul le vétérinaire sanitaire avait obligation de rapporter tout manquement susceptible de « présenter un danger grave pour les personnes ou les animaux » (article L.203-6 du Code rural). 

Au programme :

  • 0’47 : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la théorie du lien ?
  • 2’37 : Les études qui prouvent le lien entre maltraitance animale et humaine sont-elles françaises ou existe-t-il des questionnements similaires dans d’autres pays ?
  • 5’50 : Comment définir une maltraitance et existe-t-il différentes catégories de maltraitances ? 
  • 8’52 : De la maltraitrance humaine doit-elle être suspectée pour tout type de maltraitrances animales constatées ?
  • 10’20 : Quel est, selon vous, le rôle des vétérinaires dans la prévention des maltraitances animales et humaines ?
  • 11’13 : Comment sensibiliser les vétérinaires à toutes ces questions ? 
  • 12’54 : Est-il pertinent selon vous d’inclure les auxiliaires vétérinaires dans la prévention et la prise en charge des maltraitances ? 
  • 14’13 : Pensez-vous que la levée du secret professionnel prévue par la loi de lutte contre la maltraitance de novembre 2021 est une bonne chose ? Que va changer cette levée du secret professionnel ? 
  • 18’01 : Quelque chose à ajouter pour sensibiliser au lien entre maltraitance animale et humaine ? 

En complément :

  • Thèses citées dans la podcast : Marine FOUQUET 2011 & Hélène BERTHAUT 2015
  • Retrouvez notre décryptage de la loi de lutte contre la maltraitance ici et notre décryptage du premier décret d’application ici
  • Retrouvez notre résumé du guide à l’usage des vétérinaires pour repérer les signes de maltraitance chez les animaux et les humains réalisé par l’Association contre la Maltraitance Animale et Humaine (AMAH) :

En bonus, une infographie pour vous aider à comprendre la distinction entre les formes de maltraitances (extraite du guide AMAH) :

Vidéo- « Jamais la première fois sur un animal vivant » : Focus sur le plateau de simulation de VetAgro Sup

A VetAgro Sup, une règle fondamentale s’applique : « Jamais la première fois sur un animal vivant ».

Les étudiants vétérinaires, avant d’obtenir le droit d’exercer en clinique, doivent ainsi impérativement valider en seconde année les différents ateliers qu’offre le plateau de simulation. Le but ? Acquérir les bons gestes grâce aux outils de simulation (mannequin, réalité virtuelle, jeu de rôle, etc.) afin d’éviter par la suite toute souffrance inutile pour les animaux vivants.

Nous vous laissons découvrir le plateau de simulation et quelques-uns des ateliers qu’il propose avec cette vidéo réalisée par deux étudiants vétérinaires, Guillaume Bruhl et Claire Missana, avec le soutien de la Chaire bien-être animal.