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Les colliers électriques et étrangleurs sont positifs pour les chiens et leur éducation, VRAI ou FAUX ?
FAUX, ces dispositifs peuvent avoir un impact négatif sur la santé physique et psychologique du chien et ne se montrent pas forcément plus efficaces que les méthodes dites positives.


Les colliers électriques et étrangleurs sont parfois utilisés pour l’éducation des animaux de compagnie. Cependant, des études récentes, ainsi que la pratique vétérinaire, ont montré que ces dispositifs pouvaient avoir un impact négatif sur le bien-être des chiens. Par ailleurs, leur efficacité et plus globalement l’efficacité des méthodes d’éducation dites « négatives » ou « coercitives » est aujourd’hui remise en question.
Connaître l’impact de ces dispositifs sur le bien-être animal ainsi que leur utilité potentielle est d’autant plus important que la loi interdit actuellement les méthodes d’éducation susceptibles d’induire des blessures ou des souffrances inutiles pour l’animal. Une proposition de loi vient par ailleurs d’être votée à l’Assemblée nationale dans le but d’interdire l’usage des colliers électriques et étrangleurs. Pour consulter notre décryptage du texte :
En parallèle des éléments de bibliographie, Elodie Contamin, vétérinaire comportementaliste, nous partage son expérience de terrain et nous expose son point de vue concernant les colliers électriques et étrangleurs.
Colliers électriques, étrangleurs et à pointes : de quoi parle-t-on ?
Les colliers électriques sont des outils qui envoient une impulsion électrique à l’animal lorsqu’il effectue un comportement jugé inapproprié. Les colliers les plus couramment utilisés sont généralement de trois sortes :
- Les colliers qui sont déclenchés à distance par le propriétaire au moyen d’une télécommande,
- Les colliers anti-aboiement qui envoient automatiquement une impulsion électrique lorsque le chien aboie,
- Les colliers anti-fugue qui envoient automatiquement une impulsion électrique lorsque le chien franchit une certaine zone géographique.
Les colliers étrangleurs sont généralement utilisés avec l’objectif d’empêcher un animal de trop tirer en laisse et de lui apprendre la marche au pied. Ils fonctionnent selon le même principe qu’un nœud coulissant : plus l’animal tire, plus le collier se resserre en créant un étranglement supposé le faire réagir et diminuer sa traction sur la laisse. Les colliers étrangleurs sont généralement de deux sortes :
- Simples, souvent constitués d’une chaîne
- A pointes dits « torquatus » : les pointes sont dirigées en direction du corps de l’animal. Dans ce cas, en plus de l’effet d’étranglement, la pression des pointes sur la peau augmente avec la traction.

Ces outils destinés à supprimer un comportement indésirable se fondent sur ce que l’on nomme le « conditionnement opérant ». Cette méthode d’apprentissage, notamment développée par le psychologue B. F. Skinner, consiste en l’association d’un stimulus, positif ou aversif, en réponse à un comportement de l’animal, afin de le conditionner. Le stimulus peut être appliqué selon un principe de renforcement ou de punition, le but étant de rendre plus probable (pour le renforcement) ou moins probable (pour la punition) le fait que le comportement soit exprimé de nouveau.
Les colliers électriques et étrangleurs s’appuient sur deux techniques en particulier :
- La punition positive : application d’un stimulus aversif (l’impulsion électrique) pour faire cesser un comportement jugé inapproprié. On emploie ici le terme de « positive » car on ajoute un stimulus. Si on retirait un stimulus (par exemple enlever un jeu au chien pour le punir), on parlerait de punition négative.
- Le renforcement négatif : application d’un stimulus aversif qui est supprimé une fois le comportement souhaité obtenu. Par exemple : dans le cas du collier étrangleur, l’étranglement (stimulus aversif) du chien est maintenu jusqu’à ce qu’il arrête sa traction sur la laisse.

Dans tous les cas, on constate que l’usage de colliers électriques ou étrangleurs correspond à une méthode d’éducation basée sur l’application de stimuli aversifs et sur un principe de coercition, plutôt que sur un principe de coopération. C’est la raison pour laquelle ils relèvent de pratiques d’éducation dite « négatives » ou « coercitives », par opposition à des pratiques d’éducation dite « positives », basées sur des stimuli positifs et des récompenses.

Quelle proportion de propriétaires recourt à ces dispositifs ?
Selon une étude de 2018, en France, 26% des propriétaires interrogés déclaraient avoir eu recours à un collier électrique sur leur chien[1]. Par ailleurs, selon un rapport émis en 2022 par le Centre national de référence pour le bien-être animal (CNR BEA), si la plupart des professionnels de l’éducation canine interrogés (81%) ont déclaré ne pas être d’accord avec l’idée que « le collier de rappel (électrique, électrostatique ou citronnelle) s’il est bien appliqué n’altère pas le bien-être du chien », un peu moins de 19% restaient toutefois d’accord avec l’idée que ce type de collier n’impactait pas le bien-être du chien. En outre, si environ 90 % des éducateurs ont affirmé ne jamais avoir recours à un collier électrique ou électrostatique, 10% des éducateurs déclaraient l’utiliser. Enfin, concernant les colliers à pointes, un peu moins de 6% ont indiqué en faire usage et pour les colliers étrangleurs, ce chiffre monte à environ 17%. Ainsi, au total près d’un quart des professionnels interrogés ont affirmé recourir à un collier étrangleur, qu’il soit simple ou à pointes[2].

Si l’usage des colliers électriques et étrangleurs semble minoritaire chez les particuliers et les professionnels de l’éducation canine, il n’en demeure pas moins que certains d’entre eux les utilisent encore. Ces derniers paraissent ainsi ne pas considérer, dans une utilisation régulière, l’usage des colliers électriques et étrangleurs comme susceptibles d’infliger à l’animal des blessures ou des souffrances inutiles au sens de la loi[3].

Quels sont les effets de l’usage de tels colliers sur votre animal ?
L’usage d’un collier électrique ou étrangleur est-il susceptible d’avoir un impact négatif sur la santé physique et psychique du chien ?
Effets possibles des colliers électriques et étrangleurs sur la santé physique du chien
Selon l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC), les colliers électriques conduisent dans près de 10% des cas à des « conséquences physiques spectaculaires allant jusqu’à des brûlures avec nécrose de la peau »[4]. L’AFVAC note d’ailleurs que ces lésions peuvent apparaître en quelques décharges (en fonction de l’humidité de l’air, de la peau du chien) et ne sont pas forcément le résultat d’une utilisation fréquente. Par ailleurs, selon une étude, les chiens soumis à l’impulsion électrique montrent fréquemment des signes de douleur (vocalisation, queue basse, etc.)[5].
Concernant les colliers étrangleurs, la pratique vétérinaire met en évidence qu’ils sont susceptibles de causer plusieurs types d’effets cliniques : hématomes, déformation de la trachée, etc. Par ailleurs, il semblerait qu’une pression exercée sur la nuque tend à augmenter la pression intra-oculaire du chien, pouvant potentiellement causer des lésions oculaires sur le long terme. Les chiens avec une cornée fine ou des glaucomes sont particulièrement susceptibles d’être à risque[6]. Si globalement peu d’études scientifiques semblent avoir été publiées sur les colliers étrangleurs, on peut toutefois mentionner une étude de cas parue en 2013. Celle-ci fait état d’un berger allemand qui sous l’effet de la strangulation causée par son collier étrangleur, a dû être euthanasié suite à un œdème cérébral, certainement causé par la compression des vaisseaux sanguins empêchant la bonne irrigation de son cerveau[7].

Les colliers électriques et étrangleurs sont donc susceptibles d’avoir un impact négatif sur la santé physique du chien, en causant divers types de lésions.
Effets possibles des colliers électriques et des méthodes coercitives sur la santé mentale du chien
En outre, il semble que l’usage des colliers électriques tend à augmenter le stress de l’animal, ce que montrent les marqueurs physiologiques (augmentation du rythme cardiaque et du cortisol salivaire et ce d’autant plus que la décharge est imprévisible du point de vue du chien)[8] et les marqueurs psychologiques (comportements de stress[9]. Ces signes comportementaux de stress peuvent se manifester même en dehors du contexte d’entraînement[10]. De façon plus générale, dans le cadre de pratiques d’éducation négatives (ou dite « coercitives »), basées sur des stimuli aversifs, les chiens tendent à montrer davantage de signes physiques de stress[11].
Efficacité des colliers électriques et des méthodes coercitives
Nous l’avons vu, en France en 2018, une part non négligeable de propriétaires de chien semblent encore utiliser les colliers électriques. Parmi eux, 58% des propriétaires utilisateurs recommanderaient leur usage. Par ailleurs, 51% des utilisateurs de colliers électriques de dressage avec télécommande et 25% des utilisateurs des colliers anti-aboiement les jugeaient efficaces[12].
Pour autant, plusieurs études tendent à remettre en question leur efficacité. Ainsi, une étude de 2020 réalisée sur 63 chiens a montré que l’utilisation du collier électrique, y compris par des professionnels, n’apparaît pas plus efficace que l’éducation positive et n’entraîne pas moins de désobéissance[13]. Les chocs électriques tendent en outre à être inefficaces quand le chien présente une forte motivation à réaliser un comportement (par exemple dans le cadre d’une agression)[14]. Une étude a même montré un risque de fugue plus élevé chez des chiens pourvus d’un collier électrique anti-fugue en comparaison avec ceux disposant d’une clôture classique[15]. Selon, l’étude de Masson et al. de 2018 déjà citée, 15% des utilisateurs d’un collier électrique anti-fugue avouaient que le comportement indésirable était encore présent et 15% jugeaient que ce comportement était même pire qu’auparavant. Pour les colliers anti-aboiement, un total de 35% reconnaissait soit l’échec du dispositif soit une détérioration du comportement. Concernant les colliers électriques de dressage, un peu plus de 30% des propriétaires avouaient que le comportement indésirable réapparaissait lorsque le chien ne portait pas son collier.

Par ailleurs, l’intensité de la décharge efficace pour stopper le comportement inapproprié apparaît difficile à définir. En effet, il existe un risque d’augmentation des effets négatifs listés plus hauts sur le chien en cas d’impulsion trop forte, ou un risque d’habituation en cas d’impulsion trop faible. Dans ce dernier cas, cela signifie que le chien s’habitue à l’impulsion électrique qui n’a alors plus d’effet sur lui.
Le chien est également susceptible d’assimiler le choc électrique à tous les stimuli présents au moment de la décharge, y compris le propriétaire ou l’éducateur[16]. Il existe même un risque d’agression redirigée sur un humain[17] ou un animal présent, avec donc un risque de morsure accru.

Si à notre connaissance, l’efficacité des colliers étrangleurs n’a pas été spécifiquement étudiée, leur usage s’inscrit dans le cadre d’une éducation dite « négative » ou « coercitive » dont l’efficacité est discutée par les chercheurs. En effet, il apparaît que le recours à une éducation négative tend à diminuer la qualité de la relation humain-chien, ce dernier étant davantage susceptible de présenter des signaux de peur en présence de son propriétaire tandis qu’un chien ayant été éduqué au moyen de renforcement positif aura tendance à être plus attentif à son propriétaire[18]. Une étude a également montré une efficacité moindre des méthodes punitives par rapport aux méthodes positives (avec récompense) pour l’apprentissage de certaines tâches comme laisser/donner un objet ou la marche au pied. Dans cette même étude, des propriétaires qui ont eu recours à des méthodes punitives, y compris ceux utilisant une combinaison de punitions et récompenses, ont rapporté avoir davantage de problèmes de comportements avec leur chien par rapport à ceux ayant recours à des méthodes uniquement positives[19]. Enfin, l’usage de méthodes coercitives est susceptible d’augmenter le risque d’agressions du chien sur l’humain[20].
Pour conclure
Il semble donc que l’usage des colliers électriques et étrangleurs peut non seulement avoir un impact négatif sur la santé mentale et physique des chiens, mais aussi se révéler inefficace. Cette inefficacité peut conduire le propriétaire à augmenter l’intensité de la décharge ou de l’étranglement, ce qui est susceptible d’impacter fortement l’état de santé du chien. Enfin, la dégradation potentielle du comportement du chien (agressivité, imprévisibilité, dégradation de la relation humain-chien) peut conduire à son abandon, ou à son euthanasie (en cas d’agressivité).
Aujourd’hui, de nombreux professionnels sont favorables à l’interdiction de ce type de dispositifs. L’AFVAC a émis un avis motivé en novembre 2022 sur l’impact physique et psychique de l’utilisation des colliers dits de « dressage » (colliers électriques, étrangleurs et à pointes) et de nombreuses associations font campagne pour bannir l’utilisation de ces colliers. C’est notamment le cas de la Fondation Brigitte Bardot qui a largement appuyé la proposition de loi visant à interdire leur usage.
Pour résumer

Interview d’Elodie Contamin, vétérinaire comportementaliste

Pour compléter notre propos, nous vous proposons une interview d’Elodie Contamin, vétérinaire comportementaliste qui nous expose son point de vue concernant les colliers électriques et étrangleurs.
Avez-vous souvent affaire à des propriétaires de chiens ayant recours aux colliers électriques ou étrangleurs ?
Ce n’est pas systématique mais cela m’arrive effectivement. Et quand c’est le cas, on observe toujours des dégâts au niveau du comportement des chiens. On a des chiens qui deviennent peureux, instables au niveau émotionnel, et ce d’autant plus que le collier est souvent utilisé n’importe comment. Cette instabilité augmente les risques d’agressivité ainsi que l’imprévisibilité du chien qui, en raison de son état de peur constante, peut mordre sans prévenir. J’ai également eu affaire à deux propriétaires qui utilisaient un collier électrique et qui se sont faits mordre par leur chien. Dans ce cas précis, le chien appréhendait tellement le port du collier qu’il a attaqué son propriétaire quand celui-ci a essayé de le lui mettre. Concernant les colliers étrangleurs, les propriétaires qui me rapportent y avoir eu recours sont peu nombreux mais systématiquement, ils me font part de l’inefficacité de la méthode pour apprendre la marche au pied.
Je tiens quand même à préciser que j’observe quand même, au niveau de ma clientèle, une diminution du nombre de personnes qui ont eu recours à ce genre de dispositifs avant de me consulter. Je pense que les gens sont de plus en plus sensibilisés. Plusieurs de mes clients sont venus me voir parce qu’ils ont été choqués de certaines méthodes employées par certains éducateurs en coercitif, ce que j’observais beaucoup moins auparavant. Par ailleurs, je constate une forme de gêne désormais de la part des clients qui m’avouent avoir eu recours à un collier électrique. Cela montre que l’usage de ces dispositifs va moins de soi qu’il ne pouvait l’être par le passé.
Avez-vous observé des signes cliniques induits par l’utilisation de ces dispositifs ? Si oui, lesquels ?
On observe effectivement, en plus de l’état anxieux généralisé, diverses lésions sur les chiens : des brûlures pour des chiens porteurs d’un collier électrique et des déformations de la trachée pour ceux auxquels on applique un collier étrangleur. Dans certains clubs canins, des clients m’ont rapporté une pratique qui pose réellement problème : on suspend le chien au bout de la laisse avec les pattes qui ne touchent plus le sol. Outre l’étranglement et la douleur que le collier induit, cela peut également occasionner des lésions au niveau des cervicales (déplacement vertébral, hernie discale) que j’ai pu observer dans ma pratique. Il s’agit dans ce cas de réelle maltraitance animale.
Quelles alternatives aux colliers coercitifs existe-t-il pour un chien qui fugue ou qui aboie de manière intempestive par exemple ?
Pour moi, un chien qui fugue est un chien qui s’ennuie chez lui, soit parce qu’il n’est pas suffisamment sorti, soit parce qu’il n’est pas suffisamment stimulé. Certaines races sont cependant plus prédisposées à la fugue comme les chiens de meute (type husky) et de chasse (type beagle). Ces chiens sont génétiquement plus indépendants et ont besoin de se dépenser, de courir, pister, flairer. C’est au propriétaire de réfléchir au choix de la race et d’opter pour celle qui correspond le mieux à ses possibilités d’implication. Si malgré tout son chien a tendance à fuguer, il vaut mieux dans ce cas le laisser à l’intérieur lors de ses absences tout en lui permettant d’avoir les dépenses et les interactions sociales dont il a besoin avec son maître en extérieur. Un chien seul dans un jardin n’est pas forcément heureux, d’autant plus s’il n’en sort pas et qu’il ne se dépense pas : le jardin est simplement, dans ce cas, une prison plus grande.
Quant aux aboiements, à mon sens, c’est une des choses les plus compliquées à gérer parce qu’il existe aussi un conditionnement de l’humain, qui en pensant arrêter les aboiements interagit avec son chien et le renforce en réalité dans son comportement. Dans ce cas, il faut de la rigueur et de la régularité de la part du propriétaire, or, c’est quelque chose qui est parfois difficile à obtenir. Après, encore une fois, il faut prendre en compte le facteur génétique : les beagles, par exemple, sont des chiens génétiquement programmés pour aboyer lorsqu’ils voient une proie pour prévenir. Il s’agit réellement d’avoir conscience de tout cela au moment de l’acquisition de son chien. Un chien qui aboie est peut-être un chien qui s’ennuie, qui est en manque de dépense et d’occupation, qui vit mal les absences de son propriétaire mais aussi un chien qui alerte, parce qu’il a été génétiquement programmé pour cela ou encore un chien qui a appris à le faire pour obtenir de l’attention. Il s’agit encore une fois de faire la part des choses entre les besoins du chien, sa communication, ce qu’on est capable d’accepter de lui et l’implication que l’on est capable d’avoir pour lui.
Comment définir l’éducation positive ?
L’éducation positive a pour objectif que l’animal apprenne dans le plaisir. L’apprentissage est alors plus plaisant et facile et il permet de créer du lien et de la coopération entre l’humain et l’animal. Attention, l’éducation positive ne veut pas dire éducation permissive. En éducation positive, on peut mettre des contraintes au chien mais le cadre est posé de façon positive, sous forme de récompenses : par exemple on peut autoriser son chien à aller sur le canapé mais uniquement après qu’on lui ait appris à demander la permission (par exemple en lui demandant de s’assoir), on peut apprendre à son chien à être manipulé même si ce n’est pas initialement un exercice agréable pour lui. Certains chiens seront plus difficiles que d’autres pour les apprentissages. Dans tous les cas, il faut une implication de la part du propriétaire et un effort de compréhension du mode de fonctionnement de son chien, de sa communication, des facteurs qui le motivent, etc. L’éducation positive est une éducation qui prend en compte le bien-être du chien alors que les méthodes coercitives sont indéniablement un apprentissage par la peur.
[1] Masson S., Nigron I., Gaultier E., 2018. Questionnaire survey on the use of different e-collar types in France in everyday life with a view to providing recommendations for possible future regulations, Journal of Veterinary Behavior 26. https://doi.org/10.1016/j.jveb.2018.05.004
[2] « Rapport du CNR BEA sur les pratiques d’éducation canine et leurs impacts sur le bien-être des chiens » disponible ici https://www.cnr-bea.fr/wp-content/uploads/2022/09/Rapport-CNR-BEA-Pratiques-et-outils-déducation-canine.pdf
[3] Pour en savoir plus sur la législation française concernant l’usage de ces colliers, n’hésitez pas à consulter notre décryptage à venir.
[4] Par ailleurs, selon Masson et al. (2018), en se fondant sur les résultats d’un questionnaire à destination des propriétaires, les colliers anti-aboiement seraient ceux qui créent le plus de brûlures
[5] Schilder, M.B.H., Van Der Borg, J.A.M., 2004. Training dogs with help of the shock collar: Short and long term behavioural effects. Applied Animal Behaviour Science 85. https://doi.org/10.1016/j.applanim.2003.10.004
[6] Pauli A.M., Bentley E., Diehl K.A., Miller P.E., 2006. Effects of the application of neck pressure by a collar or harness on intraocular pressure in dogs. Journal of the American Animal Hospital Association 42(3). https://doi.org/10.5326/0420207
[7] Grohmann K., Dickomeit M. J., Schmidt M. J., Kramer M., 2013.Severe brain damage after punitive training technique with a choke chain collar in a German shepherd dog, Journal of Veterinary Behavior 8 (3). https://doi.org/10.1016/j.jveb.2013.01.002
[8] Schalke E, Stichnoth J., Ott S., Jones-Baade R., 2007. Clinical signs caused by the use of electric training collars on dogs in everyday life situations. Applied Animal Behaviour Science 105(4), https://doi.org/10.1016/j.applanim.2006.11.002
[9] Schilder et al., 2004.
[10] Schilder et al., 2004.
[11] Voir pour revue Ziv, G., 2017. The effects of using aversive training methods in dogs—A review. Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research 19, https://doi.org/10.1016/j.jveb.2017.02.004
[12] Masson et al., 2018. Il est important de préciser qu’il s’agit d’une proportion mesurée à l’aulne d’un questionnaire basé sur la perception subjective des propriétaires de chiens et non à partir de l’avis d’un professionnel connaisseur des signaux et comportements canins.
[13] China L., Mills D.S., Cooper J.J., 2020. Efficacy of Dog Training With and Without Remote Electronic Collars vs. a Focus on Positive Reinforcement. Frontiers in Veterinary Science 7. https://doi.org/10.3389/fvets.2020.00508
[14] Polsky, R.H., 2000. Can aggression in dogs be elicited through the use of electronic pet containment systems? Journal of Applied Animal Welfare Science 3, https://doi.org/10.1207/S15327604JAWS0304_6
[15] Starinsky, N.S., Lord, L.K., Herron, M.E., 2017. Escape rates and biting histories of dogs confined to their owner’s property through the use of various containment methods. Journal of the American Veterinary Medical Association 250 (3). https://doi.org/10.2460/javma.250.3.297
[16] Schilder et al., 2004.
[17] Polsky, 2000.
[18] Deldalle, S., Gaunet, F., 2014. Effects of 2 training methods on stress-related behaviors of the dog (Canis familiaris) and on the dog-owner relationship. Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research 9 (2). https://doi.org/10.1016/j.jveb.2013.11.004
[19] Hiby, E. F., Rooney, N. J., Bradshaw, J. W. S. 2004. Dog training methods: their use, effectiveness and interaction with behaviour and welfare. Animal Welfare 13(1). https://doi.org/10.1017/S0962728600026683
[20] Herron M.E., Shofer F.S., Reisner I.R., 2009. Survey of the use and outcome of confrontational and non-confrontational training methods in client-owned dogs showing undesired behaviors. Applied Animal Behaviour Science 117. https://doi.org/10.1016/j.applanim.2008.12.011
Décryptage de la proposition de loi visant à interdire les colliers électriques et étrangleurs

Le 16 janvier 2023, les députés ont adopté à la quasi-unanimité (111 voix pour, 5 contre, 6 abstentions) une proposition de loi visant à interdire les colliers électriques et les colliers étrangleurs. Pour cette proposition de loi, la procédure de législation en commission a été engagée. Cela signifie que le droit d’amendement (c’est-à-dire le droit de modifier le texte) ne peut s’exercer qu’en commission. La séance plénière (avec tous les députés) est alors réservée au vote du texte dans son ensemble sans possibilité de le modifier dans les détails. Cela permet entre autres d’accélérer la procédure.
Après l’adoption de la proposition par l’Assemblée nationale, le Sénat doit encore se prononcer pour qu’elle soit définitivement adoptée. Nous vous proposons cependant d’ores-et-déjà un décryptage du texte. En bonus, vous pourrez également lire une interview de la Fondation Brigitte Bardot qui a largement appuyé cette proposition et qui mène une campagne pour son adoption définitive.
Cette proposition de loi vient s’inscrire dans la continuité d’avis scientifiques qui ont entériné l’impact potentiellement négatif des colliers électriques et étrangleurs sur le bien-être des chiens[1]. Alors, si vous souhaitez savoir ce que sont précisément les colliers électriques et étrangleurs, mais aussi connaître les raisons pour lesquelles ils sont utilisés ainsi que leurs impacts négatifs potentiels, n’hésitez pas à consulter notre article sur le sujet :
Que dit le texte de la proposition de loi ?
Le texte adopté par l’Assemblée nationale prévoit :
- L’interdiction de l’utilisation sur un chien ou un chat de « tout dispositif à décharge électrique, étrangleur sans boucle d’arrêt ou dont les pointes sont tournées vers le corps de l’animal ». Tout manquement sera passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 750 euros pour les personnes physiques et 3750 euros en cas de récidive ou pour les personnes morales (professionnels, associations, etc.).
- L’interdiction de la vente et de la cession gratuite de tels colliers, ainsi que de toute annonce ou publicité portant sur l’un de ces dispositifs. Cela signifie qu’un éducateur, un vétérinaire, une association de protection animale ou tout autre professionnel ne pourra plus en faire la promotion auprès des propriétaires d’animaux. Tout manquement sera passible d’une amende de 3000 euros pour les personnes physiques et 15 000 euros pour les personnes morales.
Le texte prévoit toutefois des dérogations. Ainsi ces interdictions ne s’appliqueront pas :
- Aux services et unités des armées utilisateurs de chiens,
- Aux opérations de capture d’animaux dangereux et errants.
Pour résumer :

Où en était la législation française sur la question des colliers électriques et étrangleurs ?
Si jusqu’ici la législation française n’interdisait pas spécifiquement l’usage de colliers électriques ou étrangleurs, elle comportait déjà plusieurs dispositions relatives à l’éducation des animaux de compagnie.
Tout d’abord, la France est signataire de la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie qu’elle a ratifiée en 2003. Ainsi, le décret du 11 mai 2004 portant publication de cette convention, dispose dans son article 7 qu’« aucun animal de compagnie ne doit être dressé d’une façon qui porte préjudice à sa santé et à son bien‑être, notamment en le forçant à dépasser ses capacités ou sa force naturelles ou en utilisant des moyens artificiels qui provoquent des blessures ou d’inutiles douleurs, souffrances ou angoisses ».
Par ailleurs, l’article R214-17 du Code rural interdit « d’utiliser, sauf en cas de nécessité absolue, des dispositifs d’attache ou de contention ainsi que de clôtures de nature à provoquer sur l’animal des blessures ou des souffrancesv».
Enfin, l’annexe 2 de l’arrêté du 3 avril 2014 repris par l’article R214-24 du Code rural dispose que « l’exercice des activités d’éducation et de dressage d’un animal de compagnie dans des conditions de nature à lui infliger des blessures ou des souffrances inutiles est interdit. ».
Aujourd’hui, la loi tend donc déjà à interdire les dispositifs d’attache, de clôture ou plus globalement d’éducation à l’origine de blessures, souffrances, voire d’angoisses pour l’animal de compagnie sauf en cas de nécessité absolue (article R214-17 du Code rural), voire d’utilité (décret du 11 mai 2004 et article R214-24). Si on peut se demander ce qui est entendu par « nécessité absolue » et « utilité », la question de la souffrance potentielle induite par les colliers électriques et étrangleurs sur les chiens est également à soulever (et on vous renvoie une nouvelle fois vers notre article dédié pour en savoir plus). On peut en tout cas souligner que, jusqu’ici, les colliers électriques et étrangleurs ne semblaient pas être considérés, du point de vue légal et dans une utilisation régulière, comme des dispositifs susceptibles d’occasionner des blessures, souffrances ou angoisses inutiles. On comprend ainsi l’intérêt de la présente proposition d’interdiction qui clarifie aux yeux de la loi la portée maltraitante de ces dispositifs.
Interview de Lorène Jacquet de la Fondation Brigitte Bardot (FBB)

Pour compléter notre décryptage, nous avons interviewé Lorène Jacquet, chargée de campagnes et plaidoyer à la Fondation Brigitte Bardot qui milite pour l’adoption définitive de cette proposition
La FBB a largement appuyé cette proposition de loi : est-ce un combat qu’elle mène de longue date ?
La FBB a toujours milité contre les outils maltraitants utilisés pour l’éducation des animaux de compagnie mais n’avait jusqu’à présent pas lancé de campagne publique pour en demander l’interdiction formelle. Lorsque le groupe Agrobiothers a annoncé sa décision de cesser de commercialiser ces colliers en septembre dernier, nous étions convaincus que le contexte était propice au lancement d’une campagne pour sensibiliser le public et demander l’interdiction formelle de ces colliers en France. En effet, les conditions étaient réunies pour avancer sur cette question et il nous semblait qu’un texte en ce sens pourrait faire consensus, surtout après l’adoption de la loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale[2]. Le regard que la société porte sur les animaux a considérablement changé ces dernières décennies, ce qui a notamment provoqué une évolution positive et révélatrice des pratiques d’éducation canine, et permet aujourd’hui de proposer des alternatives fiables pour l’éducation et la rééducation de chiens, sans violence.
Êtes-vous satisfaits du texte dans sa présente rédaction ?
Oui, nous sommes satisfaits du texte, malgré les deux exceptions qui y ont été ajoutées, mais surtout de l’accueil extrêmement favorable qu’il a reçu au sein de l’Hémicycle. Tous les groupes parlementaires (sauf le Rassemblement National dont 5 membres ont voté contre) ont exprimé leur soutien et ont reconnu la nécessité de mettre un terme à la cession et à l’utilisation de ces outils. Cela montre une véritable prise de conscience concernant les méthodes d’éducation et laisse percevoir la perspective d’une nouvelle ère dans ce domaine. Le texte prévoit des sanctions importantes en cas de violation des interdictions, avec différents niveaux selon l’auteur des faits, ce qui est pertinent et nous semble suffisamment dissuasif pour permettre une bonne application de la loi. Les deux exceptions prévues – capture des animaux divagants et dangereux et chiens de l’armée – nous semblent relativement légitimes, même si nous espérons que cette loi fasse également évoluer de façon généralisée la formation des agents de capture afin d’aboutir à une utilisation restreinte de la perche de capture, sauf véritables cas de nécessité. Enfin, si nous pouvons comprendre que la défense nationale puisse prévaloir sur la protection animale, nous aimerions, dans un souci de transparence, avoir davantage de précisions sur l’utilisation de ces outils par l’armée qui explique cette dérogation spécifique.
Auriez-vous souhaité une interdiction étendue aux colliers à spray et à citronnelle (qui envoient un spray soit neutre à base de citronnelle au chien) ?
Nous privilégions l’adoption du texte sur son exhaustivité donc cet ajout ne nous semble pas opportun à l’heure actuelle. En effet, il nous semble que les conséquences physiques et psychiques des colliers à spray et à citronnelle ne sont pas encore suffisamment établies pour que leur interdiction obtienne le même soutien au Parlement que celle des colliers électriques, étrangleurs et à pointes pour lesquels les études scientifiques sont unanimes et nombreuses. Rien n’empêche cependant, et nous l’avons suggéré à Madame la députée Corinne Vignon, de demander au Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de mener une étude plus approfondie sur tous les outils d’éducation actuellement commercialisés, afin d’en connaître les risques et envisager une évolution réglementaire à ce sujet.
D’autres pratiques que vous souhaiteriez supprimer à l’avenir ?
Nous souhaiterons évidemment que l’ensemble des pratiques d’éducation causant des souffrances aux animaux de compagnie soient bannies, dans la mesure où il est démontré que la violence ne résout aucun trouble du comportement et que l’éducation positive permet d’obtenir des résultats durables plus intéressants que la coercition. Nous souhaiterions également que la réglementation concernant la détention des animaux soit révisée, afin de voir interdites certaines pratiques encore trop répandues, telles que par exemple le fait de maintenir un chien à l’attache, le faire vivre en permanence dans le jardin/en extérieur ou en chenil…
Pensez-vous que le texte sera adopté par le Sénat ?
Compte tenu des nombreuses études sur l’impact de ces colliers et du consensus scientifique au sujet de leur interdiction, nous pensons effectivement que cette proposition de loi sera accueillie favorablement par le Sénat, d’autant qu’elle vient s’inscrire dans la suite logique de la loi adoptée en 2021 pour lutter contre la maltraitance animale. La responsabilisation des détenteurs d’animaux est au cœur des discussions ainsi que la sensibilisation aux difficultés qu’ils peuvent rencontrer lors de l’accueil d’un animal. Notamment l’effort d’éducation canine et de prise en compte des besoins qui en découlent, sont des enjeux importants en matière de protection animale. Nous ne doutons pas que les sénateurs sauront apprécier le travail réalisé par Madame la députée Corinne Vignon lors de la première lecture du texte à l’Assemblée nationale et prendre en compte l’avis favorable des parties prenantes et des ministères concernés lors de l’examen du texte au Sénat.
[1] Par exemple l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC) a émis un avis motivé en novembre 2022 sur l’impact physique et psychique de l’utilisation des colliers dits de « dressage »
[2] Pour retrouver notre infographie de décryptage de la loi
L’hypertype est-il contraire au bien-être animal ?

Qu’est-ce qu’un hypertype ?
Selon Guintard et Class (2017) le chien dit typé ou bien typé est un animal représentatif de la race, qui en possède tous les caractères distinctifs. Les animaux hypertypés sont à l’inverse des individus extrêmes au sein d’une race, qui s’éloignent du standard jusqu’à parfois en sortir. Un animal manquant de type sort du standard par le bas, alors qu’un animal hypertypé sort du standard par le haut. Cela ne concerne pas seulement le chien ou le chat mais tous nos animaux domestiques : du cheval à la vache.

Pour mieux appréhender le vocabulaire utilisé quand on parle de race, et plus particulièrement de race de chiens, nous vous proposons ce glossaire qui vous permettra de mieux comprendre la suite du propos :

D’où viennent les hypertypes ?

Chez les chiens et les chats de race, des standards définissent les caractéristiques désirées chez les individus de la race. L’interprétation inadéquate de ces standards (par les juges, les éleveurs, les particuliers, etc.) peut conduire à sélectionner des animaux présentant des exagérations par rapport au type recherché. Tout est une question d’équilibre : la recherche d’animaux bien typés doit conduire à ne sélectionner ni les animaux manquant de type, ni les animaux hypertypés. La quête du beau peut parfois conduire à une dérive qui incite à sélectionner les animaux extrêmes en type, c’est à dire hypertypés. Selon Guintard et Class (2017), si on sélectionne beaucoup d’animaux ayant des caractéristiques extrêmes, on aboutit à l’apparition d’hypertypes. Au début, et avec l’habituation il est difficile de remarquer le phénomène, mais au bout de plusieurs générations, on peut voir un changement morphologique de la population.
Pourquoi voit-on de plus en plus d’hypertypes ?
Ce phénomène de mode est en expansion. D’après l’AFVAC (2019), l’hypertype est alimenté :
- par la demande croissante des propriétaires d’animaux qui recherchent des compagnons originaux ou présentant des caractéristiques attendrissantes ou hors-normes (très petits, très grands…) ;
- par la sélection effectuée par certains éleveurs qui ne considèrent pas l’hypertype comme une erreur de sélection car les animaux hypertypés se vendent facilement ;
- par la demande du grand public, et des juges en expositions qui récompensent certains animaux extrêmes en type, et également par l’utilisation dans des publicités d’animaux hypertypés ;
- ou encore par l’engouement que suscitent ces animaux dans les médias.
L’hypertype est-il toujours contraire au bien-être animal ?
Selon Guintard et Class (2017), non, l’hypertype n’est pas systématiquement synonyme de douleur ou de maladie. Mais parfois, les critères de sélections poussés à l’extrême sont dangereux et peuvent dans certains cas conduire à de la souffrance pour l’animal.
Quelles sont les conséquences de l’hypertype pour l’animal ?
Les conséquences de l’hypertype sont variées et dépendent du ou des caractères qui sont exagérés chez l’animal.

Les animaux hypertypés peuvent souffrir de problèmes respiratoires, de problèmes dentaires, de problèmes lors des mises-bas chez les chiennes, lorsque le nez est trop raccourci et/ou la tête trop globuleuse. Selon Pacheteau (2020), sont très concernées par ce phénomène les races brachycéphales qui correspondent à des animaux aux cranes plus large que long. On peut citer comme exemples de races le persan pour le chat, ou chez les chiens le bouledogue français ou anglais.
Les animaux hypertypés peuvent souffrir d’une compression ou de malformations de la moelle épinière lorsque leur boite crânienne est réduite. C’est le cas des races pour lesquelles on a privilégié des caractères néoténiques, c’est-à-dire qui rappellent un aspect juvénile (tête ronde, grands yeux), comme le cavalier King Charles.
Certains animaux hypertypés sont prédisposés aux ulcères de la cornée et aux luxations oculaires à cause de leurs yeux proéminents, comme chez les carlins et pékinois hypertypés.
Les animaux hypertypés avec une queue raccourcie et en tire-bouchon sont souvent associés à des anomalies vertébrales. On retrouve ces caractéristiques chez le carlin hypertypé.
Des difficultés de locomotion sont observées quand les membres postérieurs de l’animal sont trop droits. On peut citer le chow-chow hypertypé.
Des maux de dos apparaissent lorsque le dos est trop long et que les pattes sont trop courtes, ce qui arrive le plus souvent chez les teckels et bassets présentant un hypertype.
Chez certains extrêmes, une sensibilité plus forte à développer une dysplasie de la hanche et des problèmes locomoteurs sont engendrés par une ligne du dos trop affaissée. Problème que l’on retrouve chez le berger allemand hypertypé.
Des dermatites, inflammation de la peau, peuvent avoir pour origine les plis excessifs de la peau. Généralement observé chez le shar-pei hypertypé.
L’hypertype peut également générer des troubles de l’expression des comportements. On retrouve par exemple une incapacité à adopter la posture « en arc » pour l’appel au jeu chez les hypertypes teckels et bassets. Parfois, les animaux hypertypés perdent la fonction pour laquelle ils avaient été sélectionnés en premier lieu. Des poils trop longs par exemple empêchent l’animal d’exprimer pleinement son aptitude à la chasse. C’est le cas du setter anglais hypertypé.
Voici une fiche récapitulative sur l’hypertype et les moyens de le repérer :

L’hypertype a-t-il des répercussions sur le propriétaire ?
Selon la dépêche vétérinaire (2019), les conséquences se répercutent également sur le propriétaire qui peut se voir contraint d’apporter des soins à vie et qui peut avoir recours à des chirurgies coûteuses pour son animal. C’est le cas de la réduction du voile du palais qui est trop long et gène la respiration chez certains chiens brachycéphales hypertypés ou encore de la sténose des narines (rétrécissement des narines), où l’animal a de trop petites narines pour respirer convenablement. Il s’agit également d’un problème sociétal car des animaux hypertypés ont plus de risques d’être abandonnés. Ainsi, on observe que le nombre d’animaux hypertypés abandonnés est anormalement élevé.
Comment lutter contre ce phénomène ?
Selon l’AFVAC (2019), il faut sélectionner des sujets dans le type du standard de race et considérer l’hypertype comme une erreur de sélection, mais aussi encourager la suppression de la publicité mettant en scène des individus hypertypés afin de réduire l’engouement pour ces animaux, et veiller à ce que les ventes soient conformes à la législation. L’ensemble de la profession vétérinaire se mobilise également pour sensibiliser les propriétaires d’animaux de compagnie contre les hypertypes. Tous les acteurs depuis le propriétaire jusqu’à l’éleveur, en passant par les vétérinaires, les associations professionnelles, les fédérations des livres des origines, les juges, les médias doivent agir de concert pour lutter contre l’hypertype.
Texte par Claire Missana, étudiante à VetAgro Sup
Illustrations par la Chaire BEA
Pour aller plus loin, n’hésitez pas à écouter notre interview de Marie Abibtol, vétérinaire, enseignante-chercheuse en génétique, consultante en médecine préventive à l’école vétérinaire de Lyon (VetAgro Sup) et membre de la commission scientifique de la Société Centrale Canine et du Livre Officiel des Origines Féline. :
Pour télécharger les deux fiches au format pdf
Sources :
- GUINTARD C., CLASS A., 2017. Hypertypes et standards de races chez le chien : une histoire d’équilibre. Bulletin de l’Académie Vétérinaire de France 170(5)
- Dépêche vétérinaire numéro 1507 (2019) : https://www.depecheveterinaire.com/hypertypes-stopper-la-selection-d-animaux-en-souffrance_67974F7FB572B3.html
- Hypertypes : l’AFVAC s’engage contre les hypertypes (2019) https://afvac.com/l-association/dossiers/l-afvac-s-engage-contre-les-hypertypes
- Site internet de la FECAVA : Federation of European Companion Animal Veterinary Associations séction Healthy Breeding : https://www.fecava.org/policies-actions/healthy-breeding-3/
- Thèse morgane MICHEL (Lyon) « Hypertypes chez les chiens et chats de race »
- Article écrit par Maud LAFON dans supplément ASV du pointvétérinaire de juin 2018 « Hypertypes canins : un sujet d’importance vétérinaire »
- Article « Hypertypes : stopper la sélection d’animaux en souffrance » de décembre 2019 du pointvétérinaire
- Article « « Hypertypes : un fléau pour la santé des chiens et chats » par Claude Pacheteau
- Site internet de la centrale canine https://www.centrale-canine.fr/articles/le-lof
- Site internet de la fédération cynologique internationale : http://www.fci.be/fr/Presentation-de-notre-organisation-4.html
- Article de Claude PACHETEAU (2020) https://www.santevet.com/articles/hypertypes-un-fleau-pour-la-sante-des-chiens-et-chats