Prendre soin de sa vache ? Tout à fait ! Mais comment assurer le bien-être de ses bovins ? Cela nécessite en réalité de se placer du point de vue de l’animal ! En effet, les bovins ont des capacités cognitives[1] qui leur sont propres et qui doivent être prises en compte lors de toute interaction avec eux ou pour aménager leur environnement.
Pour prendre en compte la cognition propre aux bovins, il s’agit de s’intéresser :
- à leur système sensoriel, on parle alors de monde perceptif,
- à leurs capacités d’apprentissage et de mémoire,
- à leur orientation spatiale et à leurs capacités de navigation,
- à leurs capacités de communication et de language,
- à leurs capacités émotionnelles,
- à leur raisonnement et à la manière dont ils prennent des décisions.
Tout un programme donc !
S’intéresser à leur monde perceptif suppose de se demander comment les bovins perçoivent le monde au moyen de leurs cinq sens. Pour en apprendre plus sur le sujet, nous vous invitons à consulter la fiche espèce que nous avons réalisée sur les bovins et qui aborde ce point.
Les bovins ont également des capacités de discrimination et de reconnaissance : ils sont capables de faire la différence entre plusieurs formes de base telles qu’un trait, un triangle, un cercle, un carré ou deux traits parallèles. Ils sont également capables de faire la distinction entre plusieurs espèces et peuvent reconnaître des individus familiers parmi d’autres ! On estime que les bovins sont capables de reconnaître jusqu’à 70 congénères. Il en est de même avec les humains : les bovins peuvent différencier deux individus.
Par ailleurs, les bovins ont des capacités d’apprentissage par le biais de l’habituation, de la sensibilisation et du conditionnement. Ils peuvent ainsi s’habituer à un stimulus (en apprenant à ne pas réagir par exemple au bruit du tracteur) ou au contraire se sensibiliser à un stimulus (en prenant de plus en plus peur à chaque fois que le tracteur démarre). Ils peuvent encore se conditionner (en assimilant la présence humaine à la distribution de nourriture ou à la dispense de grattage).
Les bovins ressentent bien entendu tout un panel d’émotions ! Ils font ainsi en sorte de :
- Minimiser leur exposition aux situations qui génèrent des émotions négatives (peur, frustration, détresse, anxiété)
- Maximiser leur exposition aux situations qui génèrent des émotions positives (plaisir, joie)
Les bovins expriment leurs émotions via leur comportement et leur réponse physiologique. Pour comprendre l’émotion d’un bovin, on observe les postures de l’animal, son niveau d’activité (si le bovin est calme ou agité), ses expressions faciales, ses vocalisations, etc. Le suivi d’indicateurs physiologiques permet également d’évaluer ses émotions. Par exemple, en cas de peur, la fréquence cardiaque et respiratoire des bovins s’élève, ils sécrètent de l’adrénaline et de glucocorticoïdes (comme le cortisol).
Les bovins, en fonction de leur état affectif, peuvent être optimistes ou pessimistes ! Ainsi, si le bovin est dans un état affectif plutôt négatif, il aura tendance à percevoir négativement une situation ambiguë.
Pour achever ce rapide tour d’horizon, les bovins étant des êtres sociaux, ils ont besoin d’évoluer au sein d’un groupe de congénères. A l’intérieur de ce groupe, chaque vache a des relations préférentielles avec les vaches avec lesquelles elle se sent en confiance. Partant de là, il est important de prendre en compte le phénomène de contagion sociale : une vache stressée transmet son stress aux autres mais est apaisée par un groupe de congénères calmes, d’autant plus qu’ils sont proches.
Pour avoir un aperçu de l’ensemble de ce qui se passe dans la tête de votre vache, nous vous partageons cette fresque réalisée pour le LIT Ouesterel[2] par François Boissel. Elle aborde non seulement les besoins physiologiques et comportementaux des bovins mais évoque aussi certains modes d’élevage !
[1] « La cognition correspond aux mécanismes par lesquels les individus (animaux, ou humains) acquièrent, traitent, mémorisent, et se comportent à partir d’informations de l’environnement” Alice De Boyer Des Roches, Maître de conférence en zootechnie et bien-être animal.
[2] Pour en apprendre davantage sur le LIT Ouesterel et son projet en faveur du bien-être animal, vous pouvez consulter cette interview.
à retenir
- Les besoins physiologiques et comportementaux d'une vache sont nombreux et spécifiques
- Leur monde sensoriel, capacités d’apprentissage et de mémoire, orientation spatiale, capacités de communication et émotionnelles ainsi que la manière dont elles prennent des décisions sont autant de spécificités à connaître pour mieux les comprendre.
CHIFFRE CLÉ
c’est le nombre d’amies qu’une vache peut avoir