FAUX
mais cela peut être stressant !
à retenir
- La tonte n'est pas douloureuse en soi si elle est réalisée par un professionnel, et elle est même nécessaire pour le mouton car il ne perd pas sa laine naturellement
- Elle nécessite toutefois une immobilisation qui peut être source de stress pour le mouton
- Suite à la tonte, il faut prendre des précautions pour que le mouton n'ait pas froid !
- Des labels garantissent que la laine que vous achetez provient d'un élevage respectueux du bien-être animal
L’hiver est là, Noël approche, et vous songez à offrir ce beau pull en laine Mérinos que vous avez repéré. Mais vous vous demandez peut-être quels sont les liens entre laine et bien-être du mouton.
Le saviez-vous ?
Les moutons ne sont pas les seuls animaux à produire de la laine! On parle également de laine pour les chèvres, les alpagas mais aussi les lapins, voire les chiens !
Pas de douleurs...
Revenons-en aux basiques, la laine, c’est quoi ?
Il s’agit d’une fibre d’origine animale, le plus souvent de moutons, de chèvres ou de lamas et correspondant à un type particulier de poils produit par ces espèces.
Elle est généralement récoltée à l’aide d’une tondeuse électrique, un peu comme une tondeuse à barbe ou à cheveux (mais en plus puissant !).
En termes de douleur donc, la récolte de la laine est similaire à un passage chez le coiffeur chez les humains : il s’agit simplement de couper des poils.
... mais pas sans risques pour autant
Cependant, la tonte ne doit pas être effectuée sans précautions. Elle peut blesser l’animal si elle n’est pas réalisée par un professionnel. Les lames des tondeuses ou des forces peuvent notamment couper la peau de l’animal si elles sont mal positionnées.
De fait, pour éviter les blessures, cette opération requiert l’immobilisation de l’animal (contention) et son isolement du reste du groupe, deux manipulations qui sont généralement source de stress pour l’animal[1][2]. La tonte provoque ainsi un pic détectable pendant une heure environ par analyse sanguine des différents marqueurs de stress[3].
Dans les semaines suivant la tonte, d’autres mesures concernant le confort de l’animal doivent également être prises, en termes de confort thermique (voir ci-après) ou de couchage, celui-ci étant facilité sur un sol dur par la présence de laine.
De nombreuses recherches ont pour but de développer des méthodes pour réduire au maximum ce stress au moment de la tonte et les jours qui la suivent.
Le saviez-vous ?
Offrir un couchage adapté aux bêtes les jours suivants leur tonte aide les moutons à récupérer plus rapidement [4]
Et ils n'ont pas froid après ?
Vous vous en doutez, un animal tondu résistera moins bien aux températures faibles qu’un animal recouvert de laine[5]. Tondre un animal modifie en effet sa zone de neutralité thermique (voir notre précédente idée reçue à ce sujet).
Dans de mauvaises conditions climatiques, il est en effet possible qu’un mouton subisse un stress thermique si son environnement n’est pas adapté. Il est donc recommandé de tondre ses animaux plutôt au début du printemps qu’en plein hiver et ainsi leur permettre de mieux s’adapter à l’environnement.
Help! @rspcaact needs help from a sheerer immediately to hopefully save this sheep we just rescued! #Canberra #CBR pic.twitter.com/427j1ZN40E
— Tammy Ven Dange (@tvendange) September 2, 2015
En 2015, un mouton mérinos australien a été retrouvé dans un état critique 5 ans après s’être échappé d’un élevage, avec plus de 40 kg de laine sur le dos !
L'importance de la tonte pour le bien-être
Si l’ancêtre du mouton, le mouflon, perd sa laine pour réguler sa température (il mue), le mouton d’élevage a été sélectionné au cours de sa domestication et ne la perd plus naturellement.
Il a donc besoin d’être tondu régulièrement ou il risque l’hyperthermie[6] (le « coup de chaud ») ou des infections (le surplus de laine favorisant le développement des bactéries).
Ce n’est pas tout, la laine est un matériau qui capte très bien l’humidité. En cas de pluie, la toison va ainsi se gorger d’eau que le mouton devra transporter, pouvant provoquer problèmes au dos et aux articulations.
Les labels
Des labels existent comment le Responsible Wool Standard ou le ZQ Wool Standard qui garantissent que la laine provient d’élevage respectant le bien-être des animaux (ainsi que d’autres critères écologiques et sociaux). Attention cependant, d’autres labels ne garantissent que la qualité de la laine, pas le bien être des animaux l’ayant produite.
Assurez-vous par exemple que la laine mérinos provient d’animaux qui n’ont pas subi de mulesing, une pratique qui consiste à amputer à vif une partie de la zone autour de la queue des moutons, et ce, afin de réduire les risques d’infections par des mouches (flystrike). Cette pratique encore utilisée en Australie est refusée par la plupart des grandes marques et est interdite dans de nombreux pays.
Privilégiez donc les marques vous offrant une traçabilité la plus complète sur les pays d’origine de la laine et les méthodes utilisées par les élevages. Cependant, les marques indiquent le plus souvent le pays de filature (la transformation de la laine en fil) et celui-ci peut différer de l’origine de l’animal.
En conclusion
La tonte est une pratique d’élevage nécessaire pour la santé des animaux. Cependant, elle n’est pas sans risques en termes de bien-être et doit être pratiquée par un professionnel, dans de bonnes conditions et au bon moment de l’année.
Pour vos achats de Noël (et du reste de l’année !), il vaut donc mieux privilégier les marques qui mettent en avant le bien-être animal comme un objectif, éventuellement à l’aide de labels reconnus.
Pour aller plus loin
N’hésitez pas à consulter cet article : https://www.fondation-droit-animal.org/113-la-tonte-des-animaux-bientraitance-ou-maltraitance/
[1] HARGREAVES, A.L. et HUTSON, G.D. (1990) An evaluation of the contribution of isolation, up-ending and wool removal to the stress response to shearing. Applied Animal Behaviour Science 26, 103‑113.
[2] CARCANGIU, V., VACCA, G.M., PARMEGGIANI, A., MURA, M.C., PAZZOLA, M., DETTORI, M.L. et BINI, P.P. (2008) The effect of shearing procedures on blood levels of growth hormone, cortisol and other stress haematochemical parameters in Sarda sheep. Animal 2, 606‑612.
[3] HARGREAVES, A.L. et HUTSON, G.D. (1990) The stress response in sheep during routine handling procedures. Applied Animal Behaviour Science 26, 83‑90.
[4] DE, K., KUMAR, D., MOHAPATRA, A. et SAXENA, V.K. (2019) Effect of bedding for reducing the postshearing stress in sheep. Journal of Veterinary Behavior 33, 27‑30.
[5] PICCIONE, G., CAOLA, G. et REFINETTI, R. (2002) Effect of shearing on the core body temperature of three breeds of Mediterranean sheep. Small Ruminant Research 46, 211‑215.
[6] DIKMEN, S., ORMAN, A. et USTUNER, H. (2011) The effect of shearing in a hot environment on some welfare indicators in Awassi lambs. Tropical Animal Health and Production 43, 1327‑1335
à retenir
- La tonte n'est pas douloureuse en soi si elle est réalisée par un professionnel, et elle est même nécessaire pour le mouton car il ne perd pas sa laine naturellement
- Elle nécessite toutefois une immobilisation qui peut être source de stress pour le mouton
- Suite à la tonte, il faut prendre des précautions pour que le mouton n'ait pas froid !
- Des labels garantissent que la laine que vous achetez provient d'un élevage respectueux du bien-être animal
CHIFFRE CLÉ
Il s’agit du poids de la laine qu’un mouton mérinos échappé d’un élevage avait sur le dos après 5 ans sans tonte