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Comment reconnaître les signes de douleur chez les ruminants ?

identifier les signes de douleur chez les ruminants (ovin/bovin)

Alice De Boyer des Roches est enseignante-chercheuse à VetAgro Sup et membre de la Chaire bien-être animal. Elle a créé avec deux étudiantes, Constance Girard et Chloé Petit, deux jeux pédagogiques pour apprendre à identifier les signes de douleur chez les ruminants.

Dans cette vidéo, elle présente avec Chloé Petit, d’où vient la volonté de travailler sur ce sujet et les enjeux que soulève la détection de la douleur pour les éleveurs et les vétérinaires.

Les deux jeux, l’un sur les ovins, l’autre sur les bovins sont disponibles sur notre site pour toute personne intéressée, sans prérequis ni connaissances spécifiques  !  

Retrouvez ici le jeu sérieux sur les signes de douleur des ovins : Outil pédagogique ovins 🐑
 Retrouvez ici le jeu sérieux sur les signes de douleur des bovins : Outil pédagogique bovins 🐄
Tous nos jeux sérieux sont disponibles ici : Formations – jeux sérieux

Parfois, même si le protocole de prise en charge de la douleur appliqué suit les recommandations, il se peut qu’il y ait certains individus qui ressentent plus de douleur.

Alice De Boyer Des Roches

Au programme

  • 0:08 : Pourquoi travailler sur ce sujet ?
  • 1:19 : Pourquoi reconnaître les signes de douleur des animaux ?
  • 2:35 : Pouvez-vous nous présenter l’outil pédagogique que vous avez créé ?
  • 4:26 : Pour qui l’outil a-t-il été créé ?

Retranscription

Retranscription - Apprendre à reconnaître les signes de douleur chez les ruminants

Pourquoi travailler sur ce sujet ?

Alice De Boyer Des Roches

Chercher à atteindre un niveau élevé de bien-être en élevage est l’objectif des professionnels. L’absence de douleur en fait partie intégrante. Pour améliorer le bien-être animal, la première étape consiste donc à identifier les problèmes, et en particulier la douleur, afin de pouvoir mieux la traiter.

Dans le cadre de mes activités d’enseignant-chercheur, j’ai souhaité développer un outil pédagogique utilisable aussi bien en formation initiale qu’en formation continue, à destination des éleveurs, vétérinaires et ingénieurs. Cet outil vise à aider les apprenants à reconnaître les signes de douleur chez les ruminants. Dans ce cadre, j’ai encadré deux thèses d’exercice vétérinaire : celle de Chloé Petit sur les bovins et celle de Constance Girard sur les ovins.

Chloé Petit

Je m’intéressais déjà beaucoup au comportement animal et j’ai trouvé intéressant de travailler sur la douleur des bovins. C’est un sujet très présent dans les médias et qui occupe une place centrale dans les débats sur l’élevage aujourd’hui. L’idée était d’aller au-delà d’un thème souvent décrié, et de contribuer plutôt à une approche proactive : apprendre aux éleveurs à reconnaître les signes de douleur et aider les vétérinaires à améliorer la prise en charge de la douleur chez les bovins.

Pourquoi reconnaître les signes de douleur des animaux ?

Alice De Boyer Des Roches

L’un des rôles du vétérinaire est de prendre en charge la douleur. Mais cela suppose d’abord de savoir la détecter. Même lorsque les protocoles recommandés sont appliqués, certains individus peuvent ressentir davantage de douleur : il existe en effet une variabilité interindividuelle, comme chez l’être humain. Identifier les signes de douleur permet donc d’adapter la prise en charge et de s’assurer que l’animal ne souffre pas.

Chloé Petit

Cet aspect est essentiel pour plusieurs raisons. La douleur influence directement le bien-être des animaux, mais aussi leur production, par exemple la production laitière ou le gain de poids chez les jeunes animaux. Du point de vue de la santé, détecter précocement les signes de douleur permet de prendre en charge rapidement les pathologies et d’éviter une aggravation qui rendrait l’animal impossible à soigner. Enfin, le bien-être des éleveurs est également en jeu puisque travailler avec des animaux en bonne santé et non souffrants est un facteur important pour eux.

Pouvez-vous nous présenter l'outil pédagogique que vous avez créé ?

Alice De Boyer Des Roches

L’idée était de mettre à disposition des étudiants des jeux dédiés à la détection de la douleur.

Pour le choix des photos et des vidéos, nous sommes partis de supports déjà disponibles dans le cadre de nos activités de recherche, au sein de l’équipe. Pour certains signes pour lesquels nous ne disposions pas de photos ou de vidéos, les étudiantes ont pris l’initiative, pendant leur stage, de réaliser elles-mêmes les photos et vidéos nécessaires.

Chloé Petit

Il s’agit d’un outil pédagogique au format numérique, créé sur le support « Genially ». Il est divisé en trois parties et vise à apprendre progressivement aux éleveurs et aux étudiants vétérinaires à reconnaître les signes de douleur.

La première partie présente des photos permettant d’illustrer chaque modalité comportementale. Par exemple, sur cette vache (présente dans la vidéo), on peut observer que son dos est plat, que sa queue est détendue et non plaquée contre la vulve ou entre les pattes, que son comportement alimentaire est normal puisqu’elle broute, et que la répartition des appuis lors de la marche est régulière, sans compensation d’un membre à l’autre. En apparence, cette vache ne montre donc aucun signe de douleur.

La deuxième partie consiste à visionner une vidéo et à identifier pour chaque partie du corps la modalité comportementale observable.

Enfin, la troisième partie se rapproche au maximum d’une situation réelle : l’apprenant regarde une vidéo de vache et doit déterminer si l’animal ressent de la douleur et quelles régions du corps expriment cette douleur.

Globalement, les retours ont été plutôt positifs. Les gens appréciaient particulièrement l’aspect très visuel, qui permettait de mieux ancrer les connaissances. Le seul point négatif concernait la longueur de l’outil, qui nécessite tout de même environ 2 à 3 heures pour être complété.

Pour qui l'outil a-t-il été créé ?

Alice De Boyer Des Roches

Concrètement, ce jeu sera mis à disposition des étudiants vétérinaires et accessible sur le site de la Chaire Bien-Être Animal, donc à toutes les personnes intéressées par ces questions.

Chloé Petit

Le premier niveau du jeu reprend les bases, en abordant toutes les régions du corps, donc il ne nécessite pas de prérequis particuliers.

J’aimerais que cet outil soit développé pour d’autres espèces et d’autres émotions, car il a un vrai potentiel. Pour l’instant, il a été conçu pour la douleur des bovins et des moutons, mais il pourrait également être étendu aux chiens et aux chats, et plus largement à toutes les espèces que nous soignons, afin d’apprendre à mieux lire leurs comportements.

à retenir

Parfois, même si le protocole de prise en charge de la douleur appliqué suit les recommandations, il se peut qu’il y ait certains individus qui ressentent plus de douleur.

Alice De Boyer Des Roches