

Non, pas exactement !
En moyenne, une poule pond un œuf toutes les 24 à 26 heures et fait des pauses de temps en temps. Ce rythme de ponte n’est jamais parfaitement constant : il varie selon la génétique de la poule, évolue au cours de sa vie et selon des facteurs environnementaux. Pour maintenir une production régulière, la poule a besoin d’au moins 12 heures de lumière par jour et d’une température ambiante inférieure à 30°C. C’est pourquoi la ponte ralentit naturellement quand les jours raccourcissent (à l’automne, avec un minimum de ponte en hiver) ou lors de périodes de fortes chaleurs.
à retenir
- À son pic de ponte, la poule pond un œuf toutes les 24 à 26h.
- Pour pondre, la poule a besoin d'au moins 12h de lumière par jour et d'une température ambiante inférieure à 30°C.
- En élevage, les poules pondent généralement entre 280 et 320 œufs par an et ont souvent des carrières courtes.
Production et consommation
Production et consommation d’œufs en France
Production
57 millions de poules sont élevées pour leurs œufs sur le territoire français, ce qui fait de la France le premier pays producteur d’œufs de l’Union européenne. En 2023, la filière française poules pondeuses a produit 99% des œufs consommés en France[1]. La filière reste toutefois exposée à des aléas : l’influenza aviaire, par exemple, a entraîné une diminution de la production d’œufs en France en 2022[2]. La France n’est pas le seul pays concerné : aux États-Unis, l’épidémie d’influenza aviaire qui sévit depuis 2022 a déjà touché plus de 170 millions de volailles (infectées ou abattues par mesure de précaution)[3], principalement des poules pondeuses, entre février 2022 et janvier 2025. Cela a entraîné une baisse significative de l’offre en œufs et une forte augmentation du prix moyen des œufs début 2025.
Ces dernières années, la filière poules pondeuses a entrepris la conversion des élevages en cages aménagées vers des systèmes alternatifs (sol, plein air et biologiques) pour répondre aux engagements de la grande distribution et de nombreux opérateurs qui, face à la demande sociétale, ont pris la décision d’arrêter la commercialisation des œufs coquille issus d’élevage en cages aménagées (code 3) d’ici fin 2025[4]. Si le nombre de poulaillers reste constant et s’ils ne sont pas agrandis, cette conversion entraînerait une diminution de la capacité d’accueil des poulaillers, avec une perte estimée de 2,5 à 3 millions de places (chaque place représentant l’espace nécessaire pour une poule) en France. En effet, dans les élevages en cages aménagées, chaque poule doit disposer d’au minimum 750 cm², contre environ 1 000 cm² par poule dans les bâtiments des élevages au sol ou en plein air. Passer d’un élevage en cages aménagées à un élevage au sol ou en plein air réduit donc le nombre de poules par bâtiment.
Consommation
En 2023, la consommation annuelle d’œufs d’un Français était en moyenne de 224 œufs, soit 24 de plus qu’en 2013[5]. Cela représente un peu plus de quatre œufs consommés par semaine. Cette consommation prend en compte les œufs coquilles consommés et les œufs transformés présents dans des produits alimentaires (ovoproduits). Les ovoproduits représentaient 41% de la consommation annuelle d’œufs en 2023, soit environ 92 œufs par Français.
Si la production et la consommation d’œufs en France sont étroitement liées aux choix des consommateurs, aux modes d’élevage et au nombre de poules en production, elles dépendent avant tout d’un élément central : la poule pondeuse elle-même. C’est son rythme biologique qui détermine, œuf après œuf, le volume de production. Comprendre les mécanismes de formation des œufs permet donc de mieux saisir les enjeux et les limites de la filière.
Domestication et rôle de la ponte
Les poules ont été domestiquées il y a plusieurs milliers d’années à partir du Coq doré (G. gallus spadiceus), une espèce de Phasianidés originaire d’Asie du Sud-Est. Chez cet ancêtre sauvage, le cycle de reproduction naturel se limite à une seule couvée par an, composée de moins de six œufs.
La poule domestique (G. gallus domesticus), quant à elle, peut pondre toute l’année. Cette capacité constitue la première preuve identifiée de la disparition de la ponte saisonnière[6], résultat d’une sélection artificielle faite par l’humain au fil du temps sur ce critère.
Par ailleurs, la production d’œufs ne nécessite pas obligatoirement la présence d’un coq : la poule peut pondre seule. En l’absence de fécondation, les œufs produits ne donneront pas de poussins[7]. Ce sont ces œufs non fécondés qui sont destinés à la consommation.
Formation de l’œuf
La formation de l’œuf
À l’âge adulte, la poule possède plusieurs milliers de follicules ovariens, qui contiennent chacun un ovule. Ces follicules se développent uniquement dans l’ovaire gauche de la poule, qui est le seul fonctionnel ! L’ovaire droit est non fonctionnel chez toutes les poules. Dans l’ovaire gauche, des follicules se mettent à grossir, pour former, en une dizaine de jours, le jaune d’œuf appelé vitellus. Une fois mûr, le vitellus est libéré de l’ovaire dans l’oviducte (ovulation), un conduit d’environ 65 cm où l’œuf va continuer de se former.
En quelques heures, dans la partie de l’oviducte appelée le magnum, le blanc d’œuf (l’albumen) se constitue autour du vitellus, qui tourne sur lui-même afin de rester centré.
L’œuf continue ensuite son chemin dans l’oviducte et arrive dans une nouvelle partie, l’isthme, où deux membranes coquillières se forment à partir de carbonate de calcium.
Arrivé dans l’utérus, l’œuf prend sa forme ovoïde et continue de tourner pour permettre la formation de la coquille de manière homogène. Toujours dans l’utérus, la coquille d’œuf est colorée grâce à des pigments.
Une fois toutes ces étapes terminées, l’œuf est expulsé par la dernière partie de l’oviducte, le cloaque : c’est l’oviposition. Cette étape dure en moyenne 30 à 45 minutes, en fonction de la race de la poule[8], pendant laquelle la poule est sur le nid.
Il faut compter en moyenne 24 à 26 h entre l’ovulation du jaune et la ponte de l’œuf[9].

Le saviez-vous ?
En France, les œufs bruns sont les plus couramment consommés, tandis qu’aux États-Unis, ce sont majoritairement des œufs blancs. Cette différence est liée à la race des poules élevées : en France, les élevages utilisent principalement des poules rousses, comme la Rode-Island, qui pondent des œufs bruns. Aux États-Unis, on privilégie plutôt des races comme la White Leghorn, à plumage blanc, qui pondent des œufs à coquille blanche.
Comportement de ponte
Le comportement de ponte
La construction du nid est un besoin comportemental essentiel chez la poule. Avant de pondre, elle manifeste ce comportement en grattant le sol ou la litière, en se retournant dans le nid et, si possible, en collectant de la litière pour l’aménager. Pour être utilisé, le nid doit avoir une localisation, une couleur, un éclairage et un sol attractifs. Si ces conditions ne sont pas réunies, les poules peuvent pondre hors du nid et les œufs doivent être ramassés manuellement par l’éleveur, ce qui constitue une charge de travail supplémentaire.
Un œuf pondu hors du nid est un œuf dont on ne connait pas la date de ponte. En élevage, il est donc automatiquement déclassé comme impropre à la consommation humaine. Il peut être utilisé pour d’autres usages, comme l’alimentation animale. De plus, ces œufs sont souvent salis, cassés ou mangés par les poules ce qui les rend non commercialisables, entrainant une perte pour l’éleveur[10],[11].
Facteurs influençant la ponte
Chez la poule, les ovulations peuvent se succéder presque chaque jour, ce qui permet la ponte d’un œuf par jour pendant plusieurs jours d’affilée. On parle alors de « série de ponte ». Ces séries sont toutefois entrecoupées des « jours de pause » qui sont des jours sans œuf. Une série de ponte dure en moyenne une dizaine de jours. Cependant, les poules pondeuses actuelles, hyperspécialisées pour la ponte, peuvent faire des séries de plus de 100 jours[12].
Au cours de la vie de la poule
Les poules commencent généralement à pondre autour de 17 à 18 semaines de vie, après leur puberté. Elles atteignent ensuite leur pic de ponte vers l’âge de 28 semaines, période durant laquelle leur production d’œufs est la plus élevée. Au moment du pic de ponte, les poules vont pondre environ 9 jours sur 10. À partir de 44 semaines, la ponte commence progressivement à diminuer : c’est la phase de persistance de ponte. Les poules continuent ensuite de pondre jusqu’à environ 75 à 76 semaines (soit jusqu’à environ un an et demi), âge auquel elles sont souvent amenées à l’abattoir ou parfois adoptées à des particuliers[13].

Le saviez-vous ?
Une poule de réforme est une poule pondeuse âgée de plus de 18 mois, issue d’un élevage, qui est généralement destinée à l'abattoir. Elle peut parfois être adoptée par des particuliers. Bien qu'elle continue à pondre, son rythme de ponte est moins élevé qu’en élevage.
Chez les particuliers, les poules peuvent avoir une espérance de vie pouvant aller jusqu’à 12 ans. Cependant, leur production d’œufs diminue progressivement à partir de l’âge de 3 ans, pour s’arrêter entre 6 et 8 ans, selon la race.
Au cours de l’année
Les poules ont besoin d’une photopériode d’environ 12 heures de lumière par jour pour maintenir leur rythme de ponte. À l’automne et durant l’hiver, comme les journées sont plus courtes, la production d’œufs diminue naturellement. De même, en cas de fortes chaleurs, au-delà de 30°C, les poules réduisent leur consommation alimentaire, ce qui affecte à la fois la quantité et la qualité des œufs produits.
Une fois adulte (à partir de 18 mois d’âge), les poules peuvent entrer en période de mue, un phénomène naturel durant lequel elles renouvellent une partie de leur plumage. Lors de la mue, la production d’œufs s’arrête pendant environ 3 semaines. Une fois la mue terminée, la ponte reprend et la production d’œufs est améliorée par rapport à la période précédant la mue et la quantité d’œufs pondus par poule est augmentée[14]. Ce phénomène n’est pas « visible » en élevage de poules pondeuses du fait de la jeunesse des poules élevées.
🐔 Focus sur la mue des poules

La mue est le moment où les poules perdent et renouvellent naturellement leurs plumes. Ce phénomène, tout à fait normal chez les oiseaux, s’accompagne généralement d’un arrêt temporaire de la ponte.
Dans la nature, la mue survient généralement à l’automne, après la période de reproduction et la période d’incubation et précède la migration chez les oiseaux sauvages. Dans les élevages en dehors de l’Union européenne[15], elle peut être déclenchée volontairement, pour permettre aux poules de « faire une pause », mais cela passe par une réduction drastique de leur alimentation et de leur accès à l’eau. Cela leur permet de retrouver de l’énergie, de meilleures performances et une meilleure qualité d’œufs pour un nouveau cycle de ponte.
Influence de la génétique
Un autre critère qui détermine la production d’œufs par une poule est la génétique. La variabilité génétique naturellement présente entre les poules a été utilisée pour réaliser une sélection des individus les plus productifs. Cette sélection a permis de faire émerger des lignées commerciales particulièrement performantes, capables aujourd’hui de pondre plus de 300 œufs par an. Parmi ces lignées, on retrouve l’Isa Brown par exemple.
La sélection porte notamment sur l’âge à la puberté : plus les poulettes (jeunes poules n’ayant pas encore atteint la maturité sexuelle) atteignent leur puberté jeunes, plus elles commenceront à pondre tôt. Un autre critère porte sur la persistance de ponte, c’est-à-dire la capacité des poules à maintenir une production d’œufs élevée sur une période prolongée. Allonger les carrières de ponte permettrait de réduire le nombre total d’animaux élevés tout en conservant un niveau de production équivalent[16].
Influence des systèmes d’élevage
Les méthodes d’élevage influencent le rythme et la quantité d’œufs pondus. En bâtiment, les conditions optimisées (alimentation, lumière artificielle, sélection) permettent presque de maintenir le rythme de ponte d’un œuf par jour pendant toute la période de ponte. Pour maintenir les poules en production, une photopériode stable de 14h à 16h de lumière par jour est mise en place dans les bâtiments.
Outre la durée de lumière, le moment où celle-ci est éteinte (naturelle ou artificielle) joue un rôle de « déclencheur » pour l’ovulation. L’ovulation aura lieu environ 6 heures après l’extinction des lumières. Dans les bâtiments fermés, il est donc possible d’utiliser cet effet physiologique pour décaler la ponte tout au long de la journée en déplaçant la période d’éclairage, et donc le moment de l’ovulation des poules. Cela peut être utilisé pour modifier la période de collecte des œufs.
Dans des systèmes d’élevage plus extensifs, notamment en plein air, les variations naturelles de lumière ne permettent pas un rythme de ponte aussi soutenu que pour des élevages uniquement en bâtiment. Dans le cahier des charges bio, il est précisé que la lumière naturelle peut être complétée artificiellement pour assurer un maximum de 16h de luminosité par jour, avec une période de repos nocturne en continu sans lumière artificielle d’au moins 8h.
La composition de l’œuf dépend principalement de l’alimentation des poules, et non du système d’élevage. Ainsi, la bonne image des œufs « plein air » chez les consommateurs repose davantage sur une perception positive du mode d’élevage que sur de réelles différences nutritionnelles ou qualitatives. La couleur du jaune d’œuf, liée à l’apport en caroténoïdes, est par contre généralement plus intense chez les poules ayant accès à un parcours extérieur, même si leur alimentation est identique, que chez celles élevées en cages aménagées. Cependant, les œufs issus d’élevages conventionnels peuvent aussi paraître plus colorés en raison de l’ajout de pigments rouges dans l’alimentation[17].
Conclusion
Le rythme de ponte d’une poule, bien qu’en moyenne d’un œuf toutes les 24 à 26 heures, varie en fonction de nombreux facteurs biologiques et environnementaux. La génétique de la poule, son âge, la durée du jour ou encore la température de l’environnement impactent sa physiologie et sa capacité à produire des œufs.
En élevage, pour maintenir la production, ces variations peuvent être partiellement maîtrisées. Les pondeuses sont sélectionnées pour commencer à pondre tôt, ont souvent des carrières courtes et sont réformées jeunes, après un seul cycle de ponte, afin d’éviter la baisse naturelle de performance liée à l’âge. Au final, en élevage, une poule pond entre 280 et 320 œufs par an.
Cependant, si ces pratiques permettent d’optimiser le rendement tout en répondant aux exigences du marché, elles soulèvent aussi des questions sur l’équilibre entre bien-être animal, rentabilité économique et durabilité des systèmes d’élevage.
Pour résumer
[1] Pour découvrir d’autres chiffres clés de l’élevage de poules pondeuses en France, vous pouvez consulter notre fiche élevage à ce sujet !
[2] Influenza aviaire : la situation en France
[3] Centers for Disease Control and Prevention (CDC) – H5 Bird Flu: Current Situation
[4] Caractéristiques et avenir du parc bâtiment pondeuses en cages – ITAVI
[5] Dossier de presse juin 2024 – CNPO
[6] Peters, C., Richter, K. K., Wilkin, S., Stark, S., Mir-Makhamad, B., Fernandes, R., … & Spengler III, R. N. (2024). Archaeological and molecular evidence for ancient chickens in Central Asia. Nature communications, 15(1), 2697.
[7] Pour en savoir plus, consultez notre Idée reçue à ce sujet : Faut-il un coq pour qu’une poule ponde des œufs ?
[8] Bécot, L., Bédère, N., & Pascale, L. E. (2021). Sélection sur la ponte des poules en systèmes alternatifs à la cage. INRAE Productions Animales, 34(1), 1-14.
[9] Sauveur, B. (1988). Reproduction des volailles et production d’oeufs. Quae.
[10] Bécot, L. (2023). Sélectionner des poules pondeuses adaptées à des systèmes d’élevage alternatifs à la cage (Doctoral dissertation, Agrocampus Ouest).
[11] Michel, V., Arnould, C., Mirabito, L., & Guémené, D. (2007). Systèmes de production et bien-être en élevage de poules pondeuses. INRAE Productions Animales, 20(1), 47-52.
[12] Bécot, L., Bédère, N., & Pascale, L. E. (2021). Sélection sur la ponte des poules en systèmes alternatifs à la cage:(Full text available in English). INRAE Productions Animales, 34(1), 1-14.
[13] Bécot, L. (2023). Sélectionner des poules pondeuses adaptées à des systèmes d’élevage alternatifs à la cage (Doctoral dissertation, Agrocampus Ouest).
[14] Travel, A., Nys, Y., & Lopes, E. (2010). Facteurs physiologiques et environnementaux influençant la production et la qualité de l’œuf. INRAE Productions Animales, 23(2), 155-166.
[15] European Commission – Overview report Protection of the welfare of laying hens at all stages of production
[16] Bécot, L. (2023). Sélectionner des poules pondeuses adaptées à des systèmes d’élevage alternatifs à la cage (Doctoral dissertation, Agrocampus Ouest).
[17] Travel, A., Nys, Y., & Lopes, E. (2010). Facteurs physiologiques et environnementaux influençant la production et la qualité de l’œuf. INRAE Productions Animales, 23(2), 155-166.
à retenir
- À son pic de ponte, la poule pond un œuf toutes les 24 à 26h.
- Pour pondre, la poule a besoin d'au moins 12h de lumière par jour et d'une température ambiante inférieure à 30°C.
- En élevage, les poules pondent généralement entre 280 et 320 œufs par an et ont souvent des carrières courtes.
CHIFFRE CLÉ
Temps entre chaque ponte d’une poule