à retenir
- L’enrichissement du milieu désigne les modifications qui visent à complexifier l’environnement des animaux : il fournit de l’information, stimule l’animal et augmente sa propension à l’explorer.
- L’enrichissement vient en complément et non en remplacement de la satisfaction des besoins élémentaires.
- L’enrichissement induit des effets positifs à court (émotions positives) et à long termes (adaptabilité, résilience)
Dans une revue bibliographique parue au cours de l’été 2024, Isabelle Veissier et ses collègues[1] dressent un état des lieux des connaissances scientifiques en matière d’enrichissement du milieu. L’équipe de la Chaire vous en propose ici un résumé vulgarisé.
Au sein des élevages, l’environnement dans lequel évoluent les animaux est souvent plus pauvre en stimulations que l’habitat naturel. Si la législation impose qu’il réponde à leurs besoins biologiques de base (manger, dormir, boire, etc.), elle n’impose pas souvent des enrichissements qui permettraient des expériences cognitives variées pour les animaux.
Définition de l'enrichissement
Qu'est-ce que l'enrichissement ?
L’enrichissement du milieu désigne les modifications qui visent à complexifier l’environnement des animaux, appauvri par la captivité.
En effet, un environnement pauvre, même s’il permet la satisfaction des besoins fondamentaux, peut ne pas permettre une expression complète du répertoire comportemental de l’animal et être source d’ennui, ce qui peut mener au développement de comportements anormaux (stéréotypies, agressivité, apathie, etc.). D’abord développé pour améliorer les capacités cognitives des animaux détenus en captivité dans les zoos ou pour la recherche scientifique, l’enrichissement du milieu est, de manière plus récente, appliqué aux animaux d’élevage pour réduire l’ennui et les comportements anormaux qui vont avec.
Types d'enrichissement
Différents types d'enrichissement
L’enrichissement physique peut se traduire par le fait d’ajouter des objets/substrats dans l’enclos d’un animal ou de structurer l’espace avec des séparations. Cette dernière option, en définissant des aires aux fonctions distinctes, permet d’encourager le déplacement et l’exploration des différentes zones car, à la différence d’un espace ouvert, tout n’est pas visible au premier coup d’œil. Elle permet également aux individus subordonnés d’éviter les dominants, limitant ainsi les agressions, notamment au moment des repas.
L’enrichissement cognitif vise à stimuler les capacités cognitives de l’animal. La cognition désigne les processus mentaux permettant d’acquérir de la connaissance (perception, raisonnement, mémoire, langage, etc.). L’enrichissement prend alors la forme de tâches à résoudre. Il s’agit par exemple des jeux éducatifs pour chiens que ces derniers doivent faire rouler ou secouer pour laisser tomber une friandise.
L’enrichissement social ou relationnel consiste à offrir la possibilité d’interagir avec des congénères ou des animaux d’autres espèces, y compris l’humain. En effet, les possibilités d’interactions sont vraiment importantes pour les espèces sociales telles que les animaux de ferme. Les jeunes animaux sont particulièrement sensibles à leur environnement social qui, lorsqu’il est adapté, permet le développement de compétences sociales et cognitives indispensables.
A l’inverse, l’isolement pendant cette période peut générer des animaux incapables de reconnaitre et comprendre les signes sociaux et les rendre plus agressifs. Il augmente également la réactivité aux événements stressants, favorise les comportements d’anxiété et réduit les capacités cognitives. Il a ainsi été démontré que les chevaux hébergés individuellement expriment moins de comportements anormaux lorsqu’ils peuvent avoir des contacts physiques et visuels avec des congénères via des cloisons partiellement ouvertes[9]. Les contacts avec les soigneurs peuvent également jouer un rôle d’enrichissement social, particulièrement en l’absence de contact avec des congénères.
Ainsi, chevreaux[10] et porcelets[11] qui expérimentent des contacts humains positifs ne sont pas seulement plus attirés par l’humain : ils sont aussi moins réactifs lorsqu’ils sont isolés, ce qui suggère que le contact humain affecte leur réactivité émotionnelle.
Le saviez-vous ?
Les stéréotypies se définissent comme des comportements répétitifs, invariants, sans but ni fonction apparente. Exemple : le félin en captivité qui réalise des mouvements de va et vient dans son enclos, l’oiseau qui s’arrache ses propres plumes (autopicage), le cheval qui se balance d’un antérieur sur l’autre (tic à l’ours), etc.
L’enrichissement du milieu peut ainsi prendre des formes très variées : il peut être sensoriel, physique, social, occupationnel, cognitif, basé sur l’alimentation ou un mélange de tout cela. Par ailleurs, un type d’enrichissement n’exclut pas un autre et l’introduction d’un nouvel aliment peut par exemple constituer à la fois un enrichissement alimentaire et sensoriel.
Quelques exemples simples d’enrichissement :
- Diffusion de musique dans un bâtiment d’élevage
- Mise à disposition d’un nouvel aliment (fruit, légume, fourrage) en complément de la ration quotidienne
- Installation de brosses pour que les animaux puissent se gratter
- Interactions positives avec l’humain.
Mais alors, toute modification de l’environnement en faveur du bien-être animal peut-elle être considérée comme un enrichissement ?
Amélioration ou enrichissement ?
Amélioration ou enrichissement du milieu ?
L’enrichissement a d’abord été décrit comme « Toute amélioration du fonctionnement biologique des animaux captifs résultant de modifications de leur environnement »[12]. Pourtant, on le distingue désormais des modifications qui, certes améliorent le bien-être animal, mais qui permettent simplement de répondre aux besoins ou aux préférences de l’animal[13]. C’est le cas par exemple lorsque l’on fournit du substrat aux poules afin qu’elles puissent prendre des bains de poussière.
L’enrichissement va au-delà, en induisant un changement/un ajout dans l’environnement qui fournit de l’information (sensorielle, sociale, etc.) que l’animal perçoit et peut traiter. Pour obtenir cette information, l’animal doit avoir recours à l’investigation, l’expérience ou la pratique. Ainsi, l’enrichissement est efficace si, de par des propriétés spécifiques liées à sa complexité, il stimule l’animal et augmente sa propension à explorer. Si l’on reprend l’exemple des poules évoqué plus haut, il peut s’agir par exemple de déposer de petits ballots de paille au sol dans les bâtiments d’élevage : en plus de répondre à certains besoins fondamentaux en offrant un perchoir et une zone de repos (les animaux apprécient se coucher contre), les ballots de paille stimulent l’exploration en incitant les poulets à piquer les brins de paille.
En d’autres termes, les aménagements réalisés pour enrichir l’environnement d’un animal ne sauraient pallier un environnement sous-optimal : ils viennent donc en complément et non en remplacement de la satisfaction des besoins élémentaires.
Alors que l’amélioration de l’environnement va avoir un impact positif direct sur l’animal, l’enrichissement du milieu a, en complément, un effet indirect et différé qui s’étend au-delà du temps passé au contact de l’objet en question. Cette différence tient au fait que l’enrichissement, à la différence de l’amélioration, est une modification de l’environnement qui permet aux animaux d’acquérir des capacités qu’ils seront en mesure de mobiliser plus tard.
Effets de l'enrichissement
Quels sont les effets de l’enrichissement du milieu sur les animaux ?
Comme nous l’avons vu précédemment, l’enrichissement du milieu a tout d’abord un impact direct et immédiat sur l’animal. Il induit une réduction de l’occurrence de comportements anormaux et de l’agressivité. En stimulant sa curiosité, il pousse l’animal à l’exploration : ainsi, l’ajout d’éléments nouveaux ne favorise pas seulement l’exploration de ces éléments mais encourage l’animal à mieux explorer son environnement dans son ensemble !
Le saviez-vous ?
On appelle contrafreeloading le phénomène selon lequel un animal préfère fournir un effort pour obtenir une récompense alimentaire plutôt que d’accéder librement à cette même récompense. Ce mécanisme a été mis en évidence chez de nombreuses espèces (rongeurs, oiseaux, primates) y compris des animaux d’élevage (chèvres, génisses).
Bien que très surprenant, il aurait pour fonction de s’assurer que la tâche permet toujours d’obtenir la récompense. En agissant de la sorte, l’animal collecte de l’information qui pourrait lui être utile en cas de changement dans l’environnement : il s’agit donc d’un comportement adaptatif[17].
Ce concept est à mettre en parallèle avec les notions de prévisibilité et de contrôle de l’environnement, perçues positivement par les animaux.
Cette recherche active d’informations induit également de nombreux effets sur le long terme : diminution de la néophobie (c’est-à-dire une diminution de la peur de la nouveauté, ce qui se traduit par une augmentation de la curiosité), meilleures performances d’apprentissage et de mémorisation des informations, développement de meilleures stratégies et flexibilité comportementale (facilité à changer de stratégie).
En stimulant le développement cérébral et la prolifération des cellules et de leurs connexions, l’exploration de l’environnement induit donc une amélioration de l’ensemble des capacités cognitives de l’animal et de meilleures capacités d’adaptation à l’environnement.
Sachant cela, quels stimuli choisir en pratique et dans quelles conditions les rendre accessibles aux animaux pour un maximum d’efficacité ?
Eléments clefs pour la mise en place
Les éléments clefs pour mettre en place un enrichissement efficace
Nature du stimulus
Le stimulus peut être naturel ou artificiel : il n’est pas nécessaire d’utiliser des éléments du milieu de vie naturel de l’animal. Ainsi, un pointeur laser, bien qu’il n’ait aucune signification biologique pour les poulets, constitue un enrichissement efficace pour ces derniers.
Plus que le stimulus en lui-même, c’est la façon d’interagir avec lui qui doit respecter le comportement naturel de l’animal et utiliser la capacité sensorielle privilégiée de l’espèce : par exemple, alors que les poulets vont interagir préférentiellement avec leur bec et les cochons avec leur groin, les primates vont quant à eux explorer un objet prioritairement avec leurs mains.
Important
Il est primordial de s’assurer que l’élément ajouté dans l’environnement des animaux en guise d’enrichissement n’est pas susceptible de les mettre en danger (blessures, maladies, intoxications, etc.)
Par ailleurs, la complexification de l’environnement par l’ajout de stimuli n’améliore pas toujours le bien-être animal : on comprend aisément qu’ajouter l’odeur d’un prédateur dans l’enclos de proies n’est pas vecteur d’émotions très positives…
Pourtant, sans aller dans des cas aussi extrêmes, le stimulus utilisé peut être positif, neutre mais aussi, de manière modérée, négatif. En effet, un des facteurs qui semble distinguer le stress positif (challenge) du stress négatif (impasse) induit par une tâche semble être la capacité de l’animal à faire face à la situation, à trouver la solution.
Efficacité du stimulus
Pour que l’enrichissement soit efficace, la tâche à laquelle est soumise l’animal, la difficulté à laquelle il est confrontée, doit donc impérativement être en adéquation avec ses capacités cognitives et comportementales. Cette adaptation du niveau de difficulté est primordiale : si la tâche est trop simple, l’animal va s’en désintéresser, si elle est trop complexe, elle peut générer de l’anxiété.
Ainsi, l’efficacité de l’enrichissement repose à la fois sur sa complexité et sa variabilité. La complexité se définit par le nombre de caractéristiques nécessaires pour décrire l’enrichissement (nombre d’objets ajoutés dans l’enclos, nombre de matières différentes qui composent l’objet, diversité des stimulations sensorielles, nombre de congénères ajoutés, etc.).
La variabilité est également un facteur clé car elle assure un flot continu d’acquisition d’informations. L’habituation peut survenir rapidement et ainsi limiter les effets de l’enrichissement. En conséquence, il convient de réaliser des vérifications régulières sur l’intérêt que les animaux portent aux enrichissements et s’ils interagissent avec et, le cas échéant, de les changer régulièrement.
Enfin, il est à noter qu’un enrichissement peut être efficace même si son temps d’accès est limité !
Exemples d’enrichissements efficaces en élevage
Le centre de référence de l’Union européenne pour le bien-être des ruminants et équidés (EURCAW Ruminants & Equines) a réalisé des fiches thématiques, récemment traduites en français, qui présentent les enrichissements ayant un effet significatif sur le bien-être de chaque espèce :
🐄 Enrichissement environnemental pour les bovins
🐎 Enrichissement environnemental pour les équidés
🐑 Enrichissement environnemental pour les moutons
🐐 Enrichissement environnemental pour les chèvres
🐔 Enrichissement environnemental pour les volailles (bientôt disponible)
Adaptation individuelle du stimulus
S’il existe des grands principes valables à l’échelle de l’espèce, il est important de garder à l’esprit que le bénéfice de l’enrichissement dépend de l’individu. Il convient donc de trouver le bon équilibre entre curiosité et néophobie.
En effet, lorsqu’il exprime de la curiosité, l’animal dépense de l’énergie et prend des risques (celui de s’intoxiquer en consommant un aliment nocif, celui de se blesser, celui de se faire agresser, etc.) : la curiosité a donc un coût ! A l’inverse, la néophobie, du grec ancien néos (« nouveau ») et phóbos (« fuite, peur ») donc littéralement « la peur de ce qui est nouveau », est un mécanisme de protection contre des atteintes potentielles. Les animaux expriment donc de la curiosité lorsque les bénéfices supposés sont jugés plus importants que les risques. Cela expliquerait par exemple pourquoi des brebis gestantes, à qui l’on propose le fourrage habituel de manière simultanée dans l’auge habituelle et dans un nouveau système (filet à foin), délaissent le nouveau dispositif alors que des brebis non gestantes l’utilisent dès le premier jour. Les animaux à forts besoins énergétiques seraient alors moins curieux car moins enclins à prendre des risques.
En plus du stade physiologique, l’âge semble également un facteur important à prendre en compte : les jeunes sont susceptibles de profiter davantage des bénéfices d’un enrichissement car ils ont notamment tendance à être plus curieux et à bénéficier d’une meilleure plasticité cérébrale que les animaux adultes.
Il convient donc d’observer attentivement les réactions des animaux aux enrichissements proposés et de les adapter en conséquence.
Conclusion
L’enrichissement du milieu a pour but de fournir aux animaux des opportunités d’acquérir de l’information en interagissant de manière active avec leur environnement. À court terme, ce processus d’acquisition de l’information induit des émotions positives chez les animaux qui sont alors plus enclins à explorer leur environnement. Ceci a pour conséquence, à plus long terme, de stimuler leurs capacités cognitives (apprentissage, mémoire) et d’améliorer ainsi leurs capacités à s’adapter à leur environnement. Mieux armés pour gérer de futurs changements, les animaux qui bénéficient d’enrichissements font preuve d’une plus grande adaptabilité et sont ainsi plus résilients.
Si l’efficacité des enrichissements mis en place dépend de l’espèce, et impose donc une bonne connaissance de celle-ci, elle ne suffit pas : en effet, les préférences varient d’un individu à l’autre mais également au cours de la vie de l’individu (expérience, stade physiologique, âge, etc.) ! Il convient donc de s’adapter à chacun en fonction des signes de bien-être ou de mal-être exprimés.
[1] Université Clermont Auvergne, INRAE, VetAgro-Sup, UMR Herbivores
[2] Uetake, K., Hurnik, J.F., Johnson, L., 1997. Effect of music on voluntary approach of dairy cows to an automatic milking system. Applied Animal Behaviour Science 53, 175–182.
[3] Lourenço da Silva, M.I., Almeida Paz, I.C.d.L., Jacinto, A.S., Nascimento Filho, M.A., Oliveira, A.B.S.d., Santos, I.G.A.d., Mota, F.d.S., Caldara, F.R., Jacobs, L., 2023. Providing environmental enrichments can reduce subclinical spondylolisthesis prevalence without affecting performance in broiler chickens. Plos One 18, e0284087.
[4] Lesimple, C., Reverchon-Billot, L., Galloux, P., Stomp, M., Boichot, L., Coste, C., Henry, S., Hausberger, M., 2020. Free movement: a key for welfare improvement in sport horses? Applied Animal Behaviour Science 225, 104972.
[5] Palstra, A.P., Planas, J.V., 2011. Fish under exercise. Fish Physiology and Biochemistry 37, 259–272.
[6] Garrett, K., Beck, M.R., Marshall, C.J., Maxwell, T.M.R., Logan, C.M., Greer, A.W., Gregorini, P., 2021. Varied diets: implications for lamb performance, rumen characteristics, total antioxidant status, and welfare. Journal of Animal Science 99, skab334.
[7] Thorne, J.B., Goodwin, D., Kennedy, M.J., Davidson, H.P.B., Harris, P., 2005. Foraging enrichment for individually housed horses: practicality and effects on behaviour. Applied Animal Behaviour Science 94, 149–164.
[8] Correa, M.G., Rodrigues e Silva, C.F., Dias, L.A., da Slva Rocha Junior, S., Thomes, F.R., Alberto do Lago, L., de Mattos Carvalho, A., Faleiros, R.R., 2020. Welfare benefits after the implementation of slow-feeder hay bags for stabled horses. Journal of Veterinary Behavior 38, 61–66.
[9] Cooper, J.J., McDonald, L., Mills, D.S., 2000. The effect of increasing visual horizons on stereotypic weaving: implications for the social housing of stabled horses. Applied Animal Behaviour Science 69, 67–83.
[10] Boivin, X., Braastad, B.O., 1996. Effects of handling during temporary isolation after early weaning on goat kids’ later response to humans. Applied Animal Behaviour Science 48, 61–71.
[11] Lucas, M.E., Hemsworth, L.M., Butler, K.L., Morrison, R.S., Tilbrook, A.J., Marchant, J. N., Rault, J.L., Galea, R.Y., Hemsworth, P.H., 2024. Early human contact and housing for pigs – part 1: responses to Humans, novelty and isolation. Animal 18, 101164.
[12] Newberry, R.C., 1995. Environmental enrichment: Increasing the biological relevance of captive environments. Applied Animal Behaviour Science 44, 229–243.
[13] Veissier, I., Lesimple, C., Brunet, V., Aubé, L., Botreau, R. Rethinking environmental enrichment as providing opportunities to acquire information. Animal, 2024. https://doi.org/10.1016/j.animal.2024.101251
[14] Franks, B., Champagne, F., Higgins, E., 2013. How enrichment affects exploration trade-offs in rats: implications for welfare and well-being. Plos One 8, e83578.
[15] Wood-Gush, D.G.M., Vestergaard, K., 1991. The seeking of novelty and its relation to play. Animal Behaviour 42, 599–606.
[16] Watson, S.L., Shively, C.A., Voytko, M.L., 1999. Can puzzle feeders be used as cognitive screening instruments? differential performance of young and aged female monkeys on a puzzle feeder task. American Journal of Primatology 49, 195–202.
[17] Inglis, I.R., Forkman, B., Lazarus, J., 1997. Free food or earned food ? A review and fuzzy model of contrafreeloading. Animal Behaviour 53, 1171-1191 https://doi.org/10.1006/anbe.1996.0320