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Les colliers électriques et étrangleurs sont positifs pour les chiens et leur éducation, VRAI ou FAUX ?

FAUX

Ces dispositifs peuvent avoir un impact négatif sur le bien-être physique et psychologique du chien et ne se montrent pas forcément plus efficaces que les méthodes dites positives.

à retenir

Les colliers électriques et étrangleurs sont parfois utilisés pour l’éducation des animaux de compagnie. Cependant, des études récentes, ainsi que la pratique vétérinaire, ont montré que ces dispositifs pouvaient avoir un impact négatif sur le bien-être des chiens. Par ailleurs, leur efficacité et plus globalement l’efficacité des méthodes d’éducation dites « négatives » ou « coercitives » est aujourd’hui remise en question. 

Connaître l’impact de ces dispositifs sur le bien-être animal ainsi que leur utilité potentielle est d’autant plus important que la loi interdit actuellement les méthodes d’éducation susceptibles d’induire des blessures ou des souffrances inutiles pour l’animal. Une proposition de loi vient par ailleurs d’être votée à l’Assemblée nationale dans le but d’interdire l’usage des colliers électriques et étrangleurs. Pour consulter notre décryptage du texte :

En parallèle des éléments de bibliographie, Elodie Contamin, vétérinaire comportementaliste, nous partage son expérience de terrain et nous expose son point de vue concernant les colliers électriques et étrangleurs. 

Colliers électriques, étrangleurs et à pointes : de quoi parle-t-on ?

Les colliers électriques sont des outils qui envoient une impulsion électrique à l’animal lorsqu’il effectue un comportement jugé inapproprié. Les colliers les plus couramment utilisés sont généralement de trois sortes : 

  • Les colliers qui sont déclenchés à distance par le propriétaire au moyen d’une télécommande,
  • Les colliers anti-aboiement qui envoient automatiquement une impulsion électrique lorsque le chien aboie,
  • Les colliers anti-fugue qui envoient automatiquement une impulsion électrique lorsque le chien franchit une certaine zone géographique. 

Les colliers étrangleurs sont généralement utilisés avec l’objectif d’empêcher un animal de trop tirer en laisse et de lui apprendre la marche au pied. Ils fonctionnent selon le même principe qu’un nœud coulissant : plus l’animal tire, plus le collier se resserre en créant un étranglement supposé le faire réagir et diminuer sa traction sur la laisse. Les colliers étrangleurs sont généralement de deux sortes : 

  • Simples, souvent constitués d’une chaîne
  • A pointes dits « torquatus » : les pointes sont dirigées en direction du corps de l’animal. Dans ce cas, en plus de l’effet d’étranglement, la pression des pointes sur la peau augmente avec la traction. 

Ces outils destinés à supprimer un comportement indésirable se fondent sur ce que l’on nomme le « conditionnement opérant ». Cette méthode d’apprentissage, notamment développée par le psychologue B. F. Skinner, consiste en l’association d’un stimulus, positif ou aversif, en réponse à un comportement de l’animal, afin de le conditionner. Le stimulus peut être appliqué selon un principe de renforcement ou de punition, le but étant de rendre plus probable (pour le renforcement) ou moins probable (pour la punition) le fait que le comportement soit exprimé de nouveau. 

Les colliers électriques et étrangleurs s’appuient sur deux techniques en particulier :

  • La punition positive : application d’un stimulus aversif (l’impulsion électrique) pour faire cesser un comportement jugé inapproprié. On emploie ici le terme de « positive » car on ajoute un stimulus. Si on retirait un stimulus (par exemple enlever un jeu au chien pour le punir), on parlerait de punition négative
  • Le renforcement négatif : application d’un stimulus aversif qui est supprimé une fois le comportement souhaité obtenu. Par exemple : dans le cas du collier étrangleur, l’étranglement (stimulus aversif) du chien est maintenu jusqu’à ce qu’il arrête sa traction sur la laisse.

Dans tous les cas, on constate que l’usage de colliers électriques ou étrangleurs correspond à une méthode d’éducation basée sur l’application de stimuli aversifs et sur un principe de coercition, plutôt que sur un principe de coopération. C’est la raison pour laquelle ils relèvent de pratiques d’éducation dite « négatives » ou « coercitives », par opposition à des pratiques d’éducation dite « positives », basées sur des stimuli positifs et des récompenses. 

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L’éducation positive a pour objectif que l’animal apprenne dans le plaisir. L’apprentissage est alors plus plaisant et facile et il permet de créer du lien et de la coopération entre l’humain et l’animal. 

ELODIE CONTAMIN, VETERINAIRE COMPORTEMENTALISTE

Quelle proportion de propriétaires recourt à ces dispositifs ?

Selon une étude de 2018, en France, 26% des propriétaires interrogés déclaraient avoir eu recours à un collier électrique sur leur chien[1]. Par ailleurs, selon un rapport émis en 2022 par le Centre national de référence pour le bien-être animal (CNR BEA), si la plupart des professionnels de l’éducation canine interrogés (81%) ont déclaré ne pas être d’accord avec l’idée que « le collier de rappel (électrique, électrostatique ou citronnelle) s’il est bien appliqué n’altère pas le bien-être du chien », un peu moins de 19% restaient toutefois d’accord avec l’idée que ce type de collier n’impactait pas le bien-être du chien.  En outre, si environ 90 % des éducateurs ont affirmé ne jamais avoir recours à un collier électrique ou électrostatique, 10% des éducateurs déclaraient l’utiliser. Enfin, concernant les colliers à pointes, un peu moins de 6% ont indiqué en faire usage et pour les colliers étrangleurs, ce chiffre monte à environ 17%. Ainsi, au total près d’un quart des professionnels interrogés ont affirmé recourir à un collier étrangleur, qu’il soit simple ou à pointes[2].

Si l’usage des colliers électriques et étrangleurs semble minoritaire chez les particuliers et les professionnels de l’éducation canine, il n’en demeure pas moins que certains d’entre eux les utilisent encore. Ces derniers paraissent ainsi ne pas considérer, dans une utilisation régulière, l’usage des colliers électriques et étrangleurs comme susceptibles d’infliger à l’animal des blessures ou des souffrances inutiles au sens de la loi[3].  

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J’observe quand même, au niveau de ma clientèle, une diminution du nombre de personnes qui ont eu recours à ce genre de dispositifs avant de me consulter. Je pense que les gens sont de plus en plus sensibilisés.

ELODIE CONTAMIN, VETERINAIRE COMPORTEMENTALISTE

Quels sont les effets de l’usage de tels colliers sur votre animal ?

L’usage d’un collier électrique ou étrangleur est-il susceptible d’avoir un impact négatif sur la santé physique et psychique du chien ?

Effets possibles des colliers électriques et étrangleurs sur la santé physique du chien

Selon l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC), les colliers électriques conduisent dans près de 10% des cas à des « conséquences physiques spectaculaires allant jusqu’à des brûlures avec nécrose de la peau »[4]. L’AFVAC note d’ailleurs que ces lésions peuvent apparaître en quelques décharges (en fonction de l’humidité de l’air, de la peau du chien) et ne sont pas forcément le résultat d’une utilisation fréquente. Par ailleurs, selon une étude, les chiens soumis à l’impulsion électrique montrent fréquemment des signes de douleur(vocalisation, queue basse, etc.)[5].

Concernant les colliers étrangleurs, la pratique vétérinaire met en évidence qu’ils sont susceptibles de causer plusieurs types d’effets cliniques : hématomes, déformation de la trachée, etc. Par ailleurs, il semblerait qu’une pression exercée sur la nuque tend à augmenter la pression intra-oculaire du chien, pouvant potentiellement causer des lésions oculaires sur le long terme. Les chiens avec une cornée fine ou des glaucomes sont particulièrement susceptibles d’être à risque[6]. Si globalement peu d’études scientifiques semblent avoir été publiées sur les colliers étrangleurs, on peut toutefois mentionner une étude de cas parue en 2013. Celle-ci fait état d’un berger allemand qui sous l’effet de la strangulation causée par son collier étrangleur, a dû être euthanasié suite à un œdème cérébral, certainement causé par la compression des vaisseaux sanguins empêchant la bonne irrigation de son cerveau[7]

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Dans certains clubs canins, des clients m’ont rapporté une pratique qui pose réellement problème : on suspend le chien au bout de la laisse avec les pattes qui ne touchent plus le sol. Outre l’étranglement et la douleur que le collier induit, cela peut également occasionner des lésions au niveau des cervicales (déplacement vertébral, hernie discale) que j’ai pu observer dans ma pratique. Il s’agit dans ce cas de réelle maltraitance animale. 

ELODIE CONTAMIN, VETERINAIRE COMPORTEMENTALISTE

Les colliers électriques et étrangleurs sont donc susceptibles d’avoir un impact négatif sur la santé physique du chien, en causant divers types de lésions

Effets possibles des colliers électriques et des méthodes coercitives sur la santé mentale du chien

En outre, il semble que l’usage des colliers électriques tend à augmenter le stress de l’animal, ce que montrent les marqueurs physiologiques (augmentation du rythme cardiaque et du cortisol salivaire et ce d’autant plus que la décharge est imprévisible du point de vue du chien)[8] et les marqueurs psychologiques (comportements de stress[9]. Ces signes comportementaux de stress peuvent se manifester même en dehors du contexte d’entraînement[10]. De façon plus générale, dans le cadre de pratiques d’éducation négatives (ou dite « coercitives »), basées sur des stimuli aversifs, les chiens tendent à montrer davantage de signes physiques de stress[11]

Quelle est l'efficacité des colliers électriques et des méthodes coercitives ?

Nous l’avons vu, en France en 2018, une part non négligeable de propriétaires de chien semblent encore utiliser les colliers électriques. Parmi eux, 58% des propriétaires utilisateurs recommanderaient leur usage. Par ailleurs, 51%des utilisateurs de colliers électriques de dressage avec télécommande et 25% des utilisateurs des colliers anti-aboiement les jugeaient efficaces[12].

Pour autant, plusieurs études tendent à remettre en question leur efficacité. Ainsi, une étude de 2020 réalisée sur 63 chiens a montré que l’utilisation du collier électrique, y compris par des professionnels, n’apparaît pas plus efficace que l’éducation positive et n’entraîne pas moins de désobéissance[13].  Les chocs électriques tendent en outre à être inefficaces quand le chien présente une forte motivation à réaliser un comportement (par exemple dans le cadre d’une agression)[14]. Une étude a même montré un risque de fugue plus élevé chez des chiens pourvus d’un collier électrique anti-fugue en comparaison avec ceux disposant d’une clôture classique[15]. Selon, l’étude de Masson et al. de 2018 déjà citée, 15% des utilisateurs d’un collier électrique anti-fugue avouaient que le comportement indésirable était encore présent et 15% jugeaient que ce comportement était même pire qu’auparavant. Pour les colliers anti-aboiement, un total de 35% reconnaissait soit l’échec du dispositif soit une détérioration du comportement. Concernant les colliers électriques de dressage, un peu plus de 30% des propriétaires avouaient que le comportement indésirable réapparaissait lorsque le chien ne portait pas son collier

Par ailleurs, l’intensité de la décharge efficace pour stopper le comportement inapproprié apparaît difficile à définir. En effet, il existe un risque d’augmentation des effets négatifs listés plus hauts sur le chien en cas d’impulsion trop forte, ou un risque d’habituation en cas d’impulsion trop faible. Dans ce dernier cas, cela signifie que le chien s’habitue à l’impulsion électrique qui n’a alors plus d’effet sur lui. 

Le chien est également susceptible d’assimiler le choc électrique à tous les stimuli présents au moment de la décharge, y compris le propriétaire ou l’éducateur[16]. Il existe même un risque d’agression redirigée sur un humain[17] ou un animal présent, avec donc un risque de morsure accru.  

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On a des chiens qui deviennent peureux, instables au niveau émotionnel, et ce d’autant plus que le collier est souvent utilisé n’importe comment. Cette instabilité augmente les risques d’agressivité ainsi que l’imprévisibilité du chien qui, en raison de son état de peur constante, peut mordre sans prévenir.

ELODIE CONTAMIN, VETERINAIRE COMPORTEMENTALISTE

Si à notre connaissance, l’efficacité des colliers étrangleurs n’a pas été spécifiquement étudiée, leur usage s’inscrit  dans le cadre d’une éducation dite « négative » ou « coercitive » dont l’efficacité est discutée par les chercheurs. En effet, il apparaît que le recours à une éducation négative tend à diminuer la qualité de la relation humain-chien, ce dernier étant davantage susceptible de présenter des signaux de peur en présence de son propriétaire tandis qu’un chien ayant été éduqué au moyen de renforcement positif aura tendance à être plus attentif à son propriétaire[18]. Une étude a également montré une efficacité moindre des méthodes punitives par rapport aux méthodes positives (avec récompense) pour l’apprentissage de certaines tâches comme laisser/donner un objet ou la marche au pied. Dans cette même étude, des propriétaires qui ont eu recours à des méthodes punitives, y compris ceux utilisant une combinaison de punitions et récompenses, ont rapporté avoir davantage de problèmes de comportements avec leur chien par rapport à ceux ayant recours à des méthodes uniquement positives[19]. Enfin, l’usage de méthodes coercitives est susceptible d’augmenter le risque d’agressions du chien sur l’humain[20]

Pour conclure

Il semble donc que l’usage des colliers électriques et étrangleurs peut non seulement avoir un impact négatif sur la santé mentale et physique des chiens, mais aussi se révéler inefficace. Cette inefficacité peut conduire le propriétaire à augmenter l’intensité de la décharge ou de l’étranglement, ce qui est susceptible d’impacter fortement l’état de santé du chien. Enfin, la dégradation potentielle du comportement du chien (agressivité, imprévisibilité, dégradation de la relation humain-chien) peut conduire à son abandon, ou à son euthanasie (en cas d’agressivité). 

Aujourd’hui, de nombreux professionnels sont favorables à l’interdiction de ce type  de dispositifs. L’AFVAC a émis un avis motivé en novembre 2022 sur l’impact physique et psychique de l’utilisation des colliers dits de « dressage » (colliers électriques, étrangleurs et à pointes) et de nombreuses associations font campagne pour bannir l’utilisation de ces colliers. C’est notamment le cas de la Fondation Brigitte Bardot qui a largement appuyé la proposition de loi visant à interdire leur usage.

Pour résumer

Interview d’Elodie Contamin, vétérinaire comportementaliste

Pour compléter notre propos, nous vous proposons une interview d’Elodie Contamin, vétérinaire comportementaliste qui nous expose son point de vue concernant les colliers électriques et étrangleurs. 

Avez-vous souvent affaire à des propriétaires de chiens ayant recours aux colliers électriques ou étrangleurs ?

Ce n’est pas systématique mais cela m’arrive effectivement. Et quand c’est le cas, on observe toujours des dégâtsau niveau du comportement des chiens. On a des chiens qui deviennent peureux, instables au niveau émotionnel, et ce d’autant plus que le collier est souvent utilisé n’importe comment. Cette instabilité augmente les risques d’agressivité ainsi que l’imprévisibilité du chien qui, en raison de son état de peur constante, peut mordre sans prévenir. J’ai également eu affaire à deux propriétaires qui utilisaient un collier électrique et qui se sont faits mordre par leur chien. Dans ce cas précis, le chien appréhendait tellement le port du collier qu’il a attaqué son propriétaire quand celui-ci a essayé de le lui mettre. Concernant les colliers étrangleurs, les propriétaires qui me rapportent y avoir eu recours sont peu nombreux mais systématiquement, ils me font part de l’inefficacité de la méthode pour apprendre la marche au pied.

Je tiens quand même à préciser que j’observe quand même, au niveau de ma clientèle, une diminution du nombre de personnes qui ont eu recours à ce genre de dispositifs avant de me consulter. Je pense que les gens sont de plus en plus sensibilisés. Plusieurs de mes clients sont venus me voir parce qu’ils ont été choqués de certaines méthodes employées par certains éducateurs en coercitif, ce que j’observais beaucoup moins auparavant. Par ailleurs, je constate une forme de gêne désormais de la part des clients qui m’avouent avoir eu recours à un collier électrique. Cela montre que l’usage de ces dispositifs va moins de soi qu’il ne pouvait l’être par le passé. 

Avez-vous observé des signes cliniques induits par l’utilisation de ces dispositifs ? Si oui, lesquels ?

On observe effectivement, en plus de l’état anxieux généralisé, diverses lésions sur les chiens : des brûlures pour des chiens porteurs d’un collier électrique et des déformations de la trachée pour ceux auxquels on applique un collier étrangleur. Dans certains clubs canins, des clients m’ont rapporté une pratique qui pose réellement problème : on suspend le chien au bout de la laisse avec les pattes qui ne touchent plus le sol. Outre l’étranglement et la douleur que le collier induit, cela peut également occasionner des lésions au niveau des cervicales (déplacement vertébral, hernie discale) que j’ai pu observer dans ma pratique. Il s’agit dans ce cas de réelle maltraitance animale

Quelles alternatives aux colliers coercitifs existe-t-il pour un chien qui fugue ou qui aboie de manière intempestive par exemple ?

Pour moi, un chien qui fugue est un chien qui s’ennuie chez lui, soit parce qu’il n’est pas suffisamment sorti, soit parce qu’il n’est pas suffisamment stimulé. Certaines races sont cependant plus prédisposées à la fugue comme les chiens de meute (type husky) et de chasse (type beagle). Ces chiens sont génétiquement plus indépendants et ont besoin de se dépenser, de courir, pister, flairer. C’est au propriétaire de réfléchir au choix de la race et d’opter pour celle qui correspond le mieux à ses possibilités d’implication. Si malgré tout son chien a tendance à fuguer, il vaut mieux dans ce cas le laisser à l’intérieur lors de ses absences tout en lui permettant d’avoir les dépenses et les interactions sociales dont il a besoin avec son maître en extérieur. Un chien seul dans un jardin n’est pas forcément heureux, d’autant plus s’il n’en sort pas et qu’il ne se dépense pas : le jardin est simplement, dans ce cas, une prison plus grande.

Quant aux aboiements, à mon sens, c’est une des choses les plus compliquées à gérer parce qu’il existe aussi un conditionnement de l’humain, qui en pensant arrêter les aboiements interagit avec son chien et le renforce en réalité dans son comportement. Dans ce cas, il faut de la rigueur et de la régularité de la part du propriétaire, or, c’est quelque chose qui est parfois difficile à obtenir. Après, encore une fois, il faut prendre en compte le facteur génétique : les beagles, par exemple, sont des chiens génétiquement programmés pour aboyer lorsqu’ils voient une proie pour prévenir. Il s’agit réellement d’avoir conscience de tout cela au moment de l’acquisition de son chien. Un chien qui aboie est peut-être un chien qui s’ennuie, qui est en manque de dépense et d’occupation, qui vit mal les absences de son propriétaire mais aussi un chien qui alerte, parce qu’il a été génétiquement programmé pour cela ou encore un chien qui a appris à le faire pour obtenir de l’attention. Il s’agit encore une fois de faire la part des choses entre les besoins du chien, sa communication, ce qu’on est capable d’accepter de lui et l’implication que l’on est capable d’avoir pour lui. 

Comment définir l’éducation positive ?

L’éducation positive a pour objectif que l’animal apprenne dans le plaisir.  L’apprentissage est alors plus plaisant et facile et il permet de créer du lien et de la coopération entre l’humain et l’animal. Attention, l’éducation positive ne veut pas dire éducation permissive. En éducation positive, on peut mettre des contraintes au chien mais le cadre est posé de façon positive, sous forme de récompenses : par exemple on peut autoriser son chien à aller sur le canapé mais uniquement après qu’on lui ait appris à demander la permission (par exemple en lui demandant de s’assoir), on peut apprendre à son chien à être manipulé même si ce n’est pas initialement un exercice agréable pour lui. Certains chiens seront plus difficiles que d’autres pour les apprentissages. Dans tous les cas, il faut une implication de la part du propriétaire et un effort de compréhension du mode de fonctionnement de son chien, de sa communication, des facteurs qui le motivent, etc. L’éducation positive est une éducation qui prend en compte le bien-être du chien alors que les méthodes coercitives sont indéniablement un apprentissage par la peur.

[1] Masson S., Nigron I., Gaultier E., 2018. Questionnaire survey on the use of different e-collar types in France in everyday life with a view to providing recommendations for possible future regulations, Journal of Veterinary Behavior 26. https://doi.org/10.1016/j.jveb.2018.05.004

[2] « Rapport du CNR BEA sur les pratiques d’éducation canine et leurs impacts sur le bien-être des chiens »  disponible ici https://www.cnr-bea.fr/wp-content/uploads/2022/09/Rapport-CNR-BEA-Pratiques-et-outils-déducation-canine.pdf

[3] Pour en savoir plus sur la législation française concernant l’usage de ces colliers, n’hésitez pas à consulter notre décryptage : https://chaire-bea.vetagro-sup.fr/decryptage-de-la-proposition-de-loi-visant-a-interdire-les-colliers-electriques-et-etrangleurs/

[4] Par ailleurs, selon Masson et al. (2018), en se fondant sur les résultats d’un questionnaire à destination des propriétaires, les colliers anti-aboiement seraient ceux qui créent le plus de brûlures 

[5] Schilder, M.B.H., Van Der Borg, J.A.M., 2004. Training dogs with help of the shock collar: Short and long term behavioural effects. Applied Animal Behaviour Science 85. https://doi.org/10.1016/j.applanim.2003.10.004

[6] Pauli A.M., Bentley E., Diehl K.A., Miller P.E., 2006. Effects of the application of neck pressure by a collar or harness on intraocular pressure in dogs. Journal of the American Animal Hospital Association 42(3). https://doi.org/10.5326/0420207

[7] Grohmann K., Dickomeit M. J., Schmidt M. J., Kramer M., 2013.Severe brain damage after punitive training technique with a choke chain collar in a German shepherd dog, Journal of Veterinary Behavior 8 (3). https://doi.org/10.1016/j.jveb.2013.01.002

[8] Schalke E, Stichnoth J., Ott S., Jones-Baade R., 2007. Clinical signs caused by the use of electric training collars on dogs in everyday life situations. Applied Animal Behaviour Science 105(4), https://doi.org/10.1016/j.applanim.2006.11.002  

[9] Schilder et al., 2004.

[10] Schilder et al., 2004.

[11] Voir pour revue Ziv, G., 2017. The effects of using aversive training methods in dogs—A review. Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research 19, https://doi.org/10.1016/j.jveb.2017.02.004

[12] Masson et al., 2018. Il est important de préciser qu’il s’agit d’une proportion mesurée à l’aulne d’un questionnaire basé sur la perception subjective des propriétaires de chiens et non à partir de l’avis d’un professionnel connaisseur des signaux et comportements canins.  

[13] China L., Mills D.S., Cooper J.J., 2020. Efficacy of Dog Training With and Without Remote Electronic Collars vs. a Focus on Positive Reinforcement. Frontiers in Veterinary Science 7. https://doi.org/10.3389/fvets.2020.00508

[14] Polsky, R.H., 2000. Can aggression in dogs be elicited through the use of electronic pet containment systems? Journal of Applied Animal Welfare Science 3, https://doi.org/10.1207/S15327604JAWS0304_6

[15] Starinsky, N.S., Lord, L.K., Herron, M.E., 2017. Escape rates and biting histories of dogs confined to their owner’s property through the use of various containment methods. Journal of the American Veterinary Medical Association 250 (3). https://doi.org/10.2460/javma.250.3.297

[16] Schilder et al., 2004.

[17] Polsky, 2000.

[18] Deldalle, S., Gaunet, F., 2014. Effects of 2 training methods on stress-related behaviors of the dog (Canis familiaris) and on the dog-owner relationship. Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research 9 (2).https://doi.org/10.1016/j.jveb.2013.11.004

[19] Hiby, E. F., Rooney, N. J., Bradshaw, J. W. S. 2004. Dog training methods: their use, effectiveness and interaction with behaviour and welfare. Animal Welfare 13(1). https://doi.org/10.1017/S0962728600026683

[20] Herron M.E., Shofer F.S., Reisner I.R., 2009. Survey of the use and outcome of confrontational and non-confrontational training methods in client-owned dogs showing undesired behaviors. Applied Animal Behaviour Science 117. https://doi.org/10.1016/j.applanim.2008.12.011

à retenir

CHIFFRE CLÉ

19%

des éducateurs canins pensent qu’un collier électrique n’altèrent par le bien-être du chien s’il est bien utilisé

On a des chiens qui deviennent peureux, instables au niveau émotionnel, et ce d’autant plus que le collier est souvent utilisé n’importe comment. Cette instabilité augmente les risques d’agressivité ainsi que l’imprévisibilité du chien qui, en raison de son état de peur constante, peut mordre sans prévenir 

ELODIE CONTAMIN, VETERINAIRE COMPORTEMENTALISE