
À la Ferme de la Grignette, Camille Stouls élève 900 poules pondeuses en pleine forêt !
Dans cette vidéo, nous abordons avec elle les avantages et les limites de ce système d’élevage, tant pour les poules que pour l’éleveur. L’élevage en pleine forêt permet aux poules d’exprimer de nombreux comportements naturels, comme le perchage ou l’exploration, qui contribuent à leur bien-être.
Ce mode d’élevage présente cependant certaines contraintes, notamment la prédation par les rapaces et les renards, qui nécessite des aménagements spécifiques dans les parcours pour la limiter. De plus, le terrain arboré, difficilement accessible en tracteur, oblige à effectuer toutes les tâches d’entretien des poulaillers manuellement.

Dans la forêt, il va faire 10 à 15 degrés de moins, ce qui permet aux poules de continuer à évoluer sans souffrir de la chaleur.

Camille Stouls
Au programme
- 0:05 : Présentation de la Ferme de la Grignette
- 0:20 : Pourquoi avoir choisi l’agroforesterie ?
- 0:48 : Quels aménagements avez-vous mis en place en extérieur ?
- 1:18 : Nous pouvons voir des chiens parmi les poules : pourquoi ?
- 2:13 : Quels sont les bénéfices de l’agroforesterie ?
- 3:25 : Quelles difficultés avez-vous rencontré en agroforesterie ?
Retranscription
Retranscription - Un élevage de poules pondeuses en pleine forêt !
Pouvez-vous vous présenter ?

Camille Stouls
Je suis Camille Stouls et nous sommes à la Ferme de la Grignette !
Aujourd’hui, j’ai quatre bâtiments et j’accueille 300 poules par bâtiment, mais je ne garde que 900 poules à la fois.
Pourquoi avoir choisi l'agroforesterie ?

Camille Stouls
La poule est à l’origine un animal de sous-bois. Elle vient de la jungle, en Indonésie, donc plutôt d’Asie du Sud-Est. C’est un animal qui aime naturellement se percher sur les branches et qui reste très vulnérable aux prédateurs, notamment ceux venant du ciel. Du coup, elle apprécie évoluer sous les arbres.
Ici, nous sommes dans une forêt avec de grands arbres, donc tout s’est installé naturellement et je n’ai rien de particulier à faire pour l’aménagement.
Quels aménagements avez-vous mis en place en extérieur ?

Camille Stouls
L’aménagement dont vous entendez le bruit, c’est simplement la radio. Je mets la radio dans les parcours car elle aide à limiter la prédation par les rapaces, c’est ce que j’ai trouvé de plus efficace.
Je mets aussi un peu de paille pour absorber l’azote, car les fientes de poules en contiennent beaucoup, et ensuite, la végétation repousse. Bref, pas grand-chose à faire !
Nous pouvons voir des chiens parmi les poules : pourquoi ?

Camille Stouls
Je travaille aujourd’hui avec trois chiens. Dès qu’ils sentent que quelque chose ne va pas, par exemple lorsqu’ils entendent des rapaces, ils se mettent en alerte. Je les envoie alors faire le tour du parcours pour localiser l’animal et essayer de le faire fuir. Ce n’est pas efficace à 100 %, c’est pour ça que j’ai aussi mis la radio, mais ça fonctionne très bien.
Aujourd’hui, je n’ai plus d’attaques de fouine ni de renard, alors que je suis en pleine forêt et que je sais qu’il y en a beaucoup, comme me le disent les chasseurs. Il y a vraiment beaucoup de renards dans le coin.
La petite cerise sur le gâteau, c’est Balto. C’est un chien plutôt patou/border collie, et il a un rôle important : il réunit les poules. Quand je vends mes poules de réforme, je dois attraper environ 250 poules en une journée. Au bout d’un moment, elles deviennent difficiles à attraper car elles sont affolées. Et là, Balto réussit à les regrouper et à les immobiliser, ce qui me permet de les attraper une à une.
Quels sont les bénéfices de l'agroforesterie ?

Camille Stouls
Pour moi, le premier bénéfice, c’est vraiment le bien-être des poules. On traverse une période où le réchauffement climatique se fait sentir, où les étés sont de plus en plus chauds. Or, les poules ont déjà une température corporelle autour de 40 degrés. Dès qu’il fait chaud, elles vont se mettre à ventiler et auront du mal à boire ou à manger, elles se retrouvent quasiment à l’arrêt complet.
Dans la forêt, il va faire 10 à 15 degrés de moins, ce qui leur permet de continuer à évoluer sans souffrir de la chaleur. En hiver, je suis dans une forêt où les arbres perdent leurs feuilles : la lumière pénètre bien dans les parcours et elles ne souffrent pas de zones trop ombragées qui pourraient les pénaliser.
Ce qui est super dans les parcours, c’est qu’il y a plein d’arbres au sol, des branches mortes, et pendant l’hiver toutes les feuilles tombent. Elles mangent les petites merises, il y a des mûres, des ronces que je coupe, et des prunelliers sauvages. Ce n’est pas un vrai complément alimentaire, ce sont plutôt des friandises, mais ça comble vraiment leur besoin de découverte.
Quelles difficultés avez-vous rencontré en agroforesterie ?

Camille Stouls
La prédation, ça a été un très gros souci au départ, parce qu’on a mis du temps à trouver la solution. Maintenant qu’on l’a trouvée, ça va, mais ça a quand même été compliqué. Chaque fois qu’une poule disparaît, c’est une perte énorme : je perds un an, un an et demi de ponte selon son âge.
L’été dernier, je me suis même fait voler des poules : on m’en a pris 40. Malheureusement, de plus en plus d’agriculteurs subissent des vols. Ça fait partie des aléas, mais ça nous fragilise beaucoup.
Ensuite, il y a la charge de travail. Comme le terrain est très arboré, je ne peux pas utiliser de tracteur, donc je fais tout à pied et à la main. Tous les 18 mois, au moment du vide sanitaire, je dois curer les poulaillers : il y a énormément de fumier sur une cinquantaine de mètres carrés, et aujourd’hui tout est fait manuellement. Ça, c’est clairement une des choses les plus lourdes au quotidien.
C’est pour ça que je pense qu’au moment de s’installer, c’est important de se dire : “cet endroit, je vais y vivre”. Parce qu’on y passe ses journées, sept jours sur sept. Il ne s’agit pas seulement des animaux ou du bâtiment, mais de l’ensemble de l’environnement dans lequel on évolue.
à retenir
- La poule est à l'origine un animal de sous-bois venant de la jungle.
- L’élevage en forêt favorise le bien-être des poules : ombre et fraîcheur l’été, branches pour se percher, baies et végétation comme enrichissements.
- Ce mode d’élevage implique toutefois une charge de travail manuel importante en raison de l’accès limité aux bâtiments, et une vigilance accrue face à la prédation.

Dans la forêt, il va faire 10 à 15 degrés de moins, ce qui permet aux poules de continuer à évoluer sans souffrir de la chaleur.

Camille Stouls