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Cheval au pré, cheval heureux : VRAI ou FAUX ?

VRAI … à certaines conditions ! En offrant au cheval la possibilité d’exprimer davantage de comportements naturels, la vie au pré en groupe favorise son bien-être, avec la nécessité, pour le détenteur d’équidés, de respecter certains principes. 

La vie au pré en groupe, en comparaison à la vie permanente au box, améliore l’état affectif des chevaux[1]. Par exemple, des chevaux ayant accès au pré se sont révélés plus optimistes que des chevaux hébergés uniquement au box individuel : c’est-à-dire qu’ils jugeaient de manière plus positive les situations ambigües[2]. Cela suggère que la vie au pré, en leur permettant d’exprimer une plus large gamme de comportements, améliore la santé mentale des chevaux.

Alors, quelles sont les caractéristiques du pré idéal du point de vue du cheval ? 

Les besoins fondamentaux du cheval

La bonne santé et le confort physique sont des pré-requis au bien-être animal, mais ce ne sont pas les seuls : l’animal doit être dans un état affectif positif et avoir la possibilité d’exprimer les comportements spécifiques de son espèce

Chez le cheval, l’activité majoritaire est l’alimentation, à laquelle il consacre en conditions naturelles en moyenne 60% de son temps, soit 15h par jour environ. Herbivore strict, le cheval, tout en se déplaçant continuellement, consomme de l’herbe mais aussi des branches, des fruits, de l’écorce ou encore des racines.

La seconde activité la plus représentée à l’échelle d’une journée est le repos, qui l’occupe à raison de 6h non consécutives par jour. Viennent ensuite les déplacements, l’observation de l’environnement, les comportements dits de maintenance (boire, se gratter, se rouler) puis les contacts sociaux[3]. Il ne faut cependant pas s’y méprendre : si ces derniers comportements sont plus brefs et moins fréquents, cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont moins importants !

Mangez, bougez !

En permettant au cheval de se déplacer comme il le souhaite et de s’alimenter tout au long de la journée, le pré offre la possibilité d’exprimer un comportement proche de son comportement naturel. 

Chez le cheval, manger et bouger vont de pair : son alimentation est mobile, ce qui signifie que le temps que le cheval consacre au pâturage tout au long de la journée (et de la nuit !) est déjà synonyme de mouvement. A cela, s’ajoutent les déplacements pour se rendre aux différents points d’intérêts (abreuvoir, abri, râtelier à foin, etc.), qu’il peut être judicieux de ne pas concentrer en un même lieu du pré.

La distance ainsi parcourue quotidiennement augmente (de manière logarithmique) avec la surface de la pâture : à titre indicatif, la distance parcourue par un cheval au sein d’un groupe de quatre est de l’ordre de 4,7 kms par jour dans une parcelle de 0,8 ha. Elle atteint 6,1 kms lorsque cette surface atteint 4 ha[4]. De par la proximité des différentes ressources, la distance quotidienne parcourue par les chevaux en conditions domestiques est inférieure à celle parcourue par les chevaux en conditions naturelles (15-18 kms en moyenne)[5].

Le mouvement est primordial pour la santé du cheval à plusieurs égards. Il stimule notamment la circulation sanguine et lymphatique dans les membres. L’immobilité altère également la digestion qui, comme l’alimentation, est continue

En effet, pour couvrir ses besoins journaliers, un cheval moyen nourri à l’herbe en consomme environ 60 kg par jour. Il convient donc de s’assurer qu’elle est présente en quantité et en qualité suffisantes tout au long de l’année. 

Lorsqu’elle est insuffisante, du foin accompagné ou non d’un complément alimentaire doivent être apportés. En plus de l’apport énergétique nécessaire pour le métabolisme global, l’alimentation doit également satisfaire le besoin de mastiquer du cheval. Cette mastication, en plus de contribuer au bien-être psychique du cheval, stimule la production de salive, indispensable pour créer des conditions physiologiques favorables à la digestion. La quantité de salive produite dépend de la teneur en matière sèche de l’aliment et de la durée de mastication nécessaire : les aliments concentrés (granulés, floconnés) nécessitent par exemple moins de mastication et de salive que le foin. 

A l’inverse, la consommation continue et à volonté d’herbe trop riche peut altérer l’état de santé du cheval, parfois de manière irrémédiable. Il est donc indispensable d’effectuer un suivi de l’embonpoint via l’évaluation de la note d’état corporel du cheval : contrairement aux idées reçues, un cheval trop gros doit tout autant alerter qu’un cheval trop maigre !

Mais si la motivation pour l’alimentation prime de manière générale sur les autres besoins, le contexte social est primordial dans l’expression de ce déplacement volontaire : lorsqu’ils ont le choix, les chevaux sont plus enclins à rester à l’extérieur longtemps s’il y a des congénères avec eux[6].

Interagir avec des congénères

Le cheval est un animal qui vit en groupe. En permettant des interactions libres avec des congénères et le développement de liens sociaux, l’hébergement collectif a un effet positif sur leur physiologie et leur comportement, affectant de manière positive leur état de bien-être[7]. Le pré peut ainsi remplir ce besoin de sociabilité puisqu’il offre l’espace suffisant pour mettre plusieurs chevaux ensemble. Il est même indispensable que le cheval ne soit pas seul et puisse interagir avec des individus de la même espèce.

A l’état naturel, on rencontre deux types de structures sociales : le groupe familial (aussi appelé famille ou harem) et le groupe de mâles célibataires[8].

La famille repose sur un noyau de juments, qui développent des liens sociaux forts et durables, et d’un étalon. Juments et étalon partagent également des liens sociaux forts[9]. Leurs progénitures, mâles ou femelles, quittent le groupe familial d’origine lorsqu’elles atteignent la maturité sexuelle : dans l’attente de récupérer des juments d’autres familles et de constituer la leur, les jeunes mâles intègrent un groupe d’étalons célibataires.

Dans la dernière partie de sa vie, l’étalon destitué de son groupe peut rejoindre un groupe d’étalons célibataires ou opter pour une vie solitaire[10].

Pour certains détenteurs d’équidés, la mise en groupe est source d’inquiétudes, leur crainte étant que les chevaux se blessent. Or, au sein des groupes, les chevaux s’organisent selon trois grands principes : la cohésion sociale, la hiérarchie de dominance et le leadership.

  • La cohésion sociale se traduit par une proximité spatiale, des interactions agressives peu fréquentes, des interactions affiliatives (voir encadré) très fréquentes, ainsi qu’une grande tolérance mutuelle. Ces relations restent stables au cours des années[11].
  • Au sein du groupe, les chevaux sont organisés de manière hiérarchique, la hiérarchie reposant sur la dominance. Un cheval est dominant par rapport à un autre s’il a accès prioritairement à une ressource (zone d’ombre, abreuvoir, râtelier), qu’il peut attaquer sans être attaqué et que sa présence induit des réactions d’évitement sans agression apparente. Ainsi les relations de dominance permettent de résoudre sans combat des conflits pour l’accès à une ressource limitée[12]
  • Le leadership est la capacité pour un animal d’influencer le mouvement et les activités de son groupe et à être suivi rapidement[13]. Chez le cheval, le leadership n’est pas concentré sur un seul individu du groupe : chacun des membres du groupe est susceptible d’initier un déplacement collectif mais certains individus sont suivis plus rapidement que d’autres. Un animal leader n’est pas forcément dominant. Ces deux notions ne se rapportent pas aux mêmes individus et ne remplissent pas les mêmes fonctions.

L’ensemble de ces mécanismes permettent d’organiser la vie sociale du groupe et de limiter les conflits. Leur mise en place prend du temps, plusieurs jours à plusieurs semaines[14] selon les cas, et dépendent directement de la composition du groupe : l’arrivée d’un nouvel individu ou, à l’inverse, le départ définitif d’un membre du groupe rend immédiatement toutes les règles obsolètes et une nouvelle organisation doit être définie

En conséquence, la stabilité du groupe est primordiale si l’on souhaite limiter les comportements agonistiques (relatifs aux conflits) et favoriser la cohésion.

Intempéries et repos 

Le cheval n’est pas sensible de la même manière que nous aux conditions météorologiques. Il est capable d’adapter son comportement au contexte et possède des atouts naturels, à commencer par des poils dont la densité évolue au fil des saisons. La présence d’abris naturels et/ou artificiels suffisamment grands pour l’ensemble du groupe est cependant nécessaire pour garantir une adaptation et un repos efficaces. 

Il n’est pas rare de voir certains propriétaires pester à la vue de leurs chevaux, immobiles sous la pluie, alors que de beaux abris sont à leur disposition à quelques mètres de là. En effet, les chevaux, ne cherchent pas nécessairement à s’abriter par temps froid ou de pluie. En revanche, lorsque la température dépasse +20°C et que, de fait, la pression des insectes augmente[15]le nombre de chevaux qui choisissent de se rendre sous les abris artificiels peut doubler[16]

Bien que les chevaux aient tendance à préférer les abris artificiels[17], les arbres et les haies, lorsqu’ils sont suffisamment fournis, peuvent également contribuer à l’amélioration du confort thermique des chevaux au pré, aussi bien en été qu’en hiver. 

En effet, la zone de confort thermique du cheval s’étend de 5°C à 25°C environ[18]. Au-dessus de 25°C, le cheval va adapter son comportement pour éliminer l’excès de chaleur et éviter d’en produire : pâturage préférentiellement aux heures les plus fraîches, repos à l’ombre, transpiration, abreuvement accru au-delà de la consommation moyenne quotidienne de 40 litres d’eau. 

En dessous de 5°C, l’organisme doit produire de la chaleur, via le mouvement notamment, pour maintenir la température du corps du cheval. En développant un poil dense et en augmentant la quantité d’énergie consommée, le cheval peut ainsi lutter seul contre le froid, et ce jusqu’à -15°C dans certains cas.  Il n’est donc pas toujours nécessaire de couvrir le cheval au pré en hiver. Ces chiffres sont des moyennes et peuvent varier de manière importante en fonction du cheval[19], de sa race, de son âge, de son état de santé, de son poil ou encore de son utilisation.

En deçà de cette température critique minimale (-15°C), le cheval a besoin d’aide : alimentation plus riche, abri, couverture pour les chevaux tondus ou au pelage fin, etc. 

La surface de l’abri collectif au pré est également une donnée déterminante pour le repos du cheval : plus il est spacieux, plus les chevaux passent de temps en repos couché[20]. La position du décubitus latéral (cheval couché de ton son long sur le flanc) notamment, est indispensable à une vraie récupération et à la consolidation des apprentissages. 

Par ailleurs, les chevaux pouvant se déranger les uns les autres, il ne faut pas prendre comme référence la surface d’un box individuel par cheval : il est recommandé de doubler cette surface pour garantir un repos efficace de tous les individus[21].

Santé physique et mentale

Si la vie au pré présente de nombreux avantages pour le cheval, elle ne dispense en aucun cas le propriétaire de la surveillance quotidienne. L’animal y est effet plus exposé à certains risques pour sa santé : 

  • Les parasites internes et externes : les chevaux au pré et au paddock se contaminant en continu avec des parasites présents dans les crottins, il convient de réfléchir la vermifugation de manière raisonnée et collective. Celle-ci doit être adaptée à la surface, au climat et à l’âge du cheval. En plus d’assurer le suivi parasitaire, le vétérinaire peut également vous conseiller pour la gestion du pâturage (rotation des parcelles, ramassage des crottins, etc.). 
    Par ailleurs, nous avons vu précédemment que les chevaux sont très sensibles à la présence des insectes : des pièges peuvent donc être installés dans la pâture et les chevaux les plus sensibles devront être équipés de masques voire de couvertures anti-insectes prévus à cet effet.
  • Atteintes de la peau : les chevaux aussi, particulièrement ceux à la peau non pigmentée (rose), peuvent avoir des coups de soleil.
    Par temps humide, la peau au niveau du pâturon (au-dessus du sabot) notamment, peut également être mise à mal : continuellement humide et/ou couverte de boue, elle peut devenir le lieu de prolifération de bactéries, particulièrement sur les zones non pigmentées appelées balzanes. C’est ce que l’on appelle une pododermatite ou, plus vulgairement gale de boue
    Il convient de s’assurer que le pré ne présente pas d’éléments pouvant être source de blessures (grillage, morceaux de ferraille, fils électriques ou piquets de clôtures défectueux, fils barbelés, etc.). 
  • Les plantes toxiques : Plusieurs dont certaines ingérées à petites doses, de façon répétée ou unique, peuvent être mortelles. C’est par exemple le cas du Sénéçon de Jacob qui induit une hépatite. 
    Certaines plantes photosensibilisantes, lorsqu’elles sont ingérées provoquent, de manière directe ou indirecte, des lésions sur les parties non pigmentées de la peau.
  • Les maladies transmises par la faune sauvage et domestique : le gibier comme les insectes, notamment les moustiques et les tiques, peuvent être des vecteurs de maladies diverses. Pour éviter autant que possible les contacts avec ces animaux sauvages, les clôtures doivent donc être adaptées.  
    Les animaux domestiques peuvent aussi transmettre de façon indirecte des maladies aux chevaux : c’est le cas par exemple de la lawsoniose chez les poulains, transmise par les chiens ou les mini porcs.

Comme tout changement, celui du lieu de vie doit être progressif et les bénéfices ne sont pas immédiats : certains chevaux soumis au passage brutal d’un hébergement uniquement au box à un hébergement au pré en groupe (et vice-versa !) présentent des difficultés à s’adapter à nouvel environnement, particulièrement lors des premiers jours. Une vingtaine de jours de pâturage semblent nécessaires pour observer des effets bénéfiques sur l’état de bien-être des chevaux3.Enfin, lorsque l’hébergement permanent des chevaux au pré n’est pas possible, l’alternative qui consiste à laisser les chevaux au pré une partie de la journée et à les rentrer pour les heures restantes a été démontrée comme impactant positivement l’état de bien-être des chevaux par rapport à un hébergement principal en box individuel[22]

En cas de doute, il est nécessaire de faire appel à un vétérinaire !

En résumé

Article écrit en partenariat avec Isabelle Desjardins-Pesson, vétérinaire et enseignante à la Clinéquine de VetAgro Sup, spécialiste en médecine interne équine et soins intensifs et Alice Ruet, ingénieure de recherche et développement « Bien-être des équidés » au sein de l’Ifce, membre de l’unité mixte de recherche INRAe / CNRS / Université de Tours / IFCE « Cognition Ethologie Bien-être animal ».


[1] Hartmann, E., Søndergaard, E. & Keeling, L. J. Keeping horses in groups: A review. Appl. Anim. Behav. Sci. 136, 77–87 (2012). https://doi.org/10.1016/j.applanim.2011.10.004
Löckener, S., Reese, S., Erhard, M. & Wöhr, A.-C. Pasturing in herds after housing in horseboxes induces a positive cognitive bias in horses. J. Vet. Behav. 11, 50–55 (2016). http://dx.doi.org/10.1016/j.jveb.2015.11.005
Ruet, A. et al. Effects of a temporary period on pasture on the welfare state of horses housed in individual boxes. Appl. Anim. Behav. Sci. 228, 105027 (2020). https://doi.org/10.1016/j.applanim.2020.105027
Yarnell, K., Hall, C., Royle, C. & Walker, S. L. Domesticated horses differ in their behavioural and physiological responses to isolated and group housing. Physiol. Behav. 143, 51–57 (2015). https://doi.org/10.1016/j.physbeh.2015.02.040

[2] Löckener et al., 2016. Pour un aperçu de l’étude voir https://sciencesequines.fr/resume-lockener-2016/ 

[3] Duncan, P. Time-Budgets of Camargue Horses Ii. Time-Budgets of Adult Horses and Weaned Sub-Adults. Behaviour 72, 26–48 (1980). http://dx.doi.org/10.1163/156853980X00023
Boyd, L. E. Time budgets of adult Przewalski horses: Effects of sex, reproductive status and enclosure. Appl. Anim. Behav. Sci. 21, 19–39 (1988). https://doi.org/10.1016/0168-1591(88)90099-8
Boyd, L. E., Carbonaro, D. A. & Houpt, K. A. The 24-hour time budget of Przewalski horses. Appl. Anim. Behav. Sci.21, 5–17 (1988). https://doi.org/10.1016/0168-1591(88)90098-6
Kaseda, Y. Seasonal Changes in Time Spent Grazing and Resting of Misaki Horses. Jpn. J. Zootech. Sci., 464–469 (1983). https://doi.org/10.2508/chikusan.54.464
Kiley-Worthington, M. Time-budgets and social interactions in horses: The effect of different environments. Appl. Anim. Behav. Sci. 13, 181–182 (1984).

[4] Hampson, B. et al. Monitoring distances travelled by horses using GPS tracking collars. Aust. Vet. J. 88, 176–181 (2010). https://doi.org/10.1111/j.1751-0813.2010.00564.x

[5] Hampson, B. et al., 2010.
Hampson, B. A., de Laat, M. A., Mills, P. C. & Pollitt, C. C. Distances travelled by feral horses in ‘outback’ Australia. Equine Vet. J. Suppl. 582–586 (2010). https://doi.org/10.1111/j.2042-3306.2010.00203.x

[6] Lee, J., Floyd, T., Erb, H. & Houpt, K. Preference and demand for exercise in stabled horses. Appl. Anim. Behav. Sci. 130, 91–100 (2011). http://dx.doi.org/10.1016/j.applanim.2011.01.001

[7] Yarnell et al., 2015.

[8] Mills, D. S. & McDonnell, S. M. The Domestic Horse The Origins, Development and Management of its Behaviour. (2005).

[9] Mills & McDonnell, 2005.

[10] Salter, R. E. & Hudson, R. J. Social organization of feral horses in western Canada. Appl. Anim. Ethol. 8, 207–223 (1982).
Warring, G. Horse Behaviour. (2003).

[11] Mendonça, R. S. et al. Social determinants of affiliation and cohesion in a population of feral horses. Appl. Anim. Behav. Sci. 245, 105496 (2021). https://doi.org/10.1016/j.applanim.2021.105496

[12] Ingólfsdóttir, H. & Sigurjónsdóttir, H. The benefits of high rank in the wintertime—A study of the Icelandic horse. Appl. Anim. Behav. Sci. – APPL ANIM BEHAV SCI 114, 485–491 (2008). http://dx.doi.org/10.1016/j.applanim.2008.04.014

[13] Bourjade, M., Thierry, B., Hausberger, M. & Petit, O. Is Leadership a Reliable Concept in Animals? An Empirical Study in the Horse. PLoS ONE 10, e0126344 (2015). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0126344
Voir également https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/eth.12402

[14] Hartmann et al., 2012
Warring, G. Horse Behaviour. (2003)
Freymond, S., Briefer, E., Niederhäusern, R. & Bachmann, I. Pattern of Social Interactions after Group Integration: A Possibility to Keep Stallions in Group. PloS One 8, e54688 (2013). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0054688

[15] Christensen, J. W. et al. Insect-repelling behaviour in horses in relation to insect prevalence and access to shelters. Appl. Anim. Behav. Sci. 247, 105560 (2022). https://doi.org/10.1016/j.applanim.2022.105560

[16] Proops, L. et al. Shelter-seeking behavior of donkeys and horses in a temperate climate. J. Vet. Behav. 32, 16–23 (2019). https://doi.org/10.1016/j.jveb.2019.03.008

[17] Proops, L. et al., 2019

[18] Morgan, K. Thermoneutral zone and critical tempratures of horses. J Therm Biol 23, 59–61 (1998). https://doi.org/10.1016/S0306-4565(97)00047-8

[19] Mejdell, C. M., Buvik, T., Jørgensen, G. H. M. & Bøe, K. E. Horses can learn to use symbols to communicate their preferences. Appl. Anim. Behav. Sci. 184, 66–73 (2016). https://psycnet.apa.org/doi/10.1016/j.applanim.2016.07.014

[20] Kjellberg, L., Yngvesson, J., Sassner, H. & Morgan, K. Horses’ Use of Lying Halls and Time Budget in Relation to Available Lying Area. Anim. Open Access J. MDPI 11, 3214 (2021). https://doi.org/10.3390/ani11113214

[21] Kjellberg, L., Sassner, H. & Yngvesson, J. Horses’ resting behaviour in shelters of varying size compared with single boxes. Appl. Anim. Behav. Sci. 254, 105715 (2022). https://doi.org/10.1016/j.applanim.2022.105715

[22] Lansade, L. et al. Behavioral and Transcriptomic Fingerprints of an Enriched Environment in Horses (Equus caballus). PLOS ONE 9, e114384 (2014). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0114384


Fin de la mise à mort des poussins mâles dans la filière poules pondeuses

Le décret mettant fin à la mise à mort des poussins mâles dans la filière de poules pondeuses a été publié le dimanche 6 février 2022 au journal officiel (vous pouvez le consulter ici). Vous pouvez également consulter l’arrêté du 7 novembre 2022 qui vient le compléter ici.

Le décret indique qu’à compter du 31 décembre 2022, « la mise à mort des poussins des lignées de l’espèce Gallus gallus destinées à la production d’œufs de consommation issus de couvoirs est interdite » et que pour cela, les exploitants doivent mettre en place des « matériels permettant de déterminer le sexe de l’embryon au plus tard le quinzième jour d’incubation, ou par tout autre moyen apportant des garanties équivalentes ».

Toutefois l’interdiction de mise à mort ne concerne pas 

  • Les poussins des lignées Gallus gallus destinés à la reproduction[1]ni les canetons femelles de la filière foie gras
  • Les poussins destinés à l’alimentation animale. En effet, de nombreux animaux (oiseaux de proie, serpents, etc.) se nourrissent de poussins entiers et il est donc prévu de laisser éclore certains œufs avec une mise à mort des poussins afin de les conserver intacts. 
  • Les poussins des lignées dont les œufs sont utilisés dans l’alimentation industrielle pour les animaux[2].
  • Les poussins mâles issus d’œufs blancs, dont le sexage dans l’œuf nécessite une technique plus coûteuse. 
  • Les poussins de souche brune issus d’erreur de sexage ou les poussins femelles blessés ou non viables (ce qui concerne un petit nombre d’individus)
  • Les poussins utilisés à des fins scientifiques, notamment pour l’industrie pharmaceutique, ou à des fins de diagnostic vétérinaire

🥚🍳En France, tandis que nous achetons des œufs frais de couleur brune, les œufs blancs sont, quant à eux, généralement utilisés comme ovo-produits, c’est-à-dire incorporés dans les aliments transformés, les cosmétiques etc. Actuellement, selon l’Interprofession française des œufs (CNPO) les poules pondeuses de souche blanche représentent 15% des poules pondeuses[3] élevées en France.🍳🥚 

Selon cette nouvelle réglementation, les poussins de souche brune issus d’erreur de sexage, blessés ou non viables peuvent être broyés ou gazés. Les poussins mâles issus d’œufs blancs utilisés dans l’industrie alimentaire animale et humaine doivent être gazés. La question se pose concernant les mâles issus d’œufs blancs utilisés dans l’industrie cosmétique dans la mesure où le décret évoque uniquement « les œufs de consommation » sans définir le terme.

Pourquoi les poussins mâles en filière poules pondeuses sont-ils mis à mort après éclosion ?

En filière poules pondeuses, seuls les poussins femelles sont maintenus en vie afin de devenir des poules pondeuses. Les poussins mâles, ne pouvant pas pondre des œufs, et n’ayant pas un patrimoine génétique permettant une production efficace de viande, ne sont pas conservés. Ils sont donc abattus un jour après la naissance, une fois que leur sexe a été déterminé. Cet abattage se fait le plus souvent par broyage mais peut également se faire par gazage. 

Plusieurs techniques peuvent alors être utilisées pour déterminer le sexe du poussin à l’âge de 1 jour. La plus connue consiste à comparer les plumes de l’aile : chez les poussins mâles de 1 jour, les plumes de couverture sont de la même longueur que les rémiges primaires alors que chez les poussins femelles, elles sont de longueur différente

Les poussins femelles vont ensuite quitter le couvoir pour rejoindre un élevage de poulettes puis un élevage de poules pondeuses où elles commenceront à pondre vers l’âge de 18 semaines. Elles vont ensuite pondre jusqu’à l’âge de 70-75 semaines avant d’être envoyées à l’abattoir. Durant cette période, chaque poule aura pondu environ 300-330 œufs. Ces données dépendent du système d’élevage des poules et peuvent donc varier !

🐣 Avant, le décret du 6 février, la mise à mort par broyage ou gazage concernait environ 40 millions de poussins mâles par an en France et concernait environ 300 millions en Europe.  🐣

🇫🇷 La France est-elle le premier pays à interdire le broyage ?

L’objectif du décret est donc de diminuer le nombre de poussins broyés mais aussi, plus globalement, mis à mort en France.

Actuellement en Europe, la pratique du broyage est interdite en Wallonie depuis juillet 2021 et en Allemagne depuis 2022. La France et l’Allemagne souhaitent que cette interdiction soit généralisée et cette demande est soutenue par une dizaine d’Etats membres[4]. D’autres pays hors Union européenne travaillent sur des alternatives mais actuellement seule la Suisse a interdit le broyage des poussins mâles.

Quelles sont les alternatives possibles  ?

Pour éviter la mise à mort des poussins après la naissance, plusieurs alternatives peuvent être utilisées, la plus utilisée étant le sexage in ovo.

Le sexage in ovo consiste à déterminer le sexe de l’embryon dans l’œuf avant l’éclosion, permettant de ne conserver que les œufs femelles sans faire éclore les œufs mâles, qui sont transformés en ovoproduits.

Le sexage in ovo :

  • repose sur le fait que les embryons mâles et femelles présentent des particularités anatomiques, physiologiques, moléculaires ou génétiques qui permettent de les discriminer dans l’œuf. 
  • doit être précis (bien distinguer les mâles et les femelles), sans douleur pour l’embryon, rapide, pas trop onéreux à mettre en place et ne pas faire diminuer le taux d’éclosion des œufs.

Pour réaliser le sexage in ovo, différentes techniques utilisant la spectrométrie, le dosage hormonal ou le dosage des métabolites ont été développées et parmi elles, trois techniques sont commercialisées actuellement en France, comme le rappelle l’OABA[5] :

  • Une technique qui se base sur la détermination de la couleur des plumes dans l’œuf. Cette technique est la moins onéreuse mais n’est applicable qu’aux races de souche brune pour lesquelles les embryons mâles et les embryons femelles peuvent se différencier par la couleur des premières plumes, généralement à partir de 13 jours d’incubation.
  • Une autre technique qui implique de faire un prélèvement dans l’œuf en réalisant un trou dans la coquille pour déterminer le sexe dans l’œuf à 9 jours.
  • Une dernière technique qui est basée sur la réalisation d’une imagerie par résonance magnétique (IRM) qui permet le sexage à partir du 12ème jour

La première technique est la plus répandue en France. Cependant, elle rend impossible le sexage des œufs blancs in ovo. Le gouvernement, à la demande de la filière des œufs qui souhaitait conserver des poules pondeuses de souche blanche, a donc instauré une dérogation permettant de mener à éclosion puis de mettre à mort par gazage les poussins mâles de souche blanche dont les œufs sont utilisés pour l’alimentation animale et humaine. Cette dérogation pourrait, dans la pratique, ouvrir la voie à une plus grande utilisation des races blanches en France y compris pour la consommation d’œufs frais. 

Certaines techniques nécessitent donc un prélèvement dans l’œuf, ce qui pose la question de la douleur potentielle ressentie par l’embryon, alors que d’autres peuvent être réalisées sans contact[6].

A noter que des recherches actuelles portent sur une méthode d’analyse des gaz émis par les œufs permettant de sexer les œufs à partir de 1 jour[9].

Enfin, hormis le sexage in ovo, une autre alternative serait de sélectionner des races mixtes où les femelles serviraient à la ponte et les mâles à la production de poulets de chair.  Pour le moment cependant, les lignées utilisées ne permettent pas cette double utilisation et un travail devrait être fait sur la sélection génétique. A noter que l’utilisation de races mixtes, plutôt que d’opérer par sexage in ovo, est la pratique préconisée en premier lieu par l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs[10].

Pour conclure

Depuis le 1er janvier 2023, les poussins mâles issus de souche brune (dont les œufs sont en général utilisés pour la consommation d’œufs frais), ne sont plus mis à mort en France. En revanche, les poussins mâles destinés à l’alimentation animale, ou issus de souche blanche dont les œufs sont généralement utilisés comme ovo-produits dans l’industrie alimentaire (animale et humaine) ne sont pas concernés par cette interdiction. Les poussins issus de souche blanche dont les œufs sont utilisés dans l’industrie alimentaire et animale doivent être gazés pour être mis à mort et ne peuvent plus être broyés. La question se pose en revanche concernant les poussins issus de souche blanche dont les œufs sont incorporés dans les cosmétiques et qui pourraient potentiellement être encore broyés en fonction du sens qu’attribue le décret à « œufs de consommation ».

ℹ️ Bon à savoir

👍 Chez les oiseaux, la détermination sexuelle repose sur le système ZZ :ZW. Et à la différence de l’espèce humaine, c’est le mâle qui a deux chromosomes sexuels identiques (ZZ) alors que ceux de la femelle sont différents (ZW). 

⏳Durée incubation : Chez la poule, la durée d’incubation est de 21 jours. Durant cette période, la température doit être d’environ 37-39°C (dépendant du taux d’humidité) 

Pour en savoir plus :


[1] Dans la filière reproduction, en effet, il faut en moyenne un mâle pour dix femelles. Pour atteindre ce ratio, de nombreux mâles sont broyés à la naissance. Retour

[2] Cette exception est encadrée par l’arrêté du 7 novembre 2022

[3] https://www.alliance-elevage.com/informations/actualite/stop-la-desinformation-des-associations-animalistes-la-filiere-francaise-des-oeufs-confirme-la-mise-en-oeuvre-de-lovosexage-des-le-1er-janvier

[4]https://agriculture.gouv.fr/parangonnage-europeen-sur-le-bien-etre-animal-et-la-lutte-contre-la-maltraitance-animale.

[5] https://oaba.fr/la-fin-de-lelimination-des-poussins-loccasion-manquee-par-le-gouvernement/

[6]https://www.itavi.asso.fr/publications/avancees-concernant-les-methodes-d-ovosexage-des-poussins.

[7]Eide, A.L., Glover, J.C., 1995. Development of the longitudinal projection patterns of lumbar primary sensory afferents in the chicken embryo. J. Comp. Neurol. 353, 247–259. https://doi.org/10.1002/cne.903530207

[8]J. Gautron, S. Réhault-Godbert, T.G.H. Van de Braak, I.C. Dunn, Review: What are the challenges facing the table egg industry in the next decades and what can be done to address them?, Animal, Volume 15, Supplement 1,2021 https://doi.org/10.1016/j.animal.2021.100282

[9]https://liu.se/en/news-item/bekraftat-att-liu-forskare-kan-konssortera-agg.

[10] https://oaba.fr/PDF/fiche_oaba_sexage_in_ovo.pdf .

Pourquoi améliorer le bien-être des animaux ?

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