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L’hypertype est-il contraire au bien-être animal ?

La Norvège a récemment validé l’interdiction de l’élevage de chiens Cavaliers King Charles, considérant que la plupart de ces chiens présentaient des caractéristiques physiques qui avaient un impact négatif sur leur bien-être (en l’occurence une boîte crânienne trop petite laissant trop peu de place au système nerveux). Il semble que, pour la Cour suprême qui a validé l’interdiction, la plupart des Cavaliers King Charles soient ainsi quelque part considérés « hypertypés« . Mais en quoi consiste réellement un hypertype et est-il forcément négatif pour un animal ? Peut-on réellement assimiler l’hypertype à une race en particulier ? On vous répond!

 

 

à retenir

La Norvège a récemment validé l’interdiction de l’élevage de chiens Cavaliers King Charles, considérant que la plupart de ces chiens présentaient des caractéristiques physiques qui avaient un impact négatif sur leur bien-être (en l’occurence une boîte crânienne trop petite laissant trop peu de place au système nerveux). Il semble que, pour la Cour suprême qui a validé l’interdiction, la plupart des Cavaliers King Charles soient ainsi quelque part considérés « hypertypés« . Mais en quoi consiste réellement un hypertype et est-il forcément négatif pour un animal ? Peut-on réellement assimiler l’hypertype à une race en particulier ? On vous répond!

Qu’est-ce qu’un hypertype ? 

Selon Guintard et Class (2017) le chien dit typé ou bien typé est un animal représentatif de la race, qui en possède tous les caractères distinctifs. Les animaux hypertypés sont à l’inverse des individus extrêmes au sein d’une race, qui s’éloignent du standard jusqu’à parfois en sortir. Un animal manquant de type sort du standard par le bas, alors qu’un animal hypertypé sort du standard par le haut. Cela ne concerne pas seulement le chien ou le chat mais tous nos animaux domestiques : du cheval à la vache.  

Pour mieux appréhender le vocabulaire utilisé quand on parle de race, et plus particulièrement de race de chiens, nous vous proposons ce glossaire qui vous permettra de mieux comprendre la suite du propos :

D’où viennent les hypertypes ?

Chez les chiens et les chats de race, des standards définissent les caractéristiques désirées chez les individus de la race. L’interprétation inadéquate de ces standards (par les juges, les éleveurs, les particuliers, etc.) peut conduire à sélectionner des animaux présentant des exagérations par rapport au type recherché. Tout est une question d’équilibre : la recherche d’animaux bien typés doit conduire à ne sélectionner ni les animaux manquant de type, ni les animaux hypertypés. La quête du beau peut parfois conduire à une dérive qui incite à sélectionner les animaux extrêmes en type, c’est à dire hypertypés. Selon Guintard et Class (2017), si on sélectionne beaucoup d’animaux ayant des caractéristiques extrêmes, on aboutit à l’apparition d’hypertypes. Au début, et avec l’habituation il est difficile de remarquer le phénomène, mais au bout de plusieurs générations, on peut voir un changement morphologique de la population.

Pourquoi voit-on de plus en plus d’hypertypes ? 

Ce phénomène de mode est en expansion.  D’après l’AFVAC (2019), l’hypertype est alimenté :

  • par la demande croissante des propriétaires d’animaux qui recherchent des compagnons originaux ou présentant des caractéristiques attendrissantes ou hors-normes (très petits, très grands…) ;
  • par la sélection effectuée par certains éleveurs qui ne considèrent pas l’hypertype comme une erreur de sélection car les animaux hypertypés se vendent facilement ; 
  • par la demande du grand public, et des juges en expositions qui récompensent certains animaux extrêmes en type, et également par l’utilisation dans des publicités d’animaux hypertypés ;
  • ou encore par l’engouement que suscitent ces animaux dans les médias. 

L’hypertype est-il toujours contraire au bien-être animal ? 

Selon Guintard et Class (2017), non, l’hypertype n’est pas systématiquement synonyme de douleur ou de maladie. Mais parfois, les critères de sélections poussés à l’extrême sont dangereux et peuvent dans certains cas conduire à de la souffrance pour l’animal.

Quelles sont les conséquences de l’hypertype  pour l’animal ?

Les conséquences de l’hypertype sont variées et dépendent du ou des caractères qui sont exagérés chez l’animal.

Les animaux hypertypés peuvent souffrir de problèmes respiratoires, de problèmes dentaires, de problèmes lors des mises-bas chez les chiennes, lorsque le nez est trop raccourci et/ou la tête trop globuleuse. Selon Pacheteau (2020), sont très concernées par ce phénomène les races brachycéphales qui correspondent à des animaux aux cranes plus large que long. On peut citer comme exemples de races le persan pour le chat, ou chez les chiens le bouledogue français ou anglais. 

Les animaux hypertypés peuvent souffrir de problèmes respiratoires, de problèmes dentaires, de problèmes lors des mises-bas chez les chiennes, lorsque le nez est trop raccourci et/ou la tête trop globuleuse. Selon Pacheteau (2020), sont très concernées par ce phénomène les races brachycéphales qui correspondent à des animaux aux cranes plus large que long. On peut citer comme exemples de races le persan pour le chat, ou chez les chiens le bouledogue français ou anglais. 

Les animaux hypertypés peuvent souffrir d’une compression ou de malformations de la moelle épinière lorsque leur boite crânienne est réduite. C’est le cas des races pour lesquelles on a privilégié des caractères néoténiques, c’est-à-dire qui rappellent un aspect juvénile (tête ronde, grands yeux), comme le cavalier King Charles. 

Certains animaux hypertypés sont prédisposés aux ulcères de la cornée et aux luxations oculaires à cause de leurs yeux proéminents, comme chez les carlins et pékinois hypertypés. 

Les animaux hypertypés avec une queue raccourcie et en tire-bouchon sont souvent associés à des anomalies vertébrales. On retrouve ces caractéristiques chez le carlin hypertypé. 

Des difficultés de locomotion sont observées quand les membres postérieurs de l’animal sont trop droits. On peut citer le chow-chow hypertypé. 

Des maux de dos apparaissent lorsque le dos est trop long et que les pattes sont trop courtes, ce qui arrive le plus souvent chez les teckels et bassets présentant un hypertype. 

Chez certains extrêmes, une sensibilité plus forte à développer une dysplasie de la hanche et des problèmes locomoteurs sont engendrés par une ligne du dos trop affaissée. Problème que l’on retrouve chez le berger allemand hypertypé. 

Des dermatites, inflammation de la peau, peuvent avoir pour origine les plis excessifs de la peau. Généralement observé chez le shar-pei hypertypé. 

L’hypertype peut également générer des troubles de l’expression des comportements. On retrouve par exemple une incapacité à adopter la posture « en arc » pour l’appel au jeu chez les hypertypes teckels et bassets. Parfois, les animaux hypertypés perdent la fonction pour laquelle ils avaient été sélectionnés en premier lieu. Des poils trop longs par exemple empêchent l’animal d’exprimer pleinement son aptitude à la chasse. C’est le cas du setter anglais hypertypé. 

Voici une fiche récapitulative sur l’hypertype et les moyens de le repérer pour certaines races de chien :

L’hypertype a-t-il des répercussions sur le propriétaire ? 

Selon la dépêche vétérinaire (2019), les conséquences se répercutent également sur le propriétaire qui peut se voir contraint d’apporter des soins à vie et qui peut avoir recours à des chirurgies coûteuses pour son animal. C’est le cas de la réduction du voile du palais qui est trop long et gène la respiration chez certains chiens brachycéphales hypertypés ou encore de la sténose des narines (rétrécissement des narines), où l’animal a de trop petites narines pour respirer convenablement. Il s’agit également d’un problème sociétal car des animaux hypertypés ont plus de risques d’être abandonnés. Ainsi, on observe que le nombre d’animaux hypertypés abandonnés est anormalement élevé. 

Comment lutter contre ce phénomène

Selon l’AFVAC (2019), il faut sélectionner des sujets dans le type du standard de race et considérer l’hypertype comme une erreur de sélection, mais aussi encourager la suppression de la publicité mettant en scène des individus hypertypés afin de réduire l’engouement pour ces animaux, et veiller à ce que les ventes soient conformes à la législation. L’ensemble de la profession vétérinaire se mobilise également pour sensibiliser les propriétaires d’animaux de compagnie contre les hypertypes. Tous les acteurs depuis le propriétaire jusqu’à l’éleveur, en passant par les vétérinaires, les associations professionnelles, les fédérations des livres des origines, les juges, les médias doivent agir de concert pour lutter contre l’hypertype.

Pour en savoir plus

n’hésitez pas à écouter notre interview de Marie Abitbol, vétérinaire, enseignante-chercheuse en génétique, consultante en médecine préventive à l’école vétérinaire de Lyon (VetAgro Sup) et membre de la commission scientifique de la Société Centrale Canine et du Livre Officiel des Origines Féline :

Pour télécharger les deux fiches au format pdf

Texte rédigé par Claire Missana, étudiante à VetAgro Sup, avec la relecture de Marie Abitbol, vétérinaire et enseignante-chercheuse en génétique et de l’équipe de la Chaire bien-être animal.

  • GUINTARD C., CLASS A., 2017.  Hypertypes et standards de races chez le chien : une histoire d’équilibre. Bulletin de l’Académie Vétérinaire de France 170(5)
  • Dépêche vétérinaire numéro 1507 (2019) : https://www.depecheveterinaire.com/hypertypes-stopper-la-selection-d-animaux-en-souffrance_67974F7FB572B3.html
  • Hypertypes : l’AFVAC s’engage contre les hypertypes (2019) https://afvac.com/l-association/dossiers/l-afvac-s-engage-contre-les-hypertypes
  • Thèse morgane MICHEL (Lyon) « Hypertypes chez les chiens et chats de race » 
  • Article écrit par Maud LAFON dans supplément ASV du pointvétérinaire de juin 2018 « Hypertypes canins : un sujet d’importance vétérinaire »
  • Article « Hypertypes : stopper la sélection d’animaux en souffrance » de décembre 2019 du pointvétérinaire
  • Article « « Hypertypes : un fléau pour la santé des chiens et chats » par Claude Pacheteau
  • Site internet de la centrale canine https://www.centrale-canine.fr/articles/le-lof

à retenir

CHIFFRE CLÉ

10

Les races de chiens en France sont réparties en 10 groupes