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Peut-on réconcilier sensibilité animale et expérimentation ?

1,8 million. Il s’agit du nombre d’animaux qui ont été utilisés en France en 2021 à des fins d’expérimentation. Les buts sont multiples : faire avancer la recherche fondamentale en biologie, mais aussi contrôler des produits utilisés en médecine humaine et vétérinaire, réaliser des essais toxicologiques, etc. Tous ne subissent pas des procédures expérimentales graves, c’est-à-dire sans réveil, ou sévères, mais l’usage des animaux pour préserver la santé humaine soulève de plus en plus de questionnements. Alors, peut-on se passer d’expérimentation animale ? Est-ce réellement éthique d’utiliser des animaux dont il a été montré qu’ils sont doués d’émotions et de sensibilités pour préserver l’homme ? Comment réconcilie-t-on sensibilité et pragmatisme ? Quel avenir pour l’expérimentation animale ? 

Pour répondre à toutes ces questions, nous sommes allés à la rencontre de Georges Chapouthier, chercheur émérite au CNRS, à la fois en biologie et philosophie et qui s’est intéressé à la question de l’expérimentation animale. 

Au programme :

  • 1’21 : Vous avez l’atout d’être à la fois biologiste et philosophe, comment réconcilie-t-on biologie et philosophie dans ses recherches ?
  • 2’17 : J’imagine qu’être biologiste vous assure aussi quelque part une certaine acuité quand il s’agit de philosopher ? Après tout, on le rappelle Aristote, l’un des premiers philosophes, étaient également biologiste…
  • 3’17 : Peut-on grossièrement affirmer que nous sommes passés historiquement d’une conception d’un animal machine, pour reprendre Descarte, à un animal sensible ? 
  • 6’00 : Comment prend-on en compte la sensibilité animale, aujourd’hui, en tant que chercheur qui pratique des expérimentations ?
  • 7’42 : Comment résout-on, en tant que chercheur, la tension entre sensibilité et réification de l’animal ? Finit-on nécessairement par perdre son empathie ? 
  • 8’30 : Comment définiriez-vous le bien-être animal et peut-on dire qu’un bien-être animal est possible en expérimentation ?
  • 9’42 : Est-ce que vous diriez qu’à certains égards les animaux d’expérimentation sont plus protégés que les animaux destinés à la consommation humaine ? 
  • 10’16 : Les Français souhaitent majoritairement l’interdiction de l’expérimentation animale sous 10 ans : jugez-vous cela possible ?
  • 11’18 : Comment renforcer les garde-fous pour tendre vers ces attentes sociétales grandissantes ?
  • 12’55 : Selon les chiffres de 2021 publiés par le gouvernement, les animaux les plus utilisés sont les souris pour 60,7 %. Comment explique-t-on cet engouement pour la souris ? Se sent-on moins proche de la souris que d’un grand singe, que d’un chien ou d’un chat ? A-t-on moins d’empathie pour elle ? 
  • 13’48 : Parmi les animaux utilisé, 10% sont des poissons. Il s’agit du deuxième animal d’expérimentation le plus utilisé. Comment explique-t-on cela ? 
  • 15’34 : Votre dernier ouvrage paru en 2020 s’intitule Sauver l’homme par l’animal. Comment fait-on cela ? 
  • 16’26 : Peut-on dire qu’il existe encore une différence entre animalité et humanité ?
  • 17’17 : C’est une question hautement philosophique, mais peut-on encore parler d’un propre de l’homme ?  

L’élevage intensif est-il compatible avec le bien-être animal ?

Nous interrogeons aujourd’hui Elodie Merlot, directrice de recherche à l’INRAE qui travaille sur les questions de bien-être animal en espèce porcine. Avec elle, nous abordons la définition du bien-être animal mais aussi de l’élevage intensif. Elle nous expose également les raisons pour lesquelles elle juge l’élevage intensif incompatible avec un degré de bien-être suffisant pour les animaux. Nous abordons au passage les difficultés rencontrées par les éleveurs qui doivent sans cesse s’adapter aux contraintes en termes de productivité et exigences en matière de bien-être animal. En bonus, elle nous décrit son élevage idéal, un élevage qui appliquerait le principe de « One Welfare« , en prenant en compte bien-être animal, de l’environnement mais aussi de l’éleveur.  Bonne écoute !

Au programme :

  • 0’22 : Pouvez-vous vous présenter et présenter vos recherches ?
  • 1’31 : Qu’entendez-vous par bien-être animal et comment vos recherches ont-elles contribué à l’amélioration du bien-être des animaux
  • 3’13 : Vous êtes signataire d’une tribune dans la revue Sésame de l’INRAE intitulée « Améliorer le bien-être des animaux d’élevage : est-ce toujours possible ? ». Selon vous et d’après cette tribune, le bien-être animal ne semble pas possible pour des animaux élevés en conditions « intensives ». Comment peut-on expliquer cela et qu’est-ce que pour vous l’élevage intensif ?
  • 6’10 : Ne pensez-vous pas que les recherches effectuées ces dernières années ont quand même permis de faire évoluer le bien-être des animaux, même en élevage intensif ?
  • 8’28 : Quel serait pour vous l’élevage idéal ?

Quel est le lien entre maltraitance animale et humaine et quel est le rôle du vétérinaire ?

Dominique Autier-Derian, vétérinaire comportementaliste, nous parle aujourd’hui du lien qu’il existe entre maltraitance animale et humaine. En effet, de plus en plus d’études, notamment conduites dans les pays anglo-saxons, montrent que maltraitance animale et humaine sont souvent concomitantes. La présence de violence avérée sur un animal peut être le marqueur d’une violence élargie à l’encontre de l’ensemble des membres du foyer. Il est également établi qu’il existe un lien entre la violence de l’adulte et l’exposition durant l’enfance à des actes de violence, y compris à l’encontre d’un animal. D’ailleurs la loi de lutte contre la maltraitance de novembre 2021 a entériné ce dernier risque puisque elle prévoit qu’en cas de sévices graves, actes de cruauté ou atteinte sexuelle à l’encontre d’un animal, la présence d’un mineur constitue une circonstance aggravante. Elle établit également qu’en cas de maltraitance avérée perpétrée par un mineur à l’encontre d’un animal, le service d’aide sociale à l’enfance devra veiller au repérage et à l’orientation dudit mineur.

Nous abordons également avec Dominique Autier-Derian le rôle de sentinelle du vétérinaire dans le signalement des maltraitances à l’encontre des animaux, mais aussi des humains. Ce rôle a été réaffirmé à l’occasion de l’adoption de la loi de lutte contre la maltraitance animale en 2021 (pour retrouver notre décryptage) qui autorise le vétérinaire à lever le  secret professionnel en cas d’actes de cruauté, de sévices graves ou à caractère sexuel perpétrés à l’encontre d’un animal, là où auparavant seul le vétérinaire sanitaire avait obligation de rapporter tout manquement susceptible de « présenter un danger grave pour les personnes ou les animaux » (article L.203-6 du Code rural). 

Au programme :

  • 0’47 : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la théorie du lien ?
  • 2’37 : Les études qui prouvent le lien entre maltraitance animale et humaine sont-elles françaises ou existe-t-il des questionnements similaires dans d’autres pays ?
  • 5’50 : Comment définir une maltraitance et existe-t-il différentes catégories de maltraitances ? 
  • 8’52 : De la maltraitrance humaine doit-elle être suspectée pour tout type de maltraitrances animales constatées ?
  • 10’20 : Quel est, selon vous, le rôle des vétérinaires dans la prévention des maltraitances animales et humaines ?
  • 11’13 : Comment sensibiliser les vétérinaires à toutes ces questions ? 
  • 12’54 : Est-il pertinent selon vous d’inclure les auxiliaires vétérinaires dans la prévention et la prise en charge des maltraitances ? 
  • 14’13 : Pensez-vous que la levée du secret professionnel prévue par la loi de lutte contre la maltraitance de novembre 2021 est une bonne chose ? Que va changer cette levée du secret professionnel ? 
  • 18’01 : Quelque chose à ajouter pour sensibiliser au lien entre maltraitance animale et humaine ? 

En complément :

  • Thèses citées dans la podcast : Marine FOUQUET 2011 & Hélène BERTHAUT 2015
  • Retrouvez notre décryptage de la loi de lutte contre la maltraitance ici et notre décryptage du premier décret d’application ici
  • Retrouvez notre résumé du guide à l’usage des vétérinaires pour repérer les signes de maltraitance chez les animaux et les humains réalisé par l’Association contre la Maltraitance Animale et Humaine (AMAH) :

En bonus, une infographie pour vous aider à comprendre la distinction entre les formes de maltraitances (extraite du guide AMAH) :