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Les colliers électriques et étrangleurs sont positifs pour les chiens et leur éducation, VRAI ou FAUX ?

FAUX, ces dispositifs peuvent avoir un impact négatif sur la santé physique et psychologique du chien et ne se montrent pas forcément plus efficaces que les méthodes dites positives. 

Les colliers électriques et étrangleurs sont parfois utilisés pour l’éducation des animaux de compagnie. Cependant, des études récentes, ainsi que la pratique vétérinaire, ont montré que ces dispositifs pouvaient avoir un impact négatif sur le bien-être des chiens. Par ailleurs, leur efficacité et plus globalement l’efficacité des méthodes d’éducation dites « négatives » ou « coercitives » est aujourd’hui remise en question. 

Connaître l’impact de ces dispositifs sur le bien-être animal ainsi que leur utilité potentielle est d’autant plus important que la loi interdit actuellement les méthodes d’éducation susceptibles d’induire des blessures ou des souffrances inutiles pour l’animal. Une proposition de loi vient par ailleurs d’être votée à l’Assemblée nationale dans le but d’interdire l’usage des colliers électriques et étrangleurs. Pour consulter notre décryptage du texte :

En parallèle des éléments de bibliographie, Elodie Contamin, vétérinaire comportementaliste, nous partage son expérience de terrain et nous expose son point de vue concernant les colliers électriques et étrangleurs. 

Colliers électriques, étrangleurs et à pointes : de quoi parle-t-on ? 

Les colliers électriques sont des outils qui envoient une impulsion électrique à l’animal lorsqu’il effectue un comportement jugé inapproprié. Les colliers les plus couramment utilisés sont généralement de trois sortes : 

  • Les colliers qui sont déclenchés à distance par le propriétaire au moyen d’une télécommande,
  • Les colliers anti-aboiement qui envoient automatiquement une impulsion électrique lorsque le chien aboie,
  • Les colliers anti-fugue qui envoient automatiquement une impulsion électrique lorsque le chien franchit une certaine zone géographique. 

Les colliers étrangleurs sont généralement utilisés avec l’objectif d’empêcher un animal de trop tirer en laisse et de lui apprendre la marche au pied. Ils fonctionnent selon le même principe qu’un nœud coulissant : plus l’animal tire, plus le collier se resserre en créant un étranglement supposé le faire réagir et diminuer sa traction sur la laisse. Les colliers étrangleurs sont généralement de deux sortes : 

  • Simples, souvent constitués d’une chaîne
  • A pointes dits « torquatus » : les pointes sont dirigées en direction du corps de l’animal. Dans ce cas, en plus de l’effet d’étranglement, la pression des pointes sur la peau augmente avec la traction. 

Ces outils destinés à supprimer un comportement indésirable se fondent sur ce que l’on nomme le « conditionnement opérant ». Cette méthode d’apprentissage, notamment développée par le psychologue B. F. Skinner, consiste en l’association d’un stimulus, positif ou aversif, en réponse à un comportement de l’animal, afin de le conditionner. Le stimulus peut être appliqué selon un principe de renforcement ou de punition, le but étant de rendre plus probable (pour le renforcement) ou moins probable (pour la punition) le fait que le comportement soit exprimé de nouveau. 

Les colliers électriques et étrangleurs s’appuient sur deux techniques en particulier :

  • La punition positive : application d’un stimulus aversif (l’impulsion électrique) pour faire cesser un comportement jugé inapproprié. On emploie ici le terme de « positive » car on ajoute un stimulus. Si on retirait un stimulus (par exemple enlever un jeu au chien pour le punir), on parlerait de punition négative
  • Le renforcement négatif : application d’un stimulus aversif qui est supprimé une fois le comportement souhaité obtenu. Par exemple : dans le cas du collier étrangleur, l’étranglement (stimulus aversif) du chien est maintenu jusqu’à ce qu’il arrête sa traction sur la laisse.

Dans tous les cas, on constate que l’usage de colliers électriques ou étrangleurs correspond à une méthode d’éducation basée sur l’application de stimuli aversifs et sur un principe de coercition, plutôt que sur un principe de coopération. C’est la raison pour laquelle ils relèvent de pratiques d’éducation dite « négatives » ou « coercitives », par opposition à des pratiques d’éducation dite « positives », basées sur des stimuli positifs et des récompenses. 

Quelle proportion de propriétaires recourt à ces dispositifs ? 

Selon une étude de 2018, en France, 26% des propriétaires interrogés déclaraient avoir eu recours à un collier électrique sur leur chien[1]. Par ailleurs, selon un rapport émis en 2022 par le Centre national de référence pour le bien-être animal (CNR BEA), si la plupart des professionnels de l’éducation canine interrogés (81%) ont déclaré ne pas être d’accord avec l’idée que « le collier de rappel (électrique, électrostatique ou citronnelle) s’il est bien appliqué n’altère pas le bien-être du chien », un peu moins de 19% restaient toutefois d’accord avec l’idée que ce type de collier n’impactait pas le bien-être du chien.  En outre, si environ 90 % des éducateurs ont affirmé ne jamais avoir recours à un collier électrique ou électrostatique, 10% des éducateurs déclaraient l’utiliser. Enfin, concernant les colliers à pointes, un peu moins de 6% ont indiqué en faire usage et pour les colliers étrangleurs, ce chiffre monte à environ 17%. Ainsi, au total près d’un quart des professionnels interrogés ont affirmé recourir à un collier étrangleur, qu’il soit simple ou à pointes[2].

            Si l’usage des colliers électriques et étrangleurs semble minoritaire chez les particuliers et les professionnels de l’éducation canine, il n’en demeure pas moins que certains d’entre eux les utilisent encore. Ces derniers paraissent ainsi ne pas considérer, dans une utilisation régulière, l’usage des colliers électriques et étrangleurs comme susceptibles d’infliger à l’animal des blessures ou des souffrances inutiles au sens de la loi[3].  

Quels sont les effets de l’usage de tels colliers sur votre animal ? 

L’usage d’un collier électrique ou étrangleur est-il susceptible d’avoir un impact négatif sur la santé physique et psychique du chien ? 

Effets possibles des colliers électriques et étrangleurs sur la santé physique du chien

Selon l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC), les colliers électriques conduisent dans près de 10% des cas à des « conséquences physiques spectaculaires allant jusqu’à des brûlures avec nécrose de la peau »[4]. L’AFVAC note d’ailleurs que ces lésions peuvent apparaître en quelques décharges (en fonction de l’humidité de l’air, de la peau du chien) et ne sont pas forcément le résultat d’une utilisation fréquente. Par ailleurs, selon une étude, les chiens soumis à l’impulsion électrique montrent fréquemment des signes de douleur (vocalisation, queue basse, etc.)[5].

Concernant les colliers étrangleurs, la pratique vétérinaire met en évidence qu’ils sont susceptibles de causer plusieurs types d’effets cliniques : hématomes, déformation de la trachée, etc. Par ailleurs, il semblerait qu’une pression exercée sur la nuque tend à augmenter la pression intra-oculaire du chien, pouvant potentiellement causer des lésions oculaires sur le long terme. Les chiens avec une cornée fine ou des glaucomes sont particulièrement susceptibles d’être à risque[6]. Si globalement peu d’études scientifiques semblent avoir été publiées sur les colliers étrangleurs, on peut toutefois mentionner une étude de cas parue en 2013. Celle-ci fait état d’un berger allemand qui sous l’effet de la strangulation causée par son collier étrangleur, a dû être euthanasié suite à un œdème cérébral, certainement causé par la compression des vaisseaux sanguins empêchant la bonne irrigation de son cerveau[7]

Les colliers électriques et étrangleurs sont donc susceptibles d’avoir un impact négatif sur la santé physique du chien, en causant divers types de lésions

Effets possibles des colliers électriques et des méthodes coercitives sur la santé mentale du chien 

En outre, il semble que l’usage des colliers électriques tend à augmenter le stress de l’animal, ce que montrent les marqueurs physiologiques (augmentation du rythme cardiaque et du cortisol salivaire et ce d’autant plus que la décharge est imprévisible du point de vue du chien)[8] et les marqueurs psychologiques (comportements de stress[9]. Ces signes comportementaux de stress peuvent se manifester même en dehors du contexte d’entraînement[10]. De façon plus générale, dans le cadre de pratiques d’éducation négatives (ou dite « coercitives »), basées sur des stimuli aversifs, les chiens tendent à montrer davantage de signes physiques de stress[11].  

Efficacité des colliers électriques et des méthodes coercitives

Nous l’avons vu, en France en 2018, une part non négligeable de propriétaires de chien semblent encore utiliser les colliers électriques. Parmi eux, 58% des propriétaires utilisateurs recommanderaient leur usage. Par ailleurs, 51% des utilisateurs de colliers électriques de dressage avec télécommande et 25% des utilisateurs des colliers anti-aboiement les jugeaient efficaces[12].

Pour autant, plusieurs études tendent à remettre en question leur efficacité. Ainsi, une étude de 2020 réalisée sur 63 chiens a montré que l’utilisation du collier électrique, y compris par des professionnels, n’apparaît pas plus efficace que l’éducation positive et n’entraîne pas moins de désobéissance[13].  Les chocs électriques tendent en outre à être inefficaces quand le chien présente une forte motivation à réaliser un comportement (par exemple dans le cadre d’une agression)[14]. Une étude a même montré un risque de fugue plus élevé chez des chiens pourvus d’un collier électrique anti-fugue en comparaison avec ceux disposant d’une clôture classique[15]. Selon, l’étude de Masson et al. de 2018 déjà citée, 15% des utilisateurs d’un collier électrique anti-fugue avouaient que le comportement indésirable était encore présent et 15% jugeaient que ce comportement était même pire qu’auparavant. Pour les colliers anti-aboiement, un total de 35% reconnaissait soit l’échec du dispositif soit une détérioration du comportement. Concernant les colliers électriques de dressage, un peu plus de 30% des propriétaires avouaient que le comportement indésirable réapparaissait lorsque le chien ne portait pas son collier

Par ailleurs, l’intensité de la décharge efficace pour stopper le comportement inapproprié apparaît difficile à définir. En effet, il existe un risque d’augmentation des effets négatifs listés plus hauts sur le chien en cas d’impulsion trop forte, ou un risque d’habituation en cas d’impulsion trop faible. Dans ce dernier cas, cela signifie que le chien s’habitue à l’impulsion électrique qui n’a alors plus d’effet sur lui. 

Le chien est également susceptible d’assimiler le choc électrique à tous les stimuli présents au moment de la décharge, y compris le propriétaire ou l’éducateur[16]. Il existe même un risque d’agression redirigée sur un humain[17] ou un animal présent, avec donc un risque de morsure accru.  

Si à notre connaissance, l’efficacité des colliers étrangleurs n’a pas été spécifiquement étudiée, leur usage s’inscrit  dans le cadre d’une éducation dite « négative » ou « coercitive » dont l’efficacité est discutée par les chercheurs. En effet, il apparaît que le recours à une éducation négative tend à diminuer la qualité de la relation humain-chien, ce dernier étant davantage susceptible de présenter des signaux de peur en présence de son propriétaire tandis qu’un chien ayant été éduqué au moyen de renforcement positif aura tendance à être plus attentif à son propriétaire[18]. Une étude a également montré une efficacité moindre des méthodes punitives par rapport aux méthodes positives (avec récompense) pour l’apprentissage de certaines tâches comme laisser/donner un objet ou la marche au pied. Dans cette même étude, des propriétaires qui ont eu recours à des méthodes punitives, y compris ceux utilisant une combinaison de punitions et récompenses, ont rapporté avoir davantage de problèmes de comportements avec leur chien par rapport à ceux ayant recours à des méthodes uniquement positives[19]. Enfin, l’usage de méthodes coercitives est susceptible d’augmenter le risque d’agressions du chien sur l’humain[20]

Pour conclure

Il semble donc que l’usage des colliers électriques et étrangleurs peut non seulement avoir un impact négatif sur la santé mentale et physique des chiens, mais aussi se révéler inefficace. Cette inefficacité peut conduire le propriétaire à augmenter l’intensité de la décharge ou de l’étranglement, ce qui est susceptible d’impacter fortement l’état de santé du chien. Enfin, la dégradation potentielle du comportement du chien (agressivité, imprévisibilité, dégradation de la relation humain-chien) peut conduire à son abandon, ou à son euthanasie (en cas d’agressivité). 

Aujourd’hui, de nombreux professionnels sont favorables à l’interdiction de ce type  de dispositifs. L’AFVAC a émis un avis motivé en novembre 2022 sur l’impact physique et psychique de l’utilisation des colliers dits de « dressage » (colliers électriques, étrangleurs et à pointes) et de nombreuses associations font campagne pour bannir l’utilisation de ces colliers. C’est notamment le cas de la Fondation Brigitte Bardot qui a largement appuyé la proposition de loi visant à interdire leur usage.

Pour résumer


Interview d’Elodie Contamin, vétérinaire comportementaliste

Pour compléter notre propos, nous vous proposons une interview d’Elodie Contamin, vétérinaire comportementaliste qui nous expose son point de vue concernant les colliers électriques et étrangleurs. 

Avez-vous souvent affaire à des propriétaires de chiens ayant recours aux colliers électriques ou étrangleurs ? 

Ce n’est pas systématique mais cela m’arrive effectivement. Et quand c’est le cas, on observe toujours des dégâts au niveau du comportement des chiens. On a des chiens qui deviennent peureux, instables au niveau émotionnel, et ce d’autant plus que le collier est souvent utilisé n’importe comment. Cette instabilité augmente les risques d’agressivité ainsi que l’imprévisibilité du chien qui, en raison de son état de peur constante, peut mordre sans prévenir. J’ai également eu affaire à deux propriétaires qui utilisaient un collier électrique et qui se sont faits mordre par leur chien. Dans ce cas précis, le chien appréhendait tellement le port du collier qu’il a attaqué son propriétaire quand celui-ci a essayé de le lui mettre. Concernant les colliers étrangleurs, les propriétaires qui me rapportent y avoir eu recours sont peu nombreux mais systématiquement, ils me font part de l’inefficacité de la méthode pour apprendre la marche au pied.

Je tiens quand même à préciser que j’observe quand même, au niveau de ma clientèle, une diminution du nombre de personnes qui ont eu recours à ce genre de dispositifs avant de me consulter. Je pense que les gens sont de plus en plus sensibilisés. Plusieurs de mes clients sont venus me voir parce qu’ils ont été choqués de certaines méthodes employées par certains éducateurs en coercitif, ce que j’observais beaucoup moins auparavant. Par ailleurs, je constate une forme de gêne désormais de la part des clients qui m’avouent avoir eu recours à un collier électrique. Cela montre que l’usage de ces dispositifs va moins de soi qu’il ne pouvait l’être par le passé. 

Avez-vous observé des signes cliniques induits par l’utilisation de ces dispositifs ? Si oui, lesquels ? 

On observe effectivement, en plus de l’état anxieux généralisé, diverses lésions sur les chiens : des brûlures pour des chiens porteurs d’un collier électrique et des déformations de la trachée pour ceux auxquels on applique un collier étrangleur. Dans certains clubs canins, des clients m’ont rapporté une pratique qui pose réellement problème : on suspend le chien au bout de la laisse avec les pattes qui ne touchent plus le sol. Outre l’étranglement et la douleur que le collier induit, cela peut également occasionner des lésions au niveau des cervicales (déplacement vertébral, hernie discale) que j’ai pu observer dans ma pratique. Il s’agit dans ce cas de réelle maltraitance animale

Quelles alternatives aux colliers coercitifs existe-t-il pour un chien qui fugue ou qui aboie de manière intempestive par exemple ?

Pour moi, un chien qui fugue est un chien qui s’ennuie chez lui, soit parce qu’il n’est pas suffisamment sorti, soit parce qu’il n’est pas suffisamment stimulé. Certaines races sont cependant plus prédisposées à la fugue comme les chiens de meute (type husky) et de chasse (type beagle). Ces chiens sont génétiquement plus indépendants et ont besoin de se dépenser, de courir, pister, flairer. C’est au propriétaire de réfléchir au choix de la race et d’opter pour celle qui correspond le mieux à ses possibilités d’implication. Si malgré tout son chien a tendance à fuguer, il vaut mieux dans ce cas le laisser à l’intérieur lors de ses absences tout en lui permettant d’avoir les dépenses et les interactions sociales dont il a besoin avec son maître en extérieur. Un chien seul dans un jardin n’est pas forcément heureux, d’autant plus s’il n’en sort pas et qu’il ne se dépense pas : le jardin est simplement, dans ce cas, une prison plus grande.

Quant aux aboiements, à mon sens, c’est une des choses les plus compliquées à gérer parce qu’il existe aussi un conditionnement de l’humain, qui en pensant arrêter les aboiements interagit avec son chien et le renforce en réalité dans son comportement. Dans ce cas, il faut de la rigueur et de la régularité de la part du propriétaire, or, c’est quelque chose qui est parfois difficile à obtenir. Après, encore une fois, il faut prendre en compte le facteur génétique : les beagles, par exemple, sont des chiens génétiquement programmés pour aboyer lorsqu’ils voient une proie pour prévenir. Il s’agit réellement d’avoir conscience de tout cela au moment de l’acquisition de son chien. Un chien qui aboie est peut-être un chien qui s’ennuie, qui est en manque de dépense et d’occupation, qui vit mal les absences de son propriétaire mais aussi un chien qui alerte, parce qu’il a été génétiquement programmé pour cela ou encore un chien qui a appris à le faire pour obtenir de l’attention. Il s’agit encore une fois de faire la part des choses entre les besoins du chien, sa communication, ce qu’on est capable d’accepter de lui et l’implication que l’on est capable d’avoir pour lui. 

Comment définir l’éducation positive ?

L’éducation positive a pour objectif que l’animal apprenne dans le plaisir.  L’apprentissage est alors plus plaisant et facile et il permet de créer du lien et de la coopération entre l’humain et l’animal. Attention, l’éducation positive ne veut pas dire éducation permissive. En éducation positive, on peut mettre des contraintes au chien mais le cadre est posé de façon positive, sous forme de récompenses : par exemple on peut autoriser son chien à aller sur le canapé mais uniquement après qu’on lui ait appris à demander la permission (par exemple en lui demandant de s’assoir), on peut apprendre à son chien à être manipulé même si ce n’est pas initialement un exercice agréable pour lui. Certains chiens seront plus difficiles que d’autres pour les apprentissages. Dans tous les cas, il faut une implication de la part du propriétaire et un effort de compréhension du mode de fonctionnement de son chien, de sa communication, des facteurs qui le motivent, etc. L’éducation positive est une éducation qui prend en compte le bien-être du chien alors que les méthodes coercitives sont indéniablement un apprentissage par la peur.


[1] Masson S., Nigron I., Gaultier E., 2018. Questionnaire survey on the use of different e-collar types in France in everyday life with a view to providing recommendations for possible future regulations, Journal of Veterinary Behavior 26. https://doi.org/10.1016/j.jveb.2018.05.004

[2] « Rapport du CNR BEA sur les pratiques d’éducation canine et leurs impacts sur le bien-être des chiens »  disponible ici https://www.cnr-bea.fr/wp-content/uploads/2022/09/Rapport-CNR-BEA-Pratiques-et-outils-déducation-canine.pdf

[3] Pour en savoir plus sur la législation française concernant l’usage de ces colliers, n’hésitez pas à consulter notre décryptage à venir.  

[4] Par ailleurs, selon Masson et al. (2018), en se fondant sur les résultats d’un questionnaire à destination des propriétaires, les colliers anti-aboiement seraient ceux qui créent le plus de brûlures 

[5] Schilder, M.B.H., Van Der Borg, J.A.M., 2004. Training dogs with help of the shock collar: Short and long term behavioural effects. Applied Animal Behaviour Science 85. https://doi.org/10.1016/j.applanim.2003.10.004

[6] Pauli A.M., Bentley E., Diehl K.A., Miller P.E., 2006. Effects of the application of neck pressure by a collar or harness on intraocular pressure in dogs. Journal of the American Animal Hospital Association 42(3). https://doi.org/10.5326/0420207

[7] Grohmann K., Dickomeit M. J., Schmidt M. J., Kramer M., 2013.Severe brain damage after punitive training technique with a choke chain collar in a German shepherd dog, Journal of Veterinary Behavior 8 (3). https://doi.org/10.1016/j.jveb.2013.01.002

[8] Schalke E, Stichnoth J., Ott S., Jones-Baade R., 2007. Clinical signs caused by the use of electric training collars on dogs in everyday life situations. Applied Animal Behaviour Science 105(4), https://doi.org/10.1016/j.applanim.2006.11.002  

[9] Schilder et al., 2004.

[10] Schilder et al., 2004.

[11] Voir pour revue Ziv, G., 2017. The effects of using aversive training methods in dogs—A review. Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research 19, https://doi.org/10.1016/j.jveb.2017.02.004

[12] Masson et al., 2018. Il est important de préciser qu’il s’agit d’une proportion mesurée à l’aulne d’un questionnaire basé sur la perception subjective des propriétaires de chiens et non à partir de l’avis d’un professionnel connaisseur des signaux et comportements canins.  

[13] China L., Mills D.S., Cooper J.J., 2020. Efficacy of Dog Training With and Without Remote Electronic Collars vs. a Focus on Positive Reinforcement. Frontiers in Veterinary Science 7. https://doi.org/10.3389/fvets.2020.00508

[14] Polsky, R.H., 2000. Can aggression in dogs be elicited through the use of electronic pet containment systems? Journal of Applied Animal Welfare Science 3, https://doi.org/10.1207/S15327604JAWS0304_6

[15] Starinsky, N.S., Lord, L.K., Herron, M.E., 2017. Escape rates and biting histories of dogs confined to their owner’s property through the use of various containment methods. Journal of the American Veterinary Medical Association 250 (3). https://doi.org/10.2460/javma.250.3.297

[16] Schilder et al., 2004.

[17] Polsky, 2000.

[18] Deldalle, S., Gaunet, F., 2014. Effects of 2 training methods on stress-related behaviors of the dog (Canis familiaris) and on the dog-owner relationship. Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research 9 (2). https://doi.org/10.1016/j.jveb.2013.11.004

[19] Hiby, E. F., Rooney, N. J., Bradshaw, J. W. S. 2004. Dog training methods: their use, effectiveness and interaction with behaviour and welfare. Animal Welfare 13(1). https://doi.org/10.1017/S0962728600026683

[20] Herron M.E., Shofer F.S., Reisner I.R., 2009. Survey of the use and outcome of confrontational and non-confrontational training methods in client-owned dogs showing undesired behaviors. Applied Animal Behaviour Science 117. https://doi.org/10.1016/j.applanim.2008.12.011

La proportion de personnes adoptant des régimes sans viande est de plus en plus importante, VRAI ou FAUX ?

Faux, cette proportion évolue peu et reste peu importante dans la population française, ainsi que dans les autres pays. On observe toutefois une diminution constante de la consommation moyenne de viande en France.

Quels sont les différents régimes alimentaires ?

Avant de donner les différentes proportions, il convient de bien définir de ce dont on parle.

On distingue différents types de régimes alimentaires :

  • Le régime omnivore qui définit des personnes qui mangent indifféremment des produits d’origine animale et des produits d’origine végétale. 
  • Le régime végétarien qui définit des personnes qui ne mangent pas de chair d’origine animale (viande, poisson) mais qui mangent du lait ou des œufs.
  • Le régime pescétarien qui définit des personnes qui ne mangent pas de viande mais qui mangent du poisson ou des fruits de mer.
  • Le régime végétalien qui définit des personnes qui ne mangent que des produits d’origine végétale. Ils ne mangent donc pas de viande, de poisson ou de fruits de mer mais également pas de produits laitiers, pas d’œufs, pas de miel.
  • Le régime flexitarien qui définit des personnes ayant un régime omnivore mais qui tendent à limiter leur consommation de produits d’origine animale. 

💡A savoir
Il n’existe pas de définition officielle du flexitarisme et le fait de se déclarer flexitarien est subjectif. Les personnes se déclarant flexitariennes peuvent avoir des régimes alimentaires différents, en mangeant régulièrement ou très occasionnellement de la viande.

Le choix du régime alimentaire est bien évidemment individuel et chacun est libre de choisir le régime qui lui convient en fonction de ses capacités financières, de ses convictions, de ses envies, etc. Pour autant, une meilleure prise en compte du bien-être des animaux d’élevage et la nécessité de lutter contre la crise climatique, impliquent une réduction des produits d’origine animal, tout en privilégiant des produits plus respectueux et produits localement. En effet, le dernier rapport du GIEC[1] rappelle qu’une alimentation faible en protéines animales est associée à moins de gaz à effet de serre.

Pour résumer :

Quelle est la proportion des différents types de régimes alimentaires dans la population française ?

Les données présentées ci-dessous proviennent de l’enquête IFOP réalisée pour FranceAgriMer du 30 septembre au 08 novembre 2020 auprès de 15000 personnes âgées de 15 à 70 ans et représentatives de la population française[2]. D’après cette étude :

  • La proportion d’omnivores est la plus importante avec 74% des personnes interrogées, ce qui représente environ 33 millions de personnes si on ramène cette proportion à l’ensemble de la population française âgée de 15 à 70 ans (44.5 millions selon INSEE 2020).
  • La proportion de flexitariens déclarés est de 24% des personnes interrogées, soit un peu plus de 10 millions de personnes. 
  • La proportion des personnes déclarant un régime alimentaire sans viande est relativement faible (2.2%), et la proportion de personnes ayant un régime végétalien l’est encore plus (0.3%). Ce qui correspond respectivement à un peu moins de 1 million de personnes et un peu plus de 100 000 personnes.

Une autre étude, réalisée par Statista en 2022, donne des proportions légèrement plus élevées avec 3% de végétariens et 3% de végans.

Il est intéressant de noter que la notion de flexitarisme est relative et permet vraisemblablement plus de mesurer une volonté de diminuer qu’une quantité réellement consommée. 

En effet, d’après une enquête Ipsos réalisée pour Interbev en avril 2021[3] auprès de 1008 personnes de 18 ans et plus, 59% des personnes qui déclaraient connaitre la définition du flexitarisme définissaient un flexitarien comme « une personne qui mange de tout, y compris de la viande et du poisson en quantité raisonnable et en se souciant de leur mode de production » alors que 41% le définissaient comme « une personne qui suit un régime végétarien, mais s’autorise à manger de la viande et du poisson à certaines occasions (restaurants, repas de fête…) ». 

Ainsi, 29% des flexitariens déclarent manger de la viande tous les jours alors que 11% des omnivores déclarent limiter leur consommation de viande et en consommer moins d’une fois par jour, donc moins que certains flexitariens[4].

💡Pour résumer
La proportion de Français déclarant un régime alimentaire sans viande reste minoritaire dans la population. Il est compris entre 2 et 6% selon les différentes études.

Et dans les autres pays ?

Les différentes études montrent que dans d’autres pays européens (Allemagne, Espagne, Royaume-Uni), la proportion de personnes déclarant un régime sans viande est également relativement faible

Ainsi, une enquête du CREDOC (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) réalisée en 2018 pour FranceAgriMer et l’OCHA (Observatoire CNIEL des Habitudes Alimentaires)[5] indique que la proportion de personnes se déclarant végétariennes ou végétaliennes est de 5.6% pour l’Allemagne, 2.8% pour l’Espagne et 8% pour le Royaume-Uni. 

Cette étude montre également une différence entre le pourcentage de personnes se déclarant végétariennes ou végétaliennes et la proportion de personnes déclarant ne jamais consommer de produits carnés, qui est plus faible. Cette différence de pourcentage entre la déclaration du régime alimentaire et l’acte de ne jamais manger de viande indique que les définitions ne sont peut-être pas toujours claires pour tous, ou alors que certaines personnes se déclarent « globalement » végétariennes ou végétaliennes, mais s’autorisent parfois quelques écarts à leur régime alimentaire. 

A l’échelle mondiale, les proportions de végétaliens et de végétariens restent à peu près identiques entre les différents pays (entre 3 et 10%), sauf en Inde où 14% des personnes se déclarent végétaliens et 26% végétariens[6].

Quelle est l’évolution des régimes alimentaires et de la consommation de produits carnés ?

En 2016, 10% des Français déclaraient envisager de devenir végétariens, chiffre encore plus important en 2021 avec 32% qui se déclaraient (certainement ou probablement) prêt à arrêter de consommer de la viande[7]. Cependant, selon des sondages OpinionWay / Terra eco[8], le nombre de végétariens reste constant en France depuis 2012. 

Pour autant, même si le nombre de végétariens n’augmente pas, on constate en France une diminution constante de la consommation globale de viande entre 1992 et 2018[9]. Ainsi, chaque Français mangeait en moyenne 105 Kgec[10]de viande par an en 1992 contre en moyenne 88 Kgec de viande par an en 2018, soit une diminution de 15% en un peu plus de 25 ans. Il faut toutefois noter que la consommation de viande de volaille est, aujourd’hui encore, en constante augmentation

Une autre étude du CREDOC[11] confirme cette évolution avec une diminution de la quantité moyenne de produits carnés consommés par jour de 153 g à 135 g entre 2007 et 2016, et également une baisse du nombre de fois où de la viande est consommée avec une fréquence de 11.8 repas avec viande par semaine en 2007 et 10.1 en 2016. Cette évolution est plus marquée chez les ouvriers et chez les cadres que dans le reste de la population, mais vraisemblablement pour des raisons différentes.

Enfin, cette étude montre que les 18-24 ans sont les plus grands consommateurs de produits carnés avec 148 g en moyenne par jour[12], alors que dans le même temps, c’est dans cette tranche d’âge que l’on trouve la proportion de végétariens et de végétaliens la plus importante, avec 4 et 6% de déclarés en France[13].

Quelles sont les raisons d’un changement de régime alimentaire ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer un changement de régime alimentaire vers une moindre consommation de viande : économiques, éthiques, de santé, ou encore de goût

Les végétariens et les végans ont adopté un régime sans viande principalement pour des raisons éthiques, et notamment relatives au bien-être des animaux. 

Les flexitariens, quant à eux, ont diminué leur consommation de viande d’abord pour des raisons de santé, puis pour des raisons éthiques (bien-être animal et préservation de l’environnement). Le coût n’est pas une raison prioritaire de diminution de la consommation de viande pour ces deux populations, mais elle peut l’être pour certains omnivores[14].  

Quelles perspectives pour les prochaines années ?

Difficile de répondre à la question des évolutions pour les années futures, mais il est probable que la consommation de viande continue de baisser, et ce quelles que soient les raisons invoquées (santé, finances, environnement, bien-être animal, etc.).

Le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a fait réaliser en 2017 une étude prospective sur les comportements alimentaires à horizon 2025[15] et a produit 16 fiches « tendances et impacts ». La fiche consacrée à la consommation de protéines animales[16] anticipe que la consommation de protéines animales va continuer de diminuer en France, avec une augmentation du flexitarisme et une augmentation de la consommation de protéines végétales (légumineuses, céréales). Elle indique qu’a priori, la consommation d’insectes devrait rester anecdotique en France pour l’alimentation humaine[17]. Enfin, si la consommation de viande de synthèse est relativement médiatisée, elle n’est pour le moment pas autorisée en France et la production n’est pas encore industrialisée. 

La tendance au flexitarisme se confirme dans des sondages plus récents. Selon une étude IFOP et Just Eat[18]réalisée en 2021, 65% des sondés songeaient à adopter un régime flexitarien. Cette tendance pourrait expliquer le développement récent d’une offre de produits végétariens ou végans, ce qui peut donner l’impression d’un nombre important de végétariens et végans stricts alors qu’ils sont au final peu nombreux au sein de la population. En effet, l’institut d’études économiques Xerfi estimait ainsi que le flexitarisme serait l’un des principaux moteurs du marché végétarien et végan avec un potentiel économique à 600 millions d’euros en 2025[19].

Pour résumer


[1] https://report.ipcc.ch/ar6/wg2/IPCC_AR6_WGII_FullReport.pdf

[2] https://www.franceagrimer.fr/Actualite/Etablissement/2021/VEGETARIENS-ET-FLEXITARIENS-EN-FRANCE-EN-2020

[3] https://www.interbev-pdl.fr/_medias/PDLO/documents/cpinterbevcampagnecomcollectivesaison2.pdf

[4] https://www.franceagrimer.fr/Actualite/Etablissement/2021/VEGETARIENS-ET-FLEXITARIENS-EN-FRANCE-EN-2020

[5]https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/62309/document/11_Synth%C3%A8se%20Panorama%20v%C3%A9g%C3%A9tarisme%20en%20Europe.pdf?version=1

[6] https://fr.statista.com/infographie/28645/pourcentage-de-personnes-qui-suivent-un-regime-vegan-ou-vegetarien-par-pays/

[7] http://harris-interactive.fr/wp-content/uploads/sites/6/2021/09/Rapport_Harris_-_Animaux_et_societe_Cetelem.pdf

[8]  https://www.terraeco.net/Sondage-qui-sont-les-vegetariens,64594.html

[9] https://www.agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/Pri2004/Primeur%202020-4%20ConsoViande.pdf

[10] Kilogramme équivalent carcasse

[11] https://www.credoc.fr/publications/les-nouvelles-generations-transforment-la-consommation-de-viande

[12] https://www.credoc.fr/publications/les-nouvelles-generations-transforment-la-consommation-de-viande

[13] https://www.statista.com/forecasts/768475/vegetarianism-and-veganism-among-young-adults-in-selected-european-countries

[14] https://www.franceagrimer.fr/Actualite/Etablissement/2021/VEGETARIENS-ET-FLEXITARIENS-EN-FRANCE-EN-2020

[15] https://agriculture.gouv.fr/comportements-alimentaires-la-france-en-2025

[16] https://agriculture.gouv.fr/telecharger/84019

[17] Les insectes sont considérés comme des aliments depuis janvier 2018 dans la réglementation européenne.  La France n’a toutefois pas encore autorisé la mise sur le marché des insectes comme aliments destinés à l’alimentation humaine.

[18] https://d200r6uh7skyrf.cloudfront.net/articles/57026/cp-datalicious-just-eat-2021-ok.pdf

[19] https://www.xerfi.com/blog/L-alimentation-vegetarienne-et-vegane-un-marche-en-voie-de-democratisation-_910

Les poissons ne ressentent pas la douleur, VRAI ou FAUX ?

FAUX, il a été montré que les poissons sont en mesure de ressentir de la douleur, mais aussi d’autres émotions ! 

On vous en dit plus avec Sébastien Moro, vulgarisateur scientifique dans le domaine de la cognition animale qui s’est particulièrement intéressé aux poissons dans sa BD Les paupières des poissons (aux éditions La Plage) avec Fanny Vaucher.

crédit photo : Morgane Ruiz

« Arrêtons-nous tout d’abord sur quelques points concernant ces animaux que sont les poissons. 

Les poissons s’étendent sur une diversité d’habitats immense. Ils possèdent la plus grande palette de systèmes olfactifs et auditifs chez les vertébrés. Certaines espèces vivent à peine un mois quand d’autres voient s’écouler les siècles. Il existe des poissons de la taille d’un ongle, d’autres d’un autobus. On les pense invariablement pourvus d’écailles, mais plusieurs espèces n’en ont pas.

On en trouve qui produisent de l’électricité ou qui ne peuvent pas respirer sous l’eau ! Les poissons peuvent être ovipares, vivipares ou ovovivipares (ovipares dont les œufs éclosent à l’intérieur du corps maternel) ! Ils peuvent être mâles, femelles, ou les deux, voire changer au cours de leur vie ! Ils peuvent vivre dans l’obscurité glaciale des profondeurs ou dans la chaleur colorée des récifs. Bref, les mondes de ces animaux sont d’une richesse inimaginable.

Cependant, l’univers mental des poissons nous reste encore largement inconnu et beaucoup de découvertes à leur sujet sont extrêmement récentes.

Jusqu’au début des années 2000, le consensus scientifique s’établissait autour de l’incapacité des poissons à ressentir subjectivement la douleur. Cette position s’appuyait sur des données comparatives qui montraient des différences importantes entre le système nerveux des mammifères et celui des poissons.

Mais avant d’aller plus loin, faisons un point sur les mécanismes de la douleur et de son traitement nerveux.

Une réaction physique à un stimulus potentiellement douloureux n’implique pas nécessairement une perception mentale de la douleur[1].

Par exemple, quand un animal réagit à une blessure, il peut le faire par simple réflexe, comme lorsqu’on retire instantanément notre main d’une plaque brûlante. Dans ce cas précis, il n’y a pas de traitement conscient de l’information : on retire la main avant même d’avoir eu conscience de la brûlure. La douleur est un phénomène qui intervient dans un second temps. C’est une information subjective qui n’est pas entièrement transmise par les mêmes fibres nerveuses et qui est traitée par des zones spécifiques du cerveau.

Or, tous ces mécanismes de transmission et de traitement de l’information présent chez les mammifères étaient apparemment absents chez les poissons[2].

D’après les connaissances à disposition à cette époque, il était donc cohérent de penser que les poissons ne ressentaient pas la douleur.

Cependant, de plus en plus d’études montrent la capacité des poissons à ressentir consciemment la douleur…

Depuis une publication phare de 2003 par Lynne Sneddon, Victoria Braithwaite et Michael Gentle[3], qui a mis la question de la capacité des poissons à ressentir la douleur sur le devant de la scène, de nombreuses études se sont penchées sur le sujet, provoquant une grande quantité de discussions et réflexions au sein de la communauté scientifique[4].

Il a depuis été démontré à de nombreuses reprises que les réactions à des stimuli douloureux, chez plusieurs espèces de poissons testées, ne sont pas de simples réflexes[5]. Cette douleur peut influencer l’attention qu’ils prêtent à leur environnement[6] et l’apparition de certains comportements anormaux spécifiques semble cohérente avec l’existence d’une douleur consciente[7].

Ainsi, deux publications de 2006 et 2008 ont montré que les poissons rouges apprennent rapidement à éviter la zone d’un aquarium où ils reçoivent des chocs électriques et que plus les chocs sont importants, plus rapidement ils apprennent et plus longtemps ils s’en souviennent. Contrairement au mythe populaire, les poissons rouges ont une excellente mémoire ! Si l’on ajoute de la nourriture dans cette zone, et que les poissons sont privés d’alimentation, ils vont alors braver les chocs électriques pour s’alimenter. Les poissons semblent capables d’influencer volontairement leur réaction « instinctive » de fuir la zone dangereuse, et ces décisions prennent en compte l’intensité des chocs et leur faim plus ou moins grande[8]. Nous ne sommes donc manifestement pas en présence de simples réflexes, puisque les animaux se révèlent aptes à exercer un contrôle précis et flexible sur leurs réactions.

La douleur, lorsqu’elle est consciente, est un phénomène qui absorbe une grande partie de notre attention et nous empêche de nous concentrer sur ce qui nous entoure. Si un poisson la perçoit d’une manière ressemblante, on pourrait imaginer le même type de perturbation.

Pour tester ça, une autre expérience s’est intéressée à la façon dont la douleur pouvait influencer l’attention des truites arc-en-ciel.

En temps normal, ces animaux sont néophobes, c’est-à-dire qu’ils craignent la nouveauté. Lorsque l’on insère un nouvel objet dans leur bassin, les truites s’en éloignent et le considèrent avec prudence. En revanche, lorsqu’elles sont blessées, elles semblent ne plus du tout le prendre en compte et vont même jusqu’à le percuter en nageant ! En d’autres termes, les truites changent complètement de comportement et agissent comme si elles avaient « la tête ailleurs ». Un point très intéressant, c’est qu’après administration d’un analgésique, tout revient à la normale : les truites évitent à nouveau l’objet[9].

Plusieurs pistes ont également été soulevées pour expliquer comment l’information est transmise et traitée par leur système nerveux, et notamment par des structures homologues entre leur cerveau et celui des mammifères[10].

💡En résumé ! 
Il a été montré que les poissons osseux sont capables de ressentir la douleur de façon consciente et qu’il ne s’agit pas d’un simple réflexe. Cette douleur s’exprime notamment par des réponses comportementales qui témoignent d’un stress et d’une détresse de la part des poissons.  

Les poissons, doués de sensibilité ? 

Vers la fin des années 2010, les recherches vont beaucoup plus loin et se proposent d’étudier les émotions des poissons de manière plus précise et complète. 

En 2018, Marco Cerqueira et ses collègues observent les variations comportementales, cérébrales et physiologiques des daurades selon qu’une situation est positive (nourriture) ou négative (sortie de l’eau) et prévisible (liée à l’allumage d’une lumière) ou imprévisible (sans aucun lien avec l’allumage de la lumière). Ils découvrent que ces facteurs induisent des réactions très différentes chez ces animaux, mais surtout que la perception qu’ont les poissons d’un stimulus environnemental influence leurs états émotionnels. Par exemple, si une situation négative est prévisible, elle produira un niveau de stress plus faible qu’une situation négative imprévisible[11]. Le stimulus extérieur n’est donc pas le seul déclencheur des émotions du poisson, mais sa propre évaluation de la situation pèse également dans la balance !

Puisque les émotions impactent également nos comportements, l’une des manières de les étudier chez les animaux consiste à observer la façon dont elles modifient leurs prises de décision.

Un animal qui vit dans un milieu difficile et se retrouve confronté à de nombreuses expériences éprouvantes aura tendance à éviter de prendre des risques, car à chaque fois qu’il en a pris par le passé, ça s’est souvent soldé par des résultats négatifs. Cet animal développe alors ce qu’on appelle un biais de jugement « pessimiste ».

En revanche, un animal dont la vie se déroule à merveille, les ressources sont abondantes et chaque nouvelle exploration se solde par un succès, aura tendance à facilement prendre des risques, puisque ça lui a toujours réussi jusque-là. Cet animal développe alors un biais de jugement « optimiste ».

Ces biais, communément appelés « biais de jugement », sont à la source de tests très largement employés chez les mammifères, notamment dans les expériences sur le bien-être des animaux d’élevage.

Voilà à quoi pourrait ressembler le protocole si nous en étions le sujet.

Nous apprenons qu’une couleur, disons « vert », correspond toujours à une récompense et qu’une autre, disons « rouge », représente toujours une punition.

Face à nous, un mur percé de 5 portes. Derrière la verte, nous gagnons 100€. Derrière la rouge, nous recevons une gifle. Les portes intermédiaires ont des couleurs en gradient allant du rouge au vert (cf schéma ci-dessous). Nous n’avons aucune idée de ce qu’il y a derrière, nous ne pouvons que le supposer par rapport à ce que nous avons trouvé derrière la verte et la rouge.

En moyenne, la plupart des personnes essayent d’ouvrir les portes en allant de la verte jusqu’à celle du milieu : elles prennent alors des risques modérés. Cependant, un sujet qui a vécu préalablement des expériences négatives aura une plus forte tendance à se cantonner à la porte verte, ou à celle juste à côté de celle-ci. Il prendra moins de risques, il sera plus sensible à l’échec : c’est le biais de jugement pessimiste.

Au contraire, un individu qui vient de vivre des expériences plaisantes aura tendance à prendre plus de risques et s’aventurera plus facilement jusqu’à la porte orange : c’est un biais de jugement optimiste (mais voir[12]).

Des travaux français ont révélé qu’une femelle Amatitlania Siquia (espèce qui vit en couple stable) que l’on met en relation avec un mâle qui ne lui plaît pas, aura tendance à avoir une vie de couple houleuse, un succès reproductif faible et surtout, un comportement général plus pessimiste que si elle peut rejoindre le conjoint qu’elle préfère, pessimisme confirmé par le résultat au test de biais de jugement[13].

Ainsi, par comparaison avec ce qu’on sait des mammifères, cette étude permet de conclure que les poissons sont capables développer des biais de jugement et que leurs émotions vécues influencent leur réaction à des évènements futurs.

💡En résumé ! 
Les poissons sont capables de ressentir des émotions négatives et positives. Ils peuvent même faire preuve d’optimisme ou de pessimisme. Cela influence leur réaction à des événements futurs ! 

Une nécessité de prendre en compte la sensibilité des poissons

Aujourd’hui, un nouveau consensus scientifique prend forme et s’établit sur la capacité des poissons à ressentir la douleur, même s’il nous reste encore beaucoup à comprendre[14]. Nous commençons tout juste à étudier les autres types d’émotions qu’ils pourraient percevoir et les premiers résultats sont fascinants[15]. Dans les 20 dernières années, des aptitudes mentales insoupçonnées ont également été découvertes chez ces animaux.

En effet, nous savons aujourd’hui que certains poissons peuvent faire preuve de self-control[16], évaluer des quantités[17], avoir une excellente notion du temps qui passe[18], utiliser des outils[19], faire attention à leur image[20], manipuler les autres[21], inventer des méthodes de communication inter-espèces[22], chasser en groupe et de manière coordonnée[23] ou encore développer des traditions culturelles[24].

Les poissons n’ont rien à envier aux oiseaux et aux mammifères, primates y compris, si on considère leurs résultats à certains tests cognitifs complexes[25]. Mais malgré cela, nous ne connaissons qu’une infime partie de ce qui peut se passer dans la tête d’une minuscule partie de ces espèces. Il nous reste encore tant de choses à découvrir sur eux[26], tant de mystères fascinants et étranges à explorer chez nos cousins aquatiques.

Chaque année nous tuons (au minimum) entre 1000 et 3000 milliards de poissons pour la pêche commerciale au niveau mondial[27]. En aquaculture, il n’existe aujourd’hui aucune réelle règlementation de bien-être animal au niveau européen[28], ni au niveau national en France. En Occident, les poissons sont majoritairement élevés en systèmes d’élevage intensif[29]. Ils sont de très loin les vertébrés que nous décimons à la plus grande échelle. Espérons que ces découvertes nous permettront d’un peu mieux les respecter et de les protéger avant que les poissons ne disparaissent définitivement de la planète. »

Pour résumer

Pour aller plus loin

Voici quelques planches extraites du livre de Sébastien Moro et Fanny Vaucher Les paupières des poissons (aux éditions La Plage) :

D’après vous les poissons se suicident-ils ?


Un poisson peut-il anticiper une situation à venir et agir en conséquence ?

Pour consulter le site internet de Sébastien Moro.


[1]  Lynne U. Sneddon et al., « Defining and Assessing Animal Pain », Animal Behaviour 97 (novembre 2014): 201‑12, https://doi.org/10.1016/j.anbehav.2014.09.007.

[2] James D. Rose, « The Neurobehavioral Nature of Fishes and the Question of Awareness and Pain », Reviews in Fisheries Science10, no 1 (janvier 2002): 1‑38, https://doi.org/10.1080/20026491051668 ; J D Rose et al., « Can Fish Really Feel Pain? », Fish and Fisheries 15, no 1 (mars 2014): 97‑133, https://doi.org/10.1111/faf.12010.

[3] L. U. Sneddon, V. A. Braithwaite, et M. J. Gentle, « Do Fishes Have Nociceptors? Evidence for the Evolution of a Vertebrate Sensory System », Proceedings of the Royal Society of London. Series B: Biological Sciences 270, no 1520 (7 juin 2003): 1115‑21, https://doi.org/10.1098/rspb.2003.2349

[4] https://www.wellbeingintlstudiesrepository.org/animsent/vol1/

[5] Sarah Millsopp et Peter Laming, « Trade-Offs between Feeding and Shock Avoidance in Goldfish (Carassius Auratus) », Applied Animal Behaviour Science 113, no 1‑3 (septembre 2008): 247‑54, https://doi.org/10.1016/j.applanim.2007.11.004.

[6] Paul J. Ashley et al., « Effect of Noxious Stimulation upon Antipredator Responses and Dominance Status in Rainbow Trout », Animal Behaviour 77, no 2 (février 2009): 403‑10, https://doi.org/10.1016/j.anbehav.2008.10.015.

[7] Lynne U Sneddon, « The Evidence for Pain in Fish: The Use of Morphine as an Analgesic », Applied Animal Behaviour Science 83, no 2 (septembre 2003): 153‑62, https://doi.org/10.1016/S0168-1591(03)00113-8.

[8] Rebecca Dunlop, Sarah Millsopp, et Peter Laming, « Avoidance Learning in Goldfish (Carassius Auratus) and Trout (Oncorhynchus Mykiss) and Implications for Pain Perception », Applied Animal Behaviour Science 97, no 2‑4 (mai 2006): 255‑71, https://doi.org/10.1016/j.applanim.2005.06.018 ; Millsopp et Laming, « Trade-Offs between Feeding and Shock Avoidance in Goldfish (Carassius Auratus) ».

[9] Lynne U Sneddon, Victoria A Braithwaite, et Michael J Gentle, « Novel Object Test: Examining Nociception and Fear in the Rainbow Trout », The Journal of Pain 4, no 8 (octobre 2003): 431‑40, https://doi.org/10.1067/S1526-5900(03)00717-X.

[10] Macquarie University, Culum Brown, et Catherine Dorey, « Pain and Emotion in Fishes – Fish Welfare Implications for Fisheries and Aquaculture », Animal Studies Journal 8, no 2 (1 décembre 2019): 175‑201, https://doi.org/10.14453/asj.v8i2.12 ; Lynne U. Sneddon, « Evolution of Nociception and Pain: Evidence from Fish Models », Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences 374, no 1785 (11 novembre 2019): 20190290, https://doi.org/10.1098/rstb.2019.0290 ; Jakob William Trotha, Philippe Vernier, et Laure Bally‐Cuif, « Emotions and Motivated Behavior Converge on an Amygdala‐like Structure in the Zebrafish », European Journal of Neuroscience 40, no 9 (novembre 2014): 3302‑15, https://doi.org/10.1111/ejn.12692 ; C. Broglio et al., « Hallmarks of a Common Forebrain Vertebrate Plan: Specialized Pallial Areas for Spatial, Temporal and Emotional Memory in Actinopterygian Fish », Brain Research Bulletin 66, no 4‑6 (septembre 2005): 277‑81, https://doi.org/10.1016/j.brainresbull.2005.03.021.

[11] M. Cerqueira et al., « Cognitive Appraisal of Environmental Stimuli Induces Emotion-like States in Fish », Scientific Reports 7, no 1 (décembre 2017): 13181, https://doi.org/10.1038/s41598-017-13173-x.

[12] Paul, Elizabeth & Browne, William & Mendl, Michael & Caplen, Gina & Trevarthen, Anna & Held, Suzanne & Nicol, Christine. (2022). Assessing animal welfare: a triangulation of preference, judgement bias and other candidate welfare indicators. Animal Behaviour. 186. https://doi.org/10.1016/j.anbehav.2022.02.003

[13] Chloé Laubu, Philippe Louâpre, et François-Xavier Dechaume-Moncharmont, « Pair-Bonding Influences Affective State in a Monogamous Fish Species », Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 286, no 1904 (12 juin 2019): 20190760, https://doi.org/10.1098/rspb.2019.0760.

[14] Culum Brown, « Fish Intelligence, Sentience and Ethics », Animal Cognition 18, no 1 (janvier 2015): 1‑17, https://doi.org/10.1007/s10071-014-0761-0 ; Lynne U. Sneddon et al., « Fish Sentience Denial: Muddying the Waters », Animal Sentience 3, no 21 (1 janvier 2018), https://doi.org/10.51291/2377-7478.1317 ; Mendl, Michael & Neville, Vikki & Paul, Elizabeth. (2022). Bridging the Gap: Human Emotions and Animal Emotions. Affective Science. https://doi.org/10.1007/s42761-022-00125-6 ; Pierre Le Neindre et al., La conscience des animaux (éditions Quae, 2018), https://doi.org/10.35690/978-2-7592-2871-3 ; G. J. Mason et J. M. Lavery, « What Is It Like to Be a Bass? Red Herrings, Fish Pain and the Study of Animal Sentience », Frontiers in Veterinary Science 9 (27 avril 2022): 788289, https://doi.org/10.3389/fvets.2022.788289.

[15] Victoria A. Braithwaite, Felicity Huntingford, et Ruud van den Bos, « Variation in Emotion and Cognition Among Fishes », Journal of Agricultural and Environmental Ethics 26, no 1 (février 2013): 7‑23, https://doi.org/10.1007/s10806-011-9355-x ; Chloé Laubu, Philippe Louâpre, et François-Xavier Dechaume-Moncharmont, « Pair-Bonding Influences Affective State in a Monogamous Fish Species », Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 286, no 1904 (12 juin 2019): 20190760, https://doi.org/10.1098/rspb.2019.0760 ;  Ibukun Akinrinade et al., « Oxytocin Regulation of Social Transmission of Fear in Zebrafish Reveals Its Evolutionary Conserved Role in Emotional Contagion », preprint (Animal Behavior and Cognition, 6 octobre 2021), https://doi.org/10.1101/2021.10.06.463413.

[16] Noa Truskanov, Yasmin Emery, et Redouan Bshary, « Juvenile Cleaner Fish Can Socially Learn the Consequences of Cheating », Nature Communications 11, no 1 (décembre 2020): 1159, https://doi.org/10.1038/s41467-020-14712-3.

[17] Christian Agrillo, Maria Elena Miletto Petrazzini, et Angelo Bisazza, « Numerical Abilities in Fish: A Methodological Review », Behavioural Processes 141 (août 2017): 161‑71, https://doi.org/10.1016/j.beproc.2017.02.001.

[18] Lucie H. Salwiczek et Redouan Bshary, « Cleaner Wrasses Keep Track of the ‘When’ and ‘What’ in a Foraging Task1: Cleaner Wrasses Keep Track of the ‘When’ and ‘What’ in a Foraging Task », Ethology 117, no 11 (novembre 2011): 939‑48, https://doi.org/10.1111/j.1439-0310.2011.01959.x.

[19] Culum Brown, « Tool Use in Fishes: Tool Use in Fishes », Fish and Fisheries 13, no 1 (mars 2012): 105‑15, https://doi.org/10.1111/j.1467-2979.2011.00451.x ; Michael J. Kuba, Ruth A. Byrne, et Gordon M. Burghardt, « A New Method for Studying Problem Solving and Tool Use in Stingrays (Potamotrygon Castexi) », Animal Cognition 13, no 3 (mai 2010): 507‑13, https://doi.org/10.1007/s10071-009-0301-5.

[20] S. Tebbich, R. Bshary, et A. Grutter, « Cleaner Fish Labroides Dimidiatus Recognise Familiar Clients », Animal Cognition 5, no 3 (septembre 2002): 139‑45, https://doi.org/10.1007/s10071-002-0141-z.

[21] Redouan Bshary et Alexandra S Grutter, « Punishment and Partner Switching Cause Cooperative Behaviour in a Cleaning Mutualism », Biology Letters 1, no 4 (22 décembre 2005): 396‑99, https://doi.org/10.1098/rsbl.2005.0344 ; Jan Naef et Michael Taborsky, « Punishment Controls Helper Defence against Egg Predators but Not Fish Predators in Cooperatively Breeding Cichlids », Animal Behaviour 168 (octobre 2020): 137‑47, https://doi.org/10.1016/j.anbehav.2020.08.006.

[22] Alexander L. Vail, Andrea Manica, et Redouan Bshary, « Referential Gestures in Fish Collaborative Hunting », Nature Communications 4, no 1 (juin 2013): 1765, https://doi.org/10.1038/ncomms2781 ; Alexander L. Vail, Andrea Manica, et Redouan Bshary, « Fish Choose Appropriately When and with Whom to Collaborate », Current Biology 24, no 17 (septembre 2014): R791‑93, https://doi.org/10.1016/j.cub.2014.07.033.

[23] Redouan Bshary et al., « Interspecific Communicative and Coordinated Hunting between Groupers and Giant Moray Eels in the Red Sea », éd. par Frans de Waal, PLoS Biology 4, no 12 (5 décembre 2006): e431, https://doi.org/10.1371/journal.pbio.0040431 ; Matthew E Arnegard et Bruce A Carlson, « Electric Organ Discharge Patterns during Group Hunting by a Mormyrid Fish », Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 272, no 1570 (7 juillet 2005): 1305‑14, https://doi.org/10.1098/rspb.2005.3101.

[24] Gene Helfman, « Social transmission of behavioural traditions in a coral reef fish », Animal Behaviour 31, n°2 (mai 1984), https://doi.org/10.1016/S0003-3472(84)80272-9 ; Culum Brown et Kevin N Laland, « Social Learning in Fishes: A Review », Fish and Fisheries 4, no 3 (septembre 2003): 280‑88, https://doi.org/10.1046/j.1467-2979.2003.00122.x ; Warner, Robert. (1988). Traditionality of mating-site preferences in a coral reef fish. Nature. https://doi.org/10.1038/335719a0.

[25] Lucie H. Salwiczek et al., « Adult Cleaner Wrasse Outperform Capuchin Monkeys, Chimpanzees and Orang-Utans in a Complex Foraging Task Derived from Cleaner – Client Reef Fish Cooperation », éd. par Elsa Addessi, PLoS ONE 7, no 11 (21 novembre 2012): e49068, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0049068 ; Masanori Kohda et al., « Further Evidence for the Capacity of Mirror Self-Recognition in Cleaner Fish and the Significance of Ecologically Relevant Marks », éd. par Frans B. M. de Waal, PLOS Biology 20, no 2 (17 février 2022): e3001529, https://doi.org/10.1371/journal.pbio.3001529.

[26] Matthew G. Salena et al., « Understanding Fish Cognition: A Review and Appraisal of Current Practices », Animal Cognition 24, no3 (mai 2021): 395‑406, https://doi.org/10.1007/s10071-021-01488-2 ; Becca Franks, Christopher Ewell, et Jennifer Jacquet, « Animal Welfare Risks of Global Aquaculture », Science Advances 7, no14 (2 avril 2021): eabg0677, https://doi.org/10.1126/sciadv.abg0677.

[27] http://fishcount.org.uk/fish-count-estimates-2/numbers-of-fish-caught-from-the-wild-each-year

[28] Eurogroup for Animals (2018). Looking beneath the surface : Fish welfare in european aquaculture

[29] https://www.fao.org/documents/card/en/c/cc0461en